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PILLOT, OTE, s. — Poussin, petit poulet, petite poulette. Avoir de la santé comme un pillot. Ne pas avoir un tempérament de fer. — Fort comme un pillot, Ne pas faire concurrence à Hercule. — Vieux français poillot, petit de tout volatile ; de pulleum pour pullum.

PILON, s. m. — Cuisse des volatiles prêts à être mangés. Le pilon et le perrier, dans la mense familiale, sont la part des enfants, et le cou celle de la femme. — De l’analogie de forme avec un pilon.

PILONNE, s. f. — Colonne. — Du patois pila, au sens de colonne ; lui-même de pila.

PILULER. — Vous avez ben une jolie tapée de miaillons, que je disais au père Chauchaud, le battandier, qui avait en effet une grosse famille. — Oh, qu’il me fit, ça pilule comme de chiendent !

PIMPER (SE), v. pr. — Se vêtir avec recherche, se pomponner. — Du vieux prov. pipar, pimpar, même sens.

PINCES, s. f. pl. — Pincettes de cheminée. Il paraît que ce n’est pas français ; de telle sorte que, pour bien parler, il faut dire pincettes pour les grandes pinces, et pinces pour les petites, comme les pinces de chirurgien. C’est très rationnel. Mais le mot est tellement répandu qu’on ne l’extirpera pas. — Peu après la révolution de 1830, on fit paraître une grande estampe lithographiée représentant un lion vu de profil. Derrière lui tombaient, en guise de fumées, une croix, qui signifiait M. de Lacroix-Laval, ancien maire de Lyon ; une brosse qui signifiait M. de Brosses, ancien préfet du Rhône ; une motte de terre, qui signifiait M. Paultre de la Motte, ancien général commandant la division. Une paire de pinces sortait à moitié. Au-dessous de l’estampe on lisait : Quand rendra-t-il donc les pinces ? —— Les pinces, c’était Mgr  de Pins, administrateur du diocèse, très dévoué à la cause des Bourbons, et qu’on eût voulu voir remplacer peut-être par le cardinal Fesch, titulaire du siège, et exilé à Rome par la Restauration.

Faire une pince à une robe, terme de couturière, Y faire un repli pour diminuer la largeur ou même la longueur.

PINCETER, v. a., terme de canuserie. — Enlever avec de petites pinces pareilles aux pinces à épiler tous les bourrons de la façure. On trouve dans Montaigne pinceter au sens d’épiler.

PINCETTES. — Monter à cheval comme une paire de pincettes. Ne se dit pas d’un émule de Rancy et de Baucher.

PINÇON, s. m. — Piqûre d’insecte dans une douve de tonneau. — Du radical de pincer, lequel radical avait, dans l’origine, le sens de pointe.

PINÇONNÉ, ÉE, adj. — Piqué des artisons, qui à des pinçons.

PINE, s. f. — Petite trompette pour les enfants. On les faisait en bois ; aujourd’hui on les fait en ferblanc. — Onomatopée assez réussie de la musique horripilante de l’instrument.

PINER, v. n. — 1. Jouer de la pine.

2. Pousser de petits cris aigus. — De pine. Le vieux franç. avait piner, rincer.

PIOCHON, s. m. — Une toute petite pioche servant au jardinage. Le très benin Rabelais nous conte que, en l’Isle des Ferrements, il y avoit « grand nombre d’arbres portants marroches, piochons, serfouëttes, etc. »

PIOTTE, s. f. — Pied, jambe. — Qu’as-te don que te gambilles ? — Je m’ai fait mal à la piotte en descendant du tramevet. — De pedem.

PIOULER, PIOUTER, v. n. — Ne s’emploie que dans des expressions de ce genre : Il ne peut plus piouter, Il ne peut plus parler, il a une éteinte de voix. — Onomatopée du cri des moineaux.

PIOUSTRE, s. m. — Gros rustre, homme grossier, pataud. Je sons allé à la Chambre. — Eh ben, c’est ren que de monsus floupés ? — Oh, y a ben un tas de pioustres parmi ! — Assemblage d’agréables syllabes péjoratives.

PIPE, PIPETTE. — Il n’a pas seulement dit pipe, ou il n’a pas seulement dit pipette. Cette expression ne se retrouve pas dans les dictionnaires d’argot, mais elle n’est pas non plus particulière à Lyon. Je l’ai retrouvée dans un roman d’Erckmann-