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POSER, v. a. — 1. Quitter. Pose don ta vagnotte pour jouer à le boules !

2. Placer. Je ne sais plus où j’ai posé mon crasse.

3. Apposer. I n’ont fait poser les scellés chez M. Crottasson.

4. Se poser, ou Poser culottes. Je ne connais pas d’expression plus abjecte.

POSSE, s. f. — Mamelle. Se dit surtout de la mamelle des animaux, et, par extention, de la mamelle humaine. Avè mes grosses posses, me disait un jour Mme Bouffard, j’ose pas sortir sans corset. — Subst. verbal de posser.

POSSER, v. a. et n. — 1. Têter.

2. Sucer très fortement. Allons, veux-tu pas posser comme ça ! dit-on aux mamis qui sucent bruyamment leur tasse quand ils ont fini de boire.

3. Boire à la boutoille. Passe-moi voire un peu la flasque que je posse un coup. — Parait une onomatopée de l’action de sucer.

POSSES-DE-RAT, s. f. pl. — Joubarbe. — De ce que la joubarbe, qui est une plante grasse, a des feuilles en forme de petit pis (posses).

POSSE-VACHE, s. m. — Sorte de gros crapaud. — De la croyance populaire, lorsqu’on voit une vache avoir du lait sanguinolent, qu’elle a été tétée par un crapaud.

POSSIBLE. — Possible et compossible. Voy. compossible.

POSSON. s. m. — Se dit d’une boisson qui se tête. Baille-lui don son posson a c’t’ enfant ! — Vieux franç. posson, mesure de liquide, petite mesure pour le lait.

POSTILLONS, s. m. pl. — Se dit de la pluie saliveuse que les bezotteurs et ceux qui ont des dents de devant qui leur manquent envoient par la figure de leurs interlocuteurs, d’autant qu’ils ont la rage de vous parler sous le nez.

POSTUME, s. f. — 1. Tumeur, abcès. Au fig. Une postume de neuf mois, Une grossesse. « Puis chez un procureur, où elle eut le mal d’amour, dont, hélas ! il lui vint au ventre une postume, » raconte la Bernarde, en son langage imagé.

2. Par extension, Pus, sanie. Mon doigt jette de postume. — Vieux franç. Apostème.

POT, s. m. — Ancienne mesure de vin. Elle a beaucoup varié. Suivant Valous, en 1564, le pot était de 2 litres 8 centil. Mais j’ignore où il avait puisé ce renseignement. En 1889, « l’ancien pot » était de 1 litre 4 centil. et le « pot actuel » de 1 litre 13 centil. 1/2. Aujourd’hui, pot s’emploie pour équivalent de litre.

Boire pot. Locution explétive pour boire. Allons boire pot, Allons au cabaret.

Après pot, boirons feuillette (v. feuillette), Après bouteille nous boirons chopine.

Sourd comme un pot. C’est très juste ; parlez à un pot, il ne vous répondra guère.

Bête comme un pot. C’est faire du tort aux pots. Les pots ne sont pas plus bêtes que les casseroles, les cafetières, etc.

À deux liards le pot. Voy. liard.

Pot à eau. Non français selon Humbert. Il faut dire pot à l’eau. Ô mesureurs du saut des puces ! Mais Littré donne pot à eau et Sévigné dit pot à pâte.

Pot, au jeu de gobilles. Creux que l’on fait dans la terre et où il faut faire entrer sa gobille. Faire son pot, Faire entrer sa gobille dans le pot en la lançant.

Pot de chambre est très bon français, au même titre que vase de nuit. À Lyon nous employons toujours le premier, et à Paris on emploie toujours le second, parce qu’il appartient au style poétique. La raison, je ne la connais point, mais il y a ainsi des mots nobles et des mots roturiers. Du reste, nous disons plus volontiers thomas, euphémisme décent dont on use à Paris aussi bien que chez nous. Mais pourquoi thomas ? — Parce que saint Thomas fut curieux de tout voir. C’est pour cela que, dans mon jeune temps, nombre de thomas en terraille avaient un œil grand ouvert peint au fond. Cet œil immobile, sévère, scrutateur, me causait dans mon enfance une impression étrange, et je ne me serais point assis au-dessus sans quelque terreur mystérieuse.

Je connaissais une dame qui, ayant été un jour dans la nécessité de se servir d’un de ces vases, ne le voulut pas faire sans avoir au préalable, par un sentiment de pudeur qu’on ne saurait trop louer, jeté du marc de café dans le fond.

POTARAS, s. m. — Grand broc pour le vin. Pour les mariniers, c’est une dame-jeanne.