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AVARICE. — Crève l’Avarice ! Exclamation que l’on pousse lorsqu’on se livre à quelque acte d’excessive prodigalité. J’ai acheté à ma femme pour ses étrennes une coiffe de quinze sous. Crève l’avarice !

AVARO, s. m. — Galop, danse, semonce.

AVEINDRE, v. a. — Atteindre. Poulotte, fais-me don passer le thomas. — Je peux pas y aveindre. — D’advenere pour advenire.

AVIS. — Je copie Arm. Fraisse : « À Lyon, on prononce généralement l’s. C’est une faute, disent les dictionnaires. Mais pourquoi est-ce une faute ? et où se trouve la règle invariable de la prononciation ? Est-ce que la prononciation parisienne doit être imposée à toute la France ? Que la syntaxe et l’orthographe soient unes et invariables partout dans un même pays, rien de plus nécessaire. Mais vouloir établir des règles de prononciation uniforme par toute la France, c’est aussi absurde que si l’on voulait établir partout la même température. Gardons notre accent et ne soyons point des perroquets. Est-il rien de plus ridicule qu’un provincial qui, revenant de Paris, essaie de prendre l’accent parisien et ne réussit qu’à faire lever les épaules à ceux qui écoutent son charabia ? »

AVISER, v. a. — Regarder, apercevoir. On le trouve dans Molière : « Car, comme dit l’autre, je les ai avisés le premier, avisés le premier je les ai. » — De ad-visare pour ad-visere.

AVOCAT. — Avocat de plate, Lavandière. — Parce que, ainsi que les avocats, elles ont le don de l’éloquence.

AVOINE DE CURÉ. — Poivre. Même expression en provençal, Civado de capelan.

AVOIR. — Avoir à aller. — Je m’ensauve, j’ai beaucoup d’endroits à aller.

Avoir beaucoup de dîners. — J’ai eu tellement de dîners ce carnaval que ça m’a mis le ventre en liaque.

Avoir du poil aux dents. Se dit d’un brave qui ne commence à trembler que lorsqu’il voit sa tête à quinze pas devant lui. C’est très rare d’avoir du poil aux dents, les physiologistes l’ont constaté. Aussi y a-t-il des mal embouchés qui remplacent le mot de dents. Mais ce sont façons de parler qui ne sauraient trouver place dans un honnête dictionnaire comme celui-ci.

Avoir le poil à quelqu’un. — Avoir le dernier dans une contestation. Nous ons joué aux dominos, moi Flaquet, toute l’après-dinée, mais j’ai fini par lui avoir le poil. — De ce que, lorsqu’on se prend aux cheveux, c’est celui à qui il en reste le plus dans la main qui est vainqueur.

Avoir quelque chose devant soi. — Voyez Avances.

Avoir une dent qui manque. — J’ai un marteau qu’est gâte et une dent d’en bas que me manque. — Extraordinaire ! car enfin si ma dent manque, je ne dois plus l’avoir !

Avoir s’emploie pléonastiquement au début d’une phrase. — M. Culet : Y a le petit Culet qui n’a que treize ans, qu’il est déjà en neuvième au collège. — M. Lantibard : Faut qu’il oye beaucoup des moyens. On emploie souvent la 1re personne du pluriel : Nous avons en partie tous les grands savants que sont un peu couyons. Ou la 3me du singulier : Y a M. Melachier qu’a monté une épicerie.

AYU, part. passé d’avoir. — Elle a-t-ayu vingt ans à la Saint-Fiacre. Manière de rompre l’hiatus, qui remonte au temps où l’on prononçait é-ü. Elle a é-ü, quelle cacophonie ! elle a-t-ayu, quelle musique !


B

B. — Marquée aux trois b (belle, bonne, bête). On dit que c’est la femme la plus enviable.

BABO, s. m. — Léger mal. Un de mes camarades allait pour se marier, lorsqu’on crut devoir l’avertir que sa prétendue était à la tête de deux enfants. Il chargea un ami de se renseigner. — Il n’y a pas tant de babo qu’on disait, fit celui-ci en revenant, il n’y en a qu’un. — Mot enfantin comme bobo.

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