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On voit souvent pour enseigne dans les campagnes : Au grand potaras, avec un pot plein, qui déborde de vin. — De pot, avec un suffixe agrandissant as, et une syllabe intercalaire. On a corrompu le mot en pot-à-ras, et c’est pour cela que le pot est représenté débordant.

POTARAT, s. m. — Se dit quelquefois pour boîte (voy. ce mot). — Du franç. pétard, avec le suffixe at. D’où petarat et potarat sous l’influence de l’homophone potaras.

POTENCE, s. f. — 1. Béquille. — C’est le franç. potence dans son acception primitive. « Et alors il hauça sa potence et feri le Juif lès loye (l’oreille), » dit le bon Joinville.

2. Pied du métier de canut. « Cire, le mequier de la France commençait à brandigoler sur ses potences ; i vous était consarvé de le désencuti… » (Adresse à Napolyon.) — Le pied de métier, relié à l’estase par un lien en biais, ressemble assez à une potence.

Des cheveux qui frisent comme de potences ou comme la rue Longue. Voy. cheveu.

POTET, s. m. — 1. Petit pot, petite coupe, comme, par exemple, le potet du dessinateur à l’aquarelle. Une vieille chanson dit :

Quand petit bossu va chercher du lait,
Il ny va jamais sans son potet.

Se dit spécialement des bassins en terre vernie où l’on met le grain des canaris.

2. Petit trou dans la terre. Jouer aux potets, Jouer un jeu de gobilles où il y a cinq petits trous en terre qui forment des blouses comme au billard.

POTRINGUE, s. f. — Valétudinaire, personne toujours en remèdes. Il est toujours potrinque, Il est toujours maladif. — Subs. verbal de potringuer.

P. B. pense que le mot vient plutôt par dérision de pot et de seringue, deux instruments précieux aux potringues.

POTRINGUER, v.a. — Bourrer de remèdes. Se potringuer, Faire constamment des remèdes. Il est toujours après se potringuer. — De pultem, bouillie, devenu poutre, comme le montrent des formes dialectales. De bouillie le sens a passé à médecine liquide, puis à remède en général. Au radical s’est ajouté un suffixe de fantaisie inga, peut-être par analogie avec ringue, maladif ; dauphinois ringa, diarrhée.

POTURE, s. f. — Molard signale l’expression Mettre un cheval en poture pour le mettre en fourrière. Elle me parait tombé en désuétude. — De pasture. Mettre en pasture, c’est littéralement mettre en fourrière (de feurre, fourrage), c’est-à-dire faire nourrir l’animal en attendant qu’il soit réclamé. Pastura a passé au vieux franç. peuture, d’où notre poture.

POU. — Plus un mot est vilain, plus il fournit de métaphores au langage populaire. Nous avons :

Laid comme un pou à la renverse. Il parait qu’ils sont plus laids de ce côté que dans leur position naturelle.

Tenir comme un pou sur une rogne. Se dit de quelqu’un qui, dans une discussion, dans une affaire d’intérêt, etc., ne lâche jamais prise.

Écorcher un pou pour en avoir la peau. Voy. écorcher.

Chercher les poux parmi la paille, Tâtillonner, s’arrêter à des minuties, à des vétilles.

Des poux gros comme des graines de courge. Terrificque !

POUAN, s. m. — Plateforme à l’avant des grands bateaux appelés rigues, et sur laquelle sont les mariniers chargés de la manœuvre des rames d’avant. — De pontem.

POUCE. — Un pouce de vache. Mesure idéale, par opposition au pouce officiel. Aux boules : Qu’est-ce qui tient ? — C’est la mienne. — Es-tu sûr ? — Oh, un pouce de vache !

Mettre les pouces, Céder à la force, faire sa soumission. Probablement de l’idée de réunir les pouces, comme dans l’attitude de la prière.

POUDRER, v. a. — Saupoudrer. Il faut poudrer votre pâté avec du sucre. Cela ne me semble point incorrect. De même qu’on poudre avec de la poudre, on peut poudrer avec du sucre.

POUFFIASSE, s. f. — Grosse femme à chairs flapes. — D’un radical pouf, qui exprime l’enflure comme le pont exprime au contraire le serré, le tassé ; d’où la différence entre la pontiaude et la pouffiasse.