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battre des colles. Une vieille chanson lyonnaise a pour refrain :

Ah, du moins, faudrait pas,
Nicolas,
Tant nous battre de colles !

Elle ferait battre quatre montagnes. Se dit d’une de ces femmes cancannières qui inventent des choses pour brouiller les gens, puis qui les montent les uns contre les autres, enfin qui feraient battre quatre montagnes, quoi !

Elle ferait battre la sainte Vierge avec saint Joseph. Même sens.

Battre sur bois, terme de canuserie. — Pour régulariser la réduction d’une étoffe, on place contre les pieds de métier de devant deux taquets de bois contre lesquels le battant vient battre lorsqu’il a suffisamment serré la trame. De cette façon, un coup plus fort que les autres ne risque pas de trop serrer la trame sur un point. C’est ce qu’on appelle battre sur bois. Ceci n’existait pas et ne pouvait exister de mon temps, où l’on n’usait pas du régulateur qui fait enrouler l’étoffe juste de l’épaisseur du dernier coup de trame.

BATTUE, s. f. — Babeurre. Ce mot fixe l’étymologie de babeurre, dans lequel les uns lisaient bat-beurre, d’autres bas beurre et d’autres beurre, avec préfixe péjoratif ba. Battue, par analogie, indique, bat-beurre.

BATTURE, s. f. — Batterie. — Vieux franç. batteure, de battre. On le trouve encore dens Cotgrave (1673).

BAU, s. m. — Bail. — S’emploie toujours en le faisant suivre de de loyer. — J’ai fait un bau de loyer avè mon propriétaire. Bail est inconnu.

BAUCHE CAMINANTE. — Jeu des gones. Ital. boccia caminante, boule qui chemine. Le mot primitif a dû être boche, auquel bauche, boule en vieux lyonnais, a été substitué.

BAUCHER, v. a. — Baucher une boule, Le tirer, la poquer en lançant sa boule contre elle. Baucher en place, c’est lorsque la boule lancée prend la place de la boule tirée. — Du vieux lyonn. bauche, boule, mot qui existe encore dans la Suisse romande et qui n’est autre que le vieux haut allem. balco, poutre, devenu boule par dérivat. de sens, comme du verre est devenu un verre, et un sapin un fiacre.

Être bauché en place, Être stupétait, ne savoirque dire. En effet, que peut bien dire la boule quand elle se voit bauchée en place ?

BAUCHES, s. f. pl. — Tiges et feuilles des plantes potagères, par opposition à la partie comestible. — Reporte au latin du moyen âge balcha, lui-même probablement identique à blaches, plantes marécageuses, dont on retrouve le radical dans le celtique et dans les langues germaniques.

BAUME, s. m. — Nous appliquons ce mot à la plupart des menthes.

Baume de savetier, Plante de basilic ; ocymum. La plupart des regrolleurs tiennent en effet à honneur d’avoir un pot de basilic.

BAVARDS. — Les bavards de Confort. C’étaient les bras-neufs qui s’assemblaient autrefois à Lyon, devant Notre-Dame de Confort, pour faire la causette. Je crois bien que nul ne s’en souviendrait si Rabelais n’avait nommé les Baveres de Confort, qu’il devait d’autant mieux connaître que c’était sur la place de Confort qu’était le magasin de son libraire François Juste. Il y a quarante ans en çà, les bavards se réunissaient encore sur les cadettes de Bellecour. Aujourd’hui, ils sont tous à la Chambre ou dans les réunions publiques.

BAVAREAU, s. m. — Bavette. — Mets don son bavareau à ton miaillon.

BAVASSER, BAVER, v. n. — 1. Babiller. Bavarder. — Vieux franç. « Ie dis vray, nou pas tout mon saoul, mais autant que ie l’ose dire ; et l’ose un peu plus en vieillissant, car il semble que la coustume concede à cet aage plus de liberté de bavasser… » (Mont.)

2. Pleurer. Baver comme un escargot, Pleurer abondamment. As-te vu la Catiche à son mariage ? Quand i z’ont étendu le panaire sus le chignon, elle bavait comme n’escargot.

BAVE. — Tomber en bave, S’anéantir. « Faut que je vous relise, Messieu, de la crainte que vous n’avez de me n’ingra-