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BASSIEUX, s. m. — Terme méprisant qui s’applique de préférence aux jeunes gens. Homme sans consistance. La petite Colarde, qui avait quinze ans, disait toujours qu’elle ne voulait pas épouser un bassieux, mais un homme sérieux, rassis. De quel âge, fis-je ? — Je veux qu’il ait au moins dix-huit ans. — Vieux franç. bassier, enfant, pupille, dérivé de bas.

BASSIN, s. m. — Poche ou casse en cuivre, avec laquelle les ménagères puisent l’eau dans le seau, et dont l’extrémité est recourbée, afin de pouvoir la suspendre. En partie toutes les bonnes boivent au bassin ; paresse de mettre l’eau dans un verre. Et c’est désagréable quand elles ont des boucharles.

BASSINET. — Cracher au bassinet, Poner, donner de l’argent. Métaphore tirée du service du mousquet, alors qu’il fallait mettre pour amorce un peu de poudre au bassinet, dont on fait ici une équivoque avec le bassin que l’on promène dans les quêtes. Quand M. X…, le riche fabricant, qui n’attache pas ses chiens avec des saucisses, maria sa fille, on passa le contrat chez M. Berloty. Papa, faisait le gendre après la signature, en tapant sur la cuisse de son beau-père, Papa, c’est le coup de cracher au bassinet !

BASSOUILLE, s. f. — C’est la boue la plus claire. Nous avons ensuite la gassouille, le gabouille, la patrouille ; lorsqu’on se mouille on se benouille ; quand on marche dans l’eau, on gaffouille, et quand on la brasse, on gadrouille. La piautre, la margagne sont d’autres qualités de boue. Quel riche climat ! — Subs. verbal de bassouiller.

BASSOUILLER, v. n. — Patauger dans la bassouille. — Du franç. souil, lieu bourbeux, plus le préfixe péjoratif bas. D’où souiller et bassouiller.

BASSOUILLON, s. f. — Soupe trop claire. « Que le nous fan mingi, après, leur bassouillon, » dit la Bernarde, la lavandière, des dames de Lyon au XVIIe siècle.

BATACLAN. — Le bataclan du merlan, Bataclan de mince valeur.

BATAFI, s. m., terme de batellerie ; BOUTAFI, terme de maçonnerie. — Bout de corde mince qui sert à relier deux câbles. Gare au batafi ! dit-on parfois au gone indocile. — Batafi est le frère du prov. matafièu, même sens, de matta, assujettir, et fièu, fil. Boutafi est composé de bouter et fil.

BATAILLARD, DE, s. — Batailleur, euse. La finale ard a un caractère péjoratif.

BATAILLER, v. n. — Lutter contre les difficultés. Je suis depuis une heure à batailler pour ranger mon remisse. — Il est au Dict. de l’Acad., mais si oublié qu’un docte professeur de l’Université, qui a bien voulu me communiquer quelques lugdunensismes colligés par lui, l’e fait figurer parmi eux.

BATELIÈRE, s. f. — 1. Les petits bateaux lyonnais nommés bèches étaient exclusivement conduits par des batelières, dont Walpole au XVIIIe siècle, Mazade d’Avaize sous l’Empire, et M. de Fortis sous la Restauration, ont vanté la vertu et la beauté.

2. Chapeau de paille rond, à bords très larges et souples, attaché par un ruban noué sous le menton, que portaient autrefois les batelières de la Saône. Le chapeau de batelière s’est transformé en batelière tout court.

BÂTET, s. m. — Petit sac de paille, dont les porteurs de benots aux vendanges, les manœuvres, les sablonniers se coiffent, en le laissant retomber sur leurs épaules, pour que celles-ci ne soient pas froissées par le fardeau. Diminutif de bât.

BÂTIR. — Bâtir en façade, Prendre du bedon.

BAT-LES-ŒUFS, s. m. — Niais, lourdaud, qui s’amuse de rien. Je ne saisis pas l’ironie, car enfin battre les œufs pour l’omelette n’est point besogne stérile. Je comprendrais plutôt qu’un bat-les-œufs, c’est un broubrou, un bouligant.

BÂTON. — Bâton de rogations, Bâton très long, terminé en haut par une pomme, auquel on attache un bouquet de fleurs des champs, et que portent, aux processions des Rogations, des « officiers » chargés de surveiller l’ordre, et qui ont passé une aube par-dessus leurs vêtements. — Au fig., un homme mince et très grand, comme qui dirait un dépendeur d’andouilles.