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s’applique également à un abcès, un furoncle, etc. Quand la suppuration est établie, on dit alors que le doigt, l’abcès jette (voy. jeter).

Ramasser froid. Voy. froid.

RAMELLE, s. f. — Mauvais couteau rouillé, ébréché. Lorsque dans une société quelqu’un bâille ou paraît s’ennuyer, on lui dit avec politesse : Puis-je vous offrir une ramelle, à seule fin de vous racler le râteau des jambes pour vous distraire ? — Du vieux franç. alemelle (de lama) qui signifiait d’abord épée, puis tout instrument tranchant.

RAMILLER, v. a. — Ramasser ce qui reste. Passe-moi voir le plat, que je le ramille. — De ramilles, petits branchages. L’idée est ramasser, après les grosses branches, les petits branchages.

RAMER, v. à — Ramer des pois, Placer des branchages secs pour faire monter les pois. Ce jour-là j’aurais mieux fait d’aller ramer des pois. Se dit quand on s’est lancé dans quelque mauvaise affaire, comme par exemple quand on s’est marié. — Du patois ram, rama, rameau ; de ramum.

RAMONER, v. n. — Ronchonner, rafouler, marronner. — Métathèse de Marronner (voy. ce mot).

RAMOULU, UE, adj. — Émoulu, ue. Qui ne connait ces beaux vers de la célèbre chanson du Roi de Sardaigne, passant par Namur :

Il tira son sabre,
Tout frais ramoulu…

Tous mes lecteurs savent l’usage qu’il en fit, et de quelle dextérité il témoigna.

RAMPONNEAU, s. m. — Modeste jouet fait d’un tout petit morceau de moelle de sureau et qui est censé représenter un homme. On lui à mis un peu de plomb à la tête, ce que n’a pas tout le monde, et dès qu’on le met sur ses pieds, pouf, il fait le trébuchet, et le voilà sur sa tête. — De Ramponneau, nom supposé d’un équilibriste, mais qui était, je crois, en réalité, celui d’un cabaretier.

RAMPOT, s. m. — Jeu d’enfants qui se joue avec des gobilles et à l’aide de trous en forme de potets, au nombre de neuf, que l’on creuse dans la terre. Jouer au rempot. — La seconde partie du mot est pot, trou en terre, mais la première est obscure. Est-ce rang (rang de pots) ou simplement le préfixe ra nasalisé ?

RANCHE, s. f. — Rangée d’objets. Une ranche de vignes, Un rang de ceps. De ranche, en rang. Metten-nous tui de ranchi, — Maigna, « Mettons-nous nous en rang, — Mes enfants, » dit un vieux noël. — Forme féminine du vieux franç. reng.

RANCUNE. — Rancune de prêtre, Étofte très résistante. Chez nous, l’étoffe n’est connue que par ouï-dire, mais dans l’ouest de la France, elle se vend sous ce nom.

RANCURER (SE), v. pr. — Concevoir de la rancune, se chagriner. Mon bourgeois disait un jour à Mami Camuset : I faut pas te rancurer parce que ta belle-mère se remarie. Quand les belles-mères se remarient pas, c’est qu’elles sont pas veuves. — De rancorare (de rancor).

RAPAMAN, s. m. — Gratteron, gallium apparine. C’est un mot patois introduit à Lyon. De rapâ, râper, et man, main.

RAPETASSER, v. a. — Raccommoder, mettre des pièces, des petas, aussi bien à un chaudron qu’à une culotte (voir ραπθειν, grec moderne ?)

RAPIAMUS, s. m. — Avare, grippe-sou, usurier. Connais-tu Grappard ? Qu’est-ce que c’est ? — C’est pas précisément un croc, mais il est un peu rapiamus. On dit aussi Faire rapiamus, Enlever tout. — Barbarisme plaisant forgé par les clercs, qui ont transformé rapere en rapire.

RAPIAT, s. im. — Même sens que rapiamus. — D’une racine indo-européenne rap, qui existe dans le latin et dans le germanique.

RAPIDE, adj. des 2 g. — Escarpé. Cette montée est très rapide. Grangier condamne non sans raison cette phrase comme incorrecte et je la jugeais comme lui, encore bien que je l’employasse souvent. Mais depuis Grangier, Littré a recueilli l’expression, et, dans sa dernière édition, l’Académie a suivi Littré.