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dont les écritures laissent à désirer pour la bonne tenue. Élégant calembour sur partie double.

TROUFIGNON, s. m. — Pouah ! Fignon est probablement une spirituelle approximation pour final, à moins que ce ne soit une spirituelle approximation pour finet, de fin.

TROUILLANDIER, s. m. — Le meunier du moulin à huile. — De trouille, avec un suff. andier, par analogie avec dinandier, taillandier.

TROUILLE, s. f. — Tourteau de noix qui sert à fumer les vignes. On s’en sert aussi pour la nourriture des chats, mais nous avions remarqué que cela leur faisait venir de la rogne aux oreilles. — Substantif verbal de trouiller.

TROUILLÉE, s. f. — Pressée de vin, d’huile, etc.

TROUILLER, v. a. — Presser, en parlant du raisin, du chènevis. — De torculare, presser à l’aide du pressoir.

TROUSSEAU, s. m. — Molard fait remarquer que c’est par un abus de termes que l’on dit trousseau pour le linge, les langes, et tout ce qui est destiné à un nouveau-né, et qu’il faut dire layette. Ces exigences minutieuses sont assez puériles, d’autant plus que la signification primitive de layette étant caisse, le mot n’est pas bien approprié à des hardes, etc. Préparer une layette pour un nouveau-né, c’est l’analogue de cette phrase : préparer une malle pour la mettre à la lessive.

TROUSSE-PETS, s. m. — Se dit d’une fillette de quatorze ou quinze ans. Il est venu un trousse-pets de chez Mme  Caléchard pour apporter la cacaruche de Madame. — Pourquoi cette expression ? À cet âge trousse-t-on mieux les choses que plus tôt ou plus tard ? — Je l’ignore.

TROUVER. — Quand vous vous trouverez d’aller à Lyon, n’oubliez pas de m’apporter des bésicles. Locution peu académique, mais constamment employée.

Je l’ai trouvé sorti. Littré approuve cette façon de parler (!!) Pourtant s’il était sorti, je ne l’ai pas trouvé, sûr !

TRUFFE, s. f. — Pomme de terre. Va-t-en chercher pour deux sous de truffes frites chez le friseur. Même sens en Dauphiné : « Apprête la salade — De truffes avec de choux, » dit Blaise, le savetier. Le brave Molard, toujours bien « documenté », définit notre truffe : « Plante farineuse (!). On l’appelait autrefois ainsi (!!), mais depuis quelque temps (!!!) on la nomme Pomme de terre. »

TRUFFIER, s. m., terme très péjoratif. — Se dit de quelque personnage grossier, de sentiments bas. Le Figaro ayant ouvert récemment parmi ses lectrices un plébiscite pour décider quel était la moins flatteuse de ces trois dénominations : Pignouf, pigne-c… et truffier, la grande majorité se prononça pour truffier. — De truffe, au sens français. Truffier, animal à truffes, c’est-à-dire, parlant par respect, un cayon.

TUBE, adj. des 2 g. — Être tube, Être gonfle d’avoir trop mangé. Dans un grand diner, la maîtresse de maison : Monsieur Anthénor, prenez donc des truffes frites !Anthénor : Ah ! Madame la comtesse, je voudrais bien, mais j’ai déjà mangé tant de gonfle-b… que j’en suis tube ! Les personnes qui tiennent à parler très purement disent : Je suis tubé. — Adj. verbal de tuber. Sur la formation, voy. arrête.

TUBER, v. a. — Météoriser, en parlant de bestiaux qui ont mangé du trèfle vert ou mouillé. Se tuber, en parlant des personnes, Manger énormément, de façon à être tout gonfle.

TUER. — Il ne faut pas tuer tout ce qui est gras, Pour dire qu’il ne faut pas tout manger en un jour, mais garder quelque chose pour le lendemain. On le dit aussi à propos de toute chose exagérée. Il y a des mères qui forcent leurs enfants au travail. La mienne m’aimait tant que, si elle me voyait travailler avec un peu d’assiduité : Allons, me disait-elle, il ne faut pas tuer tout ce qui est gras, va t’amuser.

TUILIÈRE, s. f. — Tuilerie.

TUNE, s. f. — Faire la tune, Bambocher, faire la débauche. Subst. verbal de tuner.