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TRABOULER, v. n. — S’emploie seulement dans l’expression Une allée qui traboule, Une allée de traverse. J’avais cru le mot tiré de l’argot, mais il est bien lyonnais. — De tra (trans) et bouler, rouler, Allée qui traboule est pour allée par où l’on traboule, comme allée qui traverse pour allée par où l’on traverse.

TRACOLE, s. f. — Loquet. — De tra (trans) et du patois cola, couler. Comp. le patois trocola, piège à trappe pour prendre les oiseaux.

TRAFIC, s. m. — Mener un trafic, Faire du bruit, du boucan, du remuement. I n’ont mené un trafic pour cette noce ! — Dans toutes les langues, trafic ou son équivalent a été pris au fig. pour mouvement, bruit.

TRAFIQUER, v. n. — Remuer, ravauder, bourlayer. Voy. trafic.

TRAFUSER, v. a., terme de fabrique. — Accomplir une opération qui consiste à mettre un matteau à une cheville, et, plaçant les deux poings à l’intérieur du matteau, à lui imprimer des secousses et un mouvement de rotation qui a pour but de séparer les flottes. On subdivise ensuite la flotte en flottillons (voy. ce mot), afin de faciliter le dévidage. — De tra (trans) et fusare, répandre.

TRAFUSOIR, s. m., terme de fabrique. — Arbre vertical portant des chevilles pour trafuser la soie.

TRAFUTER, v. n. — Même sens que trafiquer, dont il est peut-être une dérivation fantaisiste.

TRAILLE. — Manquer la traille, Manquer l’occasion favorable. Comp. manquer le coche.

TRAIN. — Faire du train, Faire du boucan, du bruit, On dit aussi faire le train. Le chien a fait le train cette nuit.

TRAÎNARD, DE. — Nous l’employons comme adjectif. Un ton traînard.

TRAÎNASSE, s. f. — 1. Nous donnons ce nom à divers végétaux dont les tiges traînent sur le sol. Ce sont la renouée des oiseaux, polygonum aviculare ; une graminée dénommée l’argrostis, et l’ers, ervum hirsutum.

2. Terme de construction. Se dit d’une gaine horizontale, placée dans le sol, pour aller chercher une gaine montante, comme cela se pratique des fois pour des fourneaux isolés du mur.

TRAÎNE-FESSES, s. m. — C’est le nom qu’au début le populaire donne aux tramways, mot qui avait, surtout à la lecture, un caractère étranger et bizarre. Mais petit à petit la forme tramevet, très euphonique et très élégante, a pris le dessus. Sans compter qu’au moins de cette manière l’on parle français.

TRAIN-TRAIN. — Mener son petit train-train, Continuer le courant d’une vie modeste. Train-train, par l’allongement même, est le diminutif de train.

TRAITER, v. a. — Traiter quelqu’un, Le recevoir, lui offrir à diner. — Analogie avec traiteur. Traiter : faire à l’instar des traiteurs.

Les médecins l’ont traité pour une fluxion de poitrine. Paraît qu’il faut dire : D’une fluxion de poitrine. Ça me semble bien refendre les cheveux de vierge en six.

TRALALA, s. m. — Le grand Trulala des Indes. Se dit de quelque chose d’extraordinaire, pour lequel on a tout mis sens dessus dessous, d’une fête à tout casser. — C’est pas une noce qu’i n’ont fait pour Mlle  Gouliasson, c’est le grand tralala des Indes.

TRAME. — Trame tirante, Défaut à la pièce du canut, déterminé par un coup de navette où la trame, ayant rencontré quelque difficulté pour se dérouler, a trop tiré. On corrige le défaut en coupant adroitement la trame au cordon, et en desserrant l’étoffe avec l’ongle.

TRAMEVET, s. m. Voy. traîne-fesses.

TRAMPALER, v. n. — Tituber. C’est z’un homme qui boit ses six pots sans trampaler. Pour tituber, la langue lyonnaise est très riche : trampaler, balmer, zigzaguer, faire des esses, aller de gaviole. — C’est la forme urbaine du patois trampalô, même sens, d’un radical germanique qui signifie piétiner. Y avait de l’eau dans le vin, l’autre