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SAUCÉE, s. f. — 1. Action de secouer quelque chose dans un liquide.

2. Se dit d’une forte pluie que l’on a reçue. En revenant de Sainte-Foy, nous ons reçu une bonne saucée.

SAUCER, v. a. — 1. Tremper dans la sauce. Sauce don ton pain dans la quindure !

2. Secouer dans un liquide. Je suis allé me saucer aux bèches.

SAUCETTE, s. f. — Trempotte dans du vin. Faire une saucette, tremper dans du vin, généralement sucré. On dit de préférence, Faire une socane.

SAUCISSES. — Ne pas attacher ses chiens avec des saucisses. Voy. chien.

SAUCISSONNIER, s. m. — Se dit quelquefois en manière de plaisanterie pour charcutier.

SAUFRE, prép. — Saufre votre respect, Sauf votre respect. C’est ainsi que disent quelques personnes qui tiennent à parler français. Nous autres simples, disons toujours, à la lyonnaise, parlant par respect.

SAULÉE, s. f. — Lieu planté de saules. Les saulées d’Oullins. — De saulaie, par substitution de suff. Saulaie avait été lui-même substitué à saussaie dont le sens étymologique n’était plus compris, et qui semblait être un dérivé de sauce.

SAUME, s. f. — 1. Ânesse. — 2. Au fig. Femme stupide. « Le peste de la saume et de qui l’a bâtée, » lit-on dans la Bernarde. — Du bas latin salma, qu’on trouve pour sagma, bât ou paquet qu’on place sur le bât.

SAUMÉE, s. f. — La même chose que l’ânée (Voy. ce mot). Une saumée de sel, une saumée de vin. Ce mot, déjà rarement usité dans mon enfance, est tombé en désuétude. — De saume, comme ânée, d’âne.

SAUT. — Faire un saut jusque chez quelqu’un, Y donner un coup de pied.

SAUTER. — Ma femme a cassé ma grande glace ; c’est six francs qui me sautent au cou. Très expressif.

SAUTERELLE, s. f., terme de construction. – Équerre formée de deux branches mobiles et qui sert à relever et à rapporter les angles qui ne sont pas droits. On dit aussi fausse équerre. — Les deux branches mobiles ont été comparées aux pattes d’une sauterelle.

SAUVAGEON, s. m. — Bâtard. On connaît pas ses père et mère : c’est un sauvageon. — L’idée, très pittoresque, est que le sacrement n’a pas été greffé sur la souche.

SAUVAGER, v. a. — Faire sauver. Sauvage don ce chat, qui va manger ton canari ! — Dérivé non de sauvage, mais de sauver (faire sauver), influencé par sauvage.

SAUVER (SE). — Mon lait qui se sauve ! Qui va au feu. Très usité.

SAVATER, v. a, — Savater un ouvrage, Le gâcher, l’abimer.

SAVETIER, s. m. — 1. Alouette de savetier. Voy. alouette.

2. Coléoptère qu’on rencontre souvent dans nos jardins et dont j’ignore le nom. Il est plat, avec des élytres rouges, tachetées de noir. Je ne vois pas ce qui a pu motiver le nom.

SAVOIR. — Savoir mal, v. imp. Éprouver du chagrin par suite du manque d’une personne ou d’une chose. Il sait mal au Tienne d’avoir quitté les cotillons de sa m’man. Cette dérivation du sens de savoir est très curieuse.

On vous fait à savoir !… Cri du crieur public. Voy. sous faire.

On vous le saura à dire. Voy. dire.

Te sais pas. Formule de rigueur qui précède l’annonce de toute nouvelle intéressante. Te sais pas, y a mame Riclon qu’a mis au levain. Il est vrai qu’on peut, aussi bien que le négatif, employer l’affirmatif. Te sais ou Vous savez, lors même que l’interlocuteur ne sait pas un traitre mot de la chose. Te sais, y a Roupinet, à la manifestance, que s’est fait flanquer à la Cave… Vous savez, y a le pauvre M. Pourille que s’est fait une forçure au cropion, qu’i peut remuer ni pied ni patte. Mais on n’emploie pas la formule Vous ne savez pas. Pourquoi, vous ne savez pas ; ni moi non plus.