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Cela ne se dit pas du Musigny, des grands Sauterne, etc.

C’est du vin qu’il faut être trois pour le boire. Parce qu’il faut qu’il y en ait deux pour tenir l’autre pendant qu’il boit, afin qu’il ne fasse pas de malheur en se débattant.

Vin de Nazareth. Voy. Nazareth.

Vin cuit, Confiture de ménage qui se prépare en faisant bouillir une marmitée de vin nouveau, dans laquelle on fourre, avec de la castonade, toute espèce de rafatailles : quartiers de poires véreuses, de coings, de pommes vertes ; force taillons de courles, de corces de melon, enfin tout ce qui ne peut se manger cru. Cette confiture, qui sert surtout pour les goûters des enfants, fait beaucoup d’abonde. À Paris, ils appellent cela raisiné, pour autant qu’on n’y met pas de raisin.

VINAIGRE, s. m. — Débit de vins. Nous cassions la graine, tous deux Melachon, dans un petit vinaigre, quand je l’ai vu passer.

Habit de vinaigre. Voy. habit.

VINDÈME, s. f. — Vendange. — De vindemia.

VIOLON. — Des dents comme des chevilles de violon. Voy. dent.

VIOLONANT. — C’est violonant, C’est en.… nuyeux, c’est embarrassant. — Se dit des personnes aussi bien que des choses. Ce monsieur est violonant. — On a considéré le violon comme exerçant sur les nerfs une action désagréable. On emploie aussi, mais plus rarement, le verbe violoner. Il m’a violoné avec ses radotances.

VIREBROQUIN, s. m. — Vilebrequin. L’l s’est facilement changée en r sous l’idée de virer.

Virebrequin serait le vrai terme, d’après M. D. ; l’on dirait vilebrequin comme on dit collidor.

VIREGOSSE, s. m. — Nom donné aux carrousels ou chars tournants dans les vogues. — Nous ne connaissons pas le mot parisien de gosse, gamin. Le mot de viregosse, littéralement « qui fait virer les gosses », aura été créé par quelque bel esprit, retour du service militaire.

VIRER, v. n. — Tourner. — Il est français, mais il s’emploie seulement dans quelques expressions : virer et tourner; virer de bord. Nous l’employons au contraire dans tous les sens de tourner.

Virer de l’œil, terme bas, Mourir.

VIRICE, VERICE, terme de batellerie. — D’après Mazade d’Avaize, c’était le nom donné à la corde qui servait à haler, à l’aide d’un cheval, les petits bateaux nommés bèches. Une personne très digne de foi l’a recueilli sous la forme de verice, avec le sens de corde de halage en général (ce qui sert à faire virer le bateau, et, par extension, à le tirer).

VIROLET, s. m. — 1. Jouet d’enfant, Petit disque d’os ou de bois traversé par un axe, auquel on imprime, avec le pouce et l’index, un mouvement de rotation. — Formé sur virole.

2. Parlant par respect, très vilain terme. Le sens 1 n’est pour rien dans l’origine. Le mot vient du bas limousin, où virol signifie os sacrum. Virol est tiré du provenç. vira, virer, parce que les mouvements du tronc se produisent ou sont censés se produire sur cette articulation. D’os sacrum, le sens a passé à un objet voisin et pire.

VIS-À-VIS. — Ne doit jamais s’employer pour à l’égard de ou envers, Molard le fait remarquer avec raison. C’est pourtant une des fautes les plus fréquentes chez les littérateurs modernes. Les académiciens eux-mêmes ne s’en privent pas, et je me souviens d’une pièce, insérée au Journal Officiel au 6 septembre 1880, où M. de Freycinet déclare fièrement que « le gouvernement n’a pris vis-à-vis du Vatican, ni vis-à-vis du nonce apostolique, ni vis-à-vis de personne, aucun engagement relatif à l’exécution des décrets ».

VISAGE. — Le gros visage. Voy. gros.

Un visage comme un c.. de pauvre (parlant par respect). Voy. c..

VISITE. — Rendre une visite comme un lavement, c’est-à-dire en se pressant trop (on sait que les lavements sont pressés). Tel est le cas, par exemple, pour une visite de digestion rendue le lendemain du diner.

Une visite en courant d’air, Une visite où l’on ne s’arrête presque pas. Ce sont