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PRIM, adj. m. — Mince, grêle, effilé. Ne s’emploie plus que dans l’expression prim bois, Menu bois. Encore est-elle devenue surannée, mais dans le premier tiers du siècle, elle était d’un usage courant. À la campagne, on dit fagots de prims brots, pour des fagots faits avec les premières pousses. — De primum.

PRIMO. — Primo d’abord, Pour D’abord ou pour Primo, à votre choix.

PRISE, s. f., terme de canuserie. — Une certaine quantité de fils donnée par le dessin pour être brochée.

Terme de maçonnerie, — Trou pratiqué dans un mur ou sur une pierre de taille pour y sceller quelque chose. Une poutre pourrie dans ses prises.

PRIS, ISE. — D’après Humbert l’expression Le poumon est pris pour « le poumon est engoué », et autres semblables, serait incorrecte. Je la crois bonne. C’est une ellipse : « Le poumon est pris (par l’inflammation, etc.). »

PRISON. — La Prison de saint Crépin, Des souliers trop étroits.

PRIVÉS, s. m. — Par opposition à Communs, lieux d’aisances particuliers au propriétaire ou à un locataire.

PRIX. — Faire son prix, Débattre le prix d’un objet à l’avance. Je ne descends jamais dans un hôtel sans faire mon prix.

PROCUREUR. — Aller parler à son procureur. Voy. Parler.

PROFITABLE, adj, — Bon à tout. Une femme profitable. Celle qui a non pas des qualités brillantes, mais toutes les qualités pour un bon ménage. Se dit aussi parfois, en plaisantant, d’une grosse et forte femme.

PROFITER, v.n. — Profiter comme le buis à la croix. Se dit d’une chose qui ne profite pas du tout, le buis attaché à la croix ne poussant pas avec beaucoup d’activité. Au sens actif : La soupe de pain cuit permet de profiter les vieilles croûtes.

Profiter de, avec l’infinitif. Je profiterai d’aller à Paris pendant qu’il y a l’escadre russe.

PROMETTRE, v. a. — Assurer fortement. J’ai-t-été au bal de Mme de Saint-Bonsard. Je te promets qu’il y faisait chaud. — Curieuse dérivation de sens. Promettre, qui est assurer dans un sens particulier, en a pris la signification générale.

PROMETU. — Promis. Sur la formation, voy. éteindu.

PRONONCIATION. — À ot j’ai signalé la prononciation très brève de o lorsqu’il est suivi d’un t à la finale : pot, gigot, etc. Je dois signaler le phénomène contraire dans abonner que nous prononçons abôner. M. Sylvestre Casati-Brochier signale aussi malle que nous prononçons mâle et é fermé pour é ouvert dans pièce, nièce, fièvre que nous prononçons piéce, niéce, fiévre. Ce que c’est que de nous ! j’avais toujours cru qu’on devait prononcer de cette manière.

Dans mon enfance, il n’était pas une seule personne qui ne prononçât câfé. Le singulier est que les campagnes prononçaient café. J’avais quelque six ans quand ma nourrice vint nous voir avec mon frère de lait. On lui offrit du café, et comme je demandais au Tienne s’il aimait le câfé, il me répondit : « On ne dit pas câfé, mais café. » — Aujourd’hui il n’y a plus que quelques rares Lyonnais qui aient gardé notre antique prononciation.

PROPRE. — Propre comme le c… de Paquette (parlant par respect). — Horriblement malpropre. Pour le surplus, je ne connais point cette Paquette, ni ne désire faire sa connaissance.

Un visage propre comme l’intérieur des mouchettes, c’est-à-dire qui est médiocrement propre.

Propre comme un sou. Se dit quelquefois ; à quoi l’interlocuteur ne manque jamais d’ajouter : qui a passé par beaucoup de mains sales. Le fait est qu’un sou est toujours fort sale. Pourtant Régnier a dit : « Claire comme un bassin, nette comme un denier. » Les deniers ne devaient pas être plus propres que nos sous.

Se mettre au propre, S’habiller proprement, par opposition à se mettre en sale. Les Genevois possèdent la locution comme nous, et j’ai eu le plaisir de la rencontrer dans la traduction d’Adam Bede, par Albert Durade, t. i, page 91.