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D’où romieuyage, converti en remuage, sous l’influence de remuer.

2. Déménagement. Nous sommes en remuage ; c’est un capharnaüm.

REMUÉ. — « Il est remué de germain ; dites issu de germain. » (Molard.) — Cependant l’Académie (1798) le donne, avec la mention de « populaire ». — Expression ancienne : « Mon cousin remué d’une bûche, » dit Bouchet, à moins que ce ne soit Béroalde, à moins pourtant que ce ne soit un autre.

REMUER, v. n. — 1. Déménager. — Dérivation du sens français.

2. Se dit, suivant Gras, du lait qui a brûlé. Je n’ai pas eu occasion de l’entendre mais je ne doute pas que Gras ne soit exact. — C’est rimer (voy. ce mot), transformé en remuer sous l’influence de ce dernier mot.

RENARD, s. m., terme de maçonnerie. — C’est le nom donné à un moellon appendu à l’extrémité d’un cordeau horizontal et passant par-dessus un appui quelconque. Le renard en tirant fait tenir le cordeau tendu. — On a vu dans le moellon l’image d’un renard guettant.

On me signale l’existence dans le Lyonnais d’une acception de ce mot que je ne connaissais que dans le parler dauphinois. C’est le palonnier qui sert à tirer la charrue, la herse ou quelque chariot rustique. De rain, branche, en ancien français, plus le suffixe ard, on a eu rainard, transformé en renard, encore bien que le palonnier n’ait aucun rapport avec un renard. Sur la formation, comparez palonnier, de pal, pieu, barre.

1. Faire le renard, Faire peter l’école, suivant Molard. Métaphore très bien imaginée. Est-elle tombée en désuétude dans le vocabulaire muable des petits gones, je ne sais, mais je ne l’ai point entendue. Il est vrai que j’ai si peu fréquenté l’école !

Faire un renard, Vomir. L’expression ancienne était Écorcher le renard, dont je ne saisis pas très bien l’idée.

RENCOGNER (SE), v. pr. — Se faire petit, s’accroupir. — C’est cogner, avec le préfixe réduplicatif re, dont l’e s’est nasalisé comme dans rempli, remployer (voy. ces mots).

RENCONTRE. — Acheter un objet de rencontre, c’est-à-dire qui n’est pas neuf, et qu’on a par conséquent obtenu à meilleur marché. On a fait rencontre de l’objet. Acheter une garde-robe de rencontre.

Épouser une femme de rencontre, Épouser une femme qui n’est pas absolument neuve.

RENDEMENT, s. f. — 1. Produit, revenu d’une chose. Le rendement d’une terre.Une maison de rendement, Une maison de rapport. Littré a recueilli ce barbarisme, et l’Académie l’a imité dans sa dernière édition. Elle n’a pas été très bien inspirée.

2. Un rendement de noces. À la bonne heure ! Ici l’idée de rendre est plus concrète que dans l’exemple précédent ; et l’expression est plus claire que Un retour de noces. Puis ça n’a pas la prétention d’être académique.

Par extension, tout repas payé à l’occasion d’un évènement heureux. Un rendement de croix, Repas donné à l’occasion d’une décoration.

Rendement tout court. Te sais, y a Petouzard qu’a gagné un lot à la loterie. I paie demain son rendement chez la mère Brigousse.

RENDRE. — Rendre son royaume, parlant par respect, Vomir.

Rendre, absolument. Même sens. J’ai des envies de rendre.

Rendre raison. Voy. raison.

Rendre sa pièce, terme de canut. Porter chez le marchand sa pièce terminée.

Rendre, absolument. Même sens. La Mélanie rendra mardi.

Au fig. Rendre sa pièce, Mourir.

Rendre ses comptes, se dit d’une femme sur le retour. Ménopause.

RENONCE, s, f. — Action de renoncer. On buvait à renonce. — Substantif verbal de renoncer.

RENOUVELER. — Humbert n’entend pas qu’on dise : La lune renouvellera demain, mais se renouvellera. Grosse erreur de puriste trop subtil ! Renouveler s’emploie avec ellipse du pronom personnel. « Ils étaient bien aises de voir renouveler la sédition, » dit Ablancourt (dans Littré).

RENQUILLER, v. n. — Remettre dans sa poche. J’ai renquillé mes liards. — Vraisemblablement du vieux franç. requiller, ramasser, redresser, qu’on trouve dans Roquefort, et qui est un terme du jeu de