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REMETTAGE, s. m., terme de canuserie. — Action de faire passer un à un, soit avec les doigts, soit à l’aide d’un crochet appelé passette, les fils de la chaine dans les mailles du remisse, suivant un tracé arrêté par le fabricant. Les fils de la chaine y sont subdivisés par courses (pour cours), c’est-à-dire dans l’ordre déterminé par le nombre des lisses et la disposition du dessin à exécuter avec ces lisses.

Le remettage se commence par la gauche du canut, et l’on considère comme la première lisse à remettre celle de derrière, c’est-à-dire la plus éloignée de l’ouvrier. On distingue, dans les différents modes de remettage, le remettage suivi, le remettage à retour, le remettage interrompu, le remettage sur deux ou plusieurs remisses, le remettage amalgamé.

Dans le métier à la Jacquard, les fils sont passés au travers des maillons, suivant l’ordre des arcades à l’empoutage.

REMETTEUSE, s. f. — Ouvrière qui remet (voy. remettre). Quelquefois la canuse sait remettre. Ceiles-là sont recherchées pour le mariage.

REMETTRE, v. a. — 1. Reconnaitre. Je vous remets bien, Je vous reconnais bien. L’idée est : « Je vous replace bien (dans ma mémoire). »

2. Remettez-vous… Veuillez vous remettre, Se dit à quelqu’un qui vient en visite, et à qui l’on offre un chaise. L’idée est : « Remettez-vous de votre fatigue (pour venir). »

3. Terme de canuserie. Faire l’opération du remettage.

4. Remettre en marches. Voy. marches.

REMISE, s. f. — Je cite ici la curieuse observation de Molard : « Faire la remise. Terme de jeu introduit per une fausse politesse ; dites, bête. Faire la bête, c’est perdre le coup ; tirer la bête, c’est gagner le coup. » — Il a sans doute en vue le jeu dit de la Bête. Ce jeu est aujourd’hui hors d’usage (on n’y jouait déjà plus dans mon enfance), et on ne fait plus la bête qu’au naturel.

REMISSE, s. m. — Ensemble des lisses. Le minimum des lisses composant un remisse est deux. Le maximum est limité par l’emplacement dont on peut disposer sur le métier. On ne dépasse guère le nombre de trente-deux lisses. — On dit aussi un corps de remisse ou simplement un corps (voy. ce mot).

REMONDER, v. a. — Enlever à l’aide de forces les bouchons des fils de la chaine qui empêcheraient ceux-ci de passer dans les mailles du remisse ou qui feraient des défauts à la façure. — De l’ital. rimundare, nettoyer, curer ; de mundare.

REMONTANT, s. m. — Stimulant, chose qui ranime le corps ou l’esprit. Un verre de morlavie est un remontant. Une bonne fessée est parfois un bon remontant. Faut de temps en temps remonter le coucou, disait l’excellent M. Martinet quand il avait remonté de la sorte son fils Barnabé.

REMONTÉE. — Une remontée de sang. Se dit de toute congestion à la tête.

REMORDS. — Remords d’estomac, Renvois, rapports. On dit aussi remords tout court. Ces gonfle-b… me donnent des remords. Cette phrase appartient plus au langage des hautes classes qu’au langage du peuple, pour qui remords est trop savant.

REMOUCHER, v. a. — Remoucher quelqu’un, Lui river ses clous. La Barnadette a voulu raisonner. C’est moi que je te l’ai remouchée !

REMPAILLER, v. a. — Remettre de la paille à des chaises. « Ce mot ne se trouve pas dans l’Académie, observe Molard, dites empailler une chaise. » Il n’avait pas bien essuyé ses lunettes. Son livre est de 1810, et dès 1798 l’Académie mettait rempailler sous la définition que nous venons de donner.

REMPLIR. — J’aimerais mieu te charger que de te remplir. Se dit à quelqu’un d’un gros appétit. La préposition de est indispensable.

REMPLOI, s. m. — Rempli à une robe. — Subst. verbal de remployer.

REMPLOYER, v. a. — Remployer un lit, Remployer les couvertes. C’est ce qu’à Paris ils appellent border un lit, expression dont je ne pouvais parvenir à comprendre le sens. — C’est reployer, avec nasalisation de e, comme dans rempli.

REMUAGE, s. m. — 1. Pélerinage. Aller en remuage, aller en pélerinage. — Du vieux franç. romieu, pélerin qui allait à Rome.