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avec un préfixe péjoratif ra. Taconner vient d’une racine tac, qu’on retrouve dans le celtique et dont le sens est « chose proéminente et servant à fixer ». De là notre patois tachi, clou de soulier. Le vertueux Béroalde emploie rataconner au fig. pour arranger : « Tout y étoit, avec grâce, fort bien rataconné, et avec symétrie parfaite. »

RAT-DE-CAVE, s. m. — 1. Terme péjoratif, Agent des contributions indirectes. — De ce que ces agents visitent les caves des débitants.

2. Petite bougie jaune, enroulée en spirale, que les maçons portent dans leur poche, afin de pouvoir s’éclairer dans les endroits obscurs. — La pensée de la composition du mot est apparente, mais l’idée de comparer une lumière pour visiter une cave à un rat habitant cette cave a une apparence bizarre.

RATE, s. f. — 1. Femelle du rat. C’est du vieux français, qu’on trouve encore dans la Fontaine.

2. Petite dent d’enfant. S’emploie ordinairement avec l’adjectif petite. Fais don voir tes petites rates ! En Limousin on dit aux enfants que s’ils mettent leurs dents de lait dans un trou de mur, les rats viendront les prendre, et que celles qui leur repousseront seront petites et blanches comme des dents de souris. Est-ce de là que vient le mot ?

3. Espèce de pommes de terre longues, de couleur jaune. — Je ne sais pas m’expliquer par quelle analogie on leur a donné ce nom.

RATÉ, ÉE, adj, et partic. — Qui est tondu, rasé, en parlant des choses pelues. T’as la tignasse ratée, faut te mettre de coton dans les oreilles… J’ai z’oublié de bagueter mon minon, il est tout raté des artes. — « Un panache raté Lui battait sur la face, » dit Roquille.

RÂTEAU, s. m. — 1. Le râteau des jambes, Le tibia. Se racler, pour se distraire, le râteau des jambes avec une ramelle. Voy. ramelle. — Le nom de râteau a été donné au tibia, soit à cause de sa forme prismatique, qui a quelque analogie avec le morceau de bois allongé où sont fixées les dents du râteau ; soit parce qu’en passant le doigt sur le tibia on sent comme une série de légères aspérités qu’on peut qualifier de dents.

2. Terme de pliage (de mon temps on disait rasteau). Peigne à dents espacées, qui est employé dans le pliage afin de donner à la chaîne la même largeur que devra avoir le issu. Les dents sont beaucoup plus espacées que les dents du peigne à tisser, parce qu’une musette de 40 fils se place entre deux dents, tandis que, dans le peigne à tisser, on place de 2 à 10 fils au plus entre deux dents consécutives.

RÂTELIER. — 1. Le râtelier de l’échine, L’épine du dos. Râtelier, à cause des vertèbres qui font saillie. Scier le râtelier de l’échine avec un confessionnal. Se dit à propos de quelqu’un dont la conversation manque de délectation.

2. Terme de canuserie. De mon temps le canut prenait tout bonnement ses canettes à cha-une dans le caissetin. Aujourd’hui qu’on a toute espèce d’inventions, on suspend au pied de droite, au devant du métier, une petite planche rectangulaire garnie de clous, dans chacun desquels on enfile le quiau d’une canette. C’est le râtelier. Par ainsi le canut n’a qu’à lever le bras pour aveindre sa canette.

RATELLE, s. f. — Rate. Je peux plus courir, ça me fait gonfler la ratelle. D’une chose qui fait rire, on dit qu’Elle chatouille la ratelle. — Vieux franç. ratelle, rate.

RATER, v. a. — Tondre ras. Se faire rater, Se faire couper les cheveux. — Vieux franç. rater, racler, ratisser, d’origine obscure, mais dont l’idée s’est confondue pour nous avec celle de rat (comp. vieux franç. raté, rongé des rats), aujourd’hui seule en vue. Rater, tondre ras comme le poil du rat.

RATE-VOLAGE, s. f. — Chauvre-souris. — De rate, souris, et volage, qui vole : Souris qui vole. Le nom est très bien trouvé.

RATICHON, s. m. — Donner un ratichon à quelqu’un, Lui donner une chasse, un poil, une graisse, un suif, un savon. — Du vieux franç. rater, racler (voy. rater). Un ratichon gratte la peau.

RATIER, ÈRE, s. — Se dit de quelqu’un de capricieux, de boudeur, mais de façon passagère. — De rat, pris au sens de caprice (voy. ce mot).

RATIONNER, v. a. — Mettre à la ration. Ce terme si naturel et d’un usage si général