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de pain en forme de petites chandelles, et se les colla sous les narines. C’était si bien imité que j’en faillis rendre mon royaume. Ce qui me remit, c’est qu’aussitôt, une petite demoiselle, feignant un grand mal de cœur, prit des coquilles de marrons rissolés, et appuyant contre le mur sa tête posée sur sa main, les écrasa du pied après quelques hoqutls. Chacun garait le bas de ses pantalons ou de ses jupes. On fit beaucoup d’autres tours dont le détail serait trop long. — Les personnes qui ont ces genres de talents sont toujours les bienvenues dans une société choisie, car cela est plus agréable que d’entendre une jeune personne cochonner au piano la Prière d’une Vierge.

TALER, v. a. — Meurtrir par le frottement. Une dame dira très bien : J’ai fait une grande course à cheval, et je suis talée en plusieurs endroîts (ne pas confondre avec je suis t’allée en plusieurs endroits). Bescherelle donne le mot, mais Littré, l’orgueilleux, n’en a point voulu. — Du vieux haut allemand zâlôn, déchirer ; latin du moyen âge, talare.

TALOCHE, s. f. — Galoche. — De talum, pied, avec le suffixe oche, par analogie avec galoche, filoche, bamboche.

TALON. — La voiture des frères Talon. Voyez casse-talon.

Toucher talon. Voy. défendre.

Avoir les talons courts. Se dit d’une personne qui tombe facilement à la renverse.

Talon, s. m., terme de canuserie, Corde d’une espèce de bascule. Voy. sous bascule.

TAMBOUR, s. m., terme de pliage. — Engin circulaire à clairevoie, formé de bandes de bois, et placé horizontalement. Après que la chaîne a été ourdie, on l’enroule sur le tambour afin de la plier, c’est-à-dire de la faire passer du tambour sur l’ensouple du métier, en donnant aux fils la tension voulue.

On donne aussi quelquefois le nom de tambour à l’engin vertical de même nature qui compose la partie essentielle de l’ourdissoir, et auquel on applique plus ordinairement le nom même d’ourdissoir.

TAMPER. — Voy. étamper. Se tamper, S’arc-bouter, s’appuyer pour faire effort.

TAMPONNE, s. f. — Débauche, ribotte. Faire la tamponne, S’enivrer. — Je crois l’origine italienne : far tempone, même sens : mot à mot « faire le temps long ». Nous devrions avoir timpone, mais le mot a été influencé par tampon : se tamponner l’estomac.

TANNER, v. a. — Vexer, tourmenter, fatiguer par des importunités. C’te Mme Pistonneux est-elle tannante ! Elle veut toujours que je lui fasse des politesses ! — C’est le franç. tanner au fig. Il était déjà usité au moyen âge : « Quar le resveil — Me tanne assez quand je m’esveil, » dit le bon Rutebeuf.

TANT. — Tant qu’à moi pour Quant à moi, — Simple métathèse.

Tant qu’à faire pour À tant faire. — Construit par analogie avec tant qu’à moi.

Le tant pour cent est blâmé par Humbert qui dit : « Tant n’est jamais substantif. » C’est pourtant la qualification que lui donne Littré. Le tant pour cent est d’ailleurs une expression commerciale admise, et qu’il est même parfois impossible de remplacer : Le tant pour cent des agents de change. — À moins que vous n’employiez l’horrible barbarisme pourcentage, que Littré définit précisément par : Le tant pour cent.

Tant qu’à tant, Sans s’arrêter, sans discontinuer, tant que l’on peut. Expression originairement patoise qui s’est introduite à Lyon. — De tantum quantum, et par métathèse tanquetan, tanqu’à tant.

Tant que dure dure, même sens.

Tant que la barbe en fume, même sens. Voy. fumer. Le fait est que lorsque la barbe en fume, il serait dangereux d’aller plus loin.

TANTOT, s. m. — L’après-midi. Nous irons vous voir ce tantôt, cette après-midi. Mon vieil oncle roupille tous les tantôts, C’est une bizarre dérivation de sens.

TAPE, s. f. — Jeu des gones. Jouer à la tape.

TAPÉ. — C’est tapé ! Exclamation de grande admiration qui se dit devant une belle œuvre. J’étais un jour à table à côté d’une aimable dame. La conversation se porta sur le poète Musset. — Musset, c’est tapé ! me dit-elle.