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gnerez le salon. — Formation peu logique. Araigner, c’est proprement mettre des araignées. Il faudrait désaraigner.

On dit aussi d’une jeune personne qui jaunit, qu’elle a besoin de se faire araigner (P. Blanc).

ARAIGNOIR, s. m. — Boule de crin au bout d’un long bâton et dont on se sert pour araigner. On l’appelle aussi tête de loup. — D’araigner, avec le suffixe oir dont le lyonnais fait une terminaison masculine, contrairement à l’usage le plus commun en français (écritoir pour écritoire, etc.).

ARBALÈTE, s. f. — Défaut dans une pièce de soie. Lorsqu’il se trouve dans la chaîne quelque gros bouchon, la trame s’y accroche, ne joint pas l’étoffe, et tire comme la corde d’une arbalète dont le bouchon est la flèche. — C’est curieux ce qu’il y a d’arbalètes, dans la pièce de la vie !

ARBORISTE, s. f. — Femme herboriste. Encore un métier perdu, hélas ! Que voulez-vous qu’on gagne, bonnes gens, à vendre un sou de mauve ! Autrefois, elles tenaient certains petits remèdes, mouches de milan, etc., dont on leur a interdit la vente. — Ce n’est point une corruption d’herboriste. C’est un vieux mot, fait sur arbor, et qu’on trouve encore dans La Fontaine.

ARBOUILLURES, s. f. pl. — Échauboulures. — Composé du vieux franç. ars, brûlé, et bouillures, de bouillir. Comp. vieux franç. échaubouillures, où la seconde partie du mot est aussi bouillures, et où la première est faite avec chaud au lieu de ars.

ARBOUVIER, s, m. terme de batellerie. — Mât que portait la première barque d’un train de bateaux et auquel on attachait la maille. — D’arbor (malus navis), avec le suffixe arius = ier. Arborarium donne arbrouier, arbrou-v-ier, arbouvier. Comp. le vieux franç. arbrier, arbre de couche.

ARBRE DE PRESSOIR. — La vis du pressoir. Le français a de même l’arbre des moulins à sucre, l’arbre de couche, etc.

ARCADE, s. f. terme de canuserie. — Fil très fort composé de quatre ou cinq fils de lin tordus ensemble, qui s’emploie pour la fabrication des façonnés. Le fil d’arcade supporte le fil de maille, auquel est appendu le maillon où passe le fil de la chaine. Les dessins ne comprenant généralement pas toute la largeur de l’étoffe, mais formant plusieurs chemins (voy. ce mot), les arcades correspondantes dans les chemins sont réunies deux par deux au moyen d’une boucle et accrochées au fer de collet. Si le dessin a six chemins, on aura à chaque collet trois boucles d’arcades formant six branches d’arcades. La mécanique, en enlevant le collet, enlèvera les arcades et les fils de maille correspondants. Mais pour que les fils de la chaine ne soient pas tiraillés obliquement des bords au centre, on fait passer les fils d’arcade dans une planchette horizontale, nommée la planchette à arcades, où les arcades sont enfilées suivant un ordre désigné. Par ainsi les fils de maille gardent la position verticale, et les branches d’arcades seules sont inclinées du bord au milieu. Elles forment une sorte d’arcade ; d’où le nom. — Par extension : Une arcade. Un bout de ficelle.

ARCHET, s. m. 1. terme de maçonnerie lyonnaise. — Petit arc en briques, jeté au-dessus d’une baie pour protéger la couverte.

2. terme de charpenterie lyonnaise. — Le petit cintre qui sert de moule à cet arc. — Diminutif d'arc. Comp. le franç. archet de violon qui, au moyen âge, avait exactement la forme de notre archet.

ARÇONS, s. m. pl. — Ce sont les petits arcs qui forment une voûte au-dessus de la tête d’un berceau, et sur lesquels, pour abriter le mami, on pose un morceau d’étoffe qu’on nomme couvre-arçons. — D'arc, compréhensiblement.

ARCS. — Voy. arqueducs.

ARDENTS, s. m. pl. terme de construction. — Pierre d’attente qu’on laisse en saillie en construisant la tête d’un mur, pour que, plus tard, le temps venu de bâtir la maison voisine, on puisse la relier à l’ancien mur sans avoir besoin d’y pratiquer des prises. — De redent, devant lequel on a préposé un a pour la commodité de la prononciation : aredent est devenu ardent, sous l’influence de ardent, d’ardentem.

ARÉOSTAT, s. m. — Aérostat. Métathèse si facile que, même des personnes qui n’ont pas fait leur éducation autour du collège, comme l’auteur, la commettent quelquefois.

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