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par respect, de p… La petouge, c’est la petouse, littéralement la tympanite. Comp. Avoir toujours p… ou foire. Comp. aussi le dauphinois petouset, petit peteux.

PETOUGER, v. a. — Accabler un malade de remèdes. M. Argan était toujours après se petouger.

PÉTRAS (pétra), s. m. — Rustre. Un gros pétras. Un gros pacan. — Se rattache à empêtrer.

PÉTRIÈRE, s. f. — Pétrin. — De pétrir.

PÉTRUFIANCE, s. f. — État de quelqu’un de pétrifié. « Leur abord li causa une pétrufiance… » (Suzanne.) — L’équivalent de ce mot manque à la langue française, où il ne serait, comme dans la phrase ci-dessus, qu’imparfaitement remplacé par pétrification.

PEU. — Un bon peu, Un petit peu. Un bon père : Lustucru, veux-tu un petit peu de gratons ? — P’pa, j’en veux un bon peu, siouplaît ! Ces augmentatif et diminutif de peu sont très utiles dans le discours.

Un tant soit peu, Humbert blâme cette phrase : Donnez-m’en un tant soit peu, et veut qu’on dise simplement tant soit peu. Pourquoi cette singulière exigence ? Littré donne l’exemple contraire : Ne m’en donnez qu’un tant soit peu, et cite Millevoye : « Un tant soit peu légère. »

Prête-moi donc voire un peu ton couteau ! L’idée est : « Prête-le-moi pour un petit moment. » Mais voyez l’inconséquence : on ne dirait pas : « Prête-moi beaucoup ton couteau. »

PEUR. — Se donner peur. Expression très énergique pour Prendre peur. Les Italiens disent aussi farsi paura, se faire peur.

Pète qui a peur (parlant par respect). Voy. peter.

J’en ai plus peur qu’envie. Locut. qui s’emploie à propos de tout événement que l’on redoute. Molard ne l’eût peut-être point approuvée, mais nous l’employons tout de même.

À moi la peur ! Espèce de jurement répondant à « Je veux être pendu ! » ou toute autre chose de ce genre. Finassaud ne veut pas me payer ! Si je ne lui envoie pas les pousse-culs, à moi la peur ! Je ne saisis pas bien la filiation logique dans cette expression si usitée.

N’ayez pas peur, mais tremblez toujours ! Expression très courante qu’on n’emploie pas en vue de rassurer. Je crois bien que ma femme ne m’en fait pas porter. — N’ayez pas peur, mais tremblez toujours !

Qu’as-tu peur ? Locution bien plus énergique que l’expression correcte : « De quoi as-tu peur ? »

PEUT-ÊTRE. — Loc. renforçante. S’emploie parfois avec bien. Le mari : Te t’es encore acheté un mantelet de neuf francs ! Te veux donc me manger !La femme : Faut pet’ête bien que je m’habille comme les autres dames ? Toi, t’esses bien allé l’aut’ jour au café chantant !Le mari : Je devais pas c’te politesse au cousin Petasseux, pet’ête ?

PHILOSOMIE, s. f. — Monsieur, vous avez une philosomie que je crois avoir rencontrée quelque part, à moins que ce ne soit ailleurs. — Précisément, monsieur, j’y allais de temps en temps. — Dans philosomie on a remplacé par l l’s de physionomie, soit. Mais pourquoi a-t-on fait le contraire dans Philosophie !

PHILTRE. — La croyance aux philtres amoureux comme dans l’antiquité n’est point perdue. De mon temps on était fermement convaincu qu’une femme, pour fixer l’amour d’un homme, n’avait qu’à lui faire prendre un peu de son profluvium menstruale. Je connaissais une pauvre fille qui, pour se faire épouser par un jeune homme qu’elle aimait (il ne s’était d’ailleurs rien passé entre eux de répréhensible), lui en fit prendre un jour dans du café très fort. Mais, hélas ! aujourd’hui tout a perdu sa vertu. Il en épousa une autre peu de temps après. La pauvre fille est restée convaincue qu’un autre philtre avait annulé l’effet du sien.

PHISOLOPHIE, s. f. — Philosophie.

PIAFFE, s. f. — Esbrouffe, sotte vanité. Faire de la piaffe. Faire des embarras, de l’esbrouffe. Pour se marier, i n’ont été à l’église en voiture. — Tout ça pour faire de la piaffe. — Substantif verbal de piaffer.

PIAILLARD, s. m. — Piailleur. On sait que le suffixe ard est particulièrement péjoratif.

PIAILLE, s. f. — Criailleries. Notre fenne est comme le chien de mon pipa, disait mon