Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étoffe quatre francs, je passe dans œuvre. — Terme emprunté à la construction. Une poutre que, par erreur, on a coupée trop court, de manière qu’il ne reste plus de bois pour les prises, passe dans œuvre.

Passez-moi ça bon marché. Un négociant lyonnais disait à une célèbre actrice de Paris : Allons, passez-moi ça bon marché !

Passez-moi ça en douceur. Voy. douceur.

Passer quittance est-il français ? — Je le crois, puisqu’on dit passer un acte, mais les dictionnaires indiquent seulement donner quittance.

Ne me demandez rien, je vous passe quittance. Manière bienveillante de prévenir quelqu’un qu’on n’aurait pas d’argent pour lui, s’il vous en demandait.

Passer au bleu. Voy. bleu.

PASSETTE, s. f., terme de canuserie. — 1. Instrument pour piquer en peigne. Voyez peigne.

2. Crochet pour remettre. Voy. remettage.

PASTONADE, s. f. — Carotte, daucus carota. Le mot est ancien. « Les racines sont naveaux, pastonnades, carrotes (sans doute betteraves, voy. carotte), etc., » dit Olivier de Serres. Et le très gracieux Rabelais nous conte que les gastrolâtres mangeaient des pasquenades, mot à propos duquel Burgaud des Marais met en note, bien à tort : « Peut-être un mets qu’on mangeait à Pâques. » — De pastinaca.

PATACU. — (Parlant par respect), Faire un patacu. Tomber lourdement sur son derrière. Une jeune personne bien élevée ne doit pas dire : J’ai fait un patacu. Il est aisé de trouver des expressions plus séantes, par exemple : « Je suis tombé sur mon gros visage, » ou tout autre euphémisme délicat. — La première partie du mot est une onomatopée. Comp. patapouf.

PATAFIOLE. — Mot usité seulement dans la phrase : Que le bon Dieu te patafiole ! pour Que le diable t’emporte ! — Vient-il de batafi (voy. ce mot), dauphinois batafiou ? L’idée serait : que le bon Dieu te schlague ! Comp. le gascon batafiolo (dans Mistral), égratignure, blessure légere.

PATAIRE, s. m. — Chiffonnier. On dit de préférence aujourd’hui marchand de pattes.

PATARAPHE, s. f. — Paraphe, signature. J’ai metu ma pataraphe au bas du contrat. — De paraphe, avec insertion d’une syllabe comique. Comp. carabosser.

PATASSE, s. f. — Pomme de terre blanche. On dit de préférence truffe. — Corruption de patate.

PATAT, s. m. — N’avoir pas un patat, n’avoir pas le sou, pécuniairement parlant. — De patac, jadis petite monnaie papale.

PATAUD. — Pataud est français, mais ne s’emploie qu’au propre. Nous ne l’employons au contraire qu’au figuré. Un pataud, Un pacan, un grossier personnage.

PÂTÉ. — Gros pâté. Expression de tendresse que l’on emploie à l’égard d’un bel enfant, lourd et gauche. Allons, gros pâté, venez çà, que je vous donne un bon !

Pâté de vogue. C’est un pâté de ménage absolument exquis fait avec de la fleur de farine et garni communément de poires qu’on a fait mariner pendant vingt-quatre heures dans de l’eau-de-vie et du sucre. On le dore par-dessus avec un jaune d’œuf. Ces pâtés ont la forme d’un chapeau de gendarme. C’est ce qui explique sans doute le dicton : avoir le ventre en pâté de vogue, qui se dit d’une femme ne ressemblant pas à la Vénus de Praxitèle. Je suppose que c’est parce que le ventre en profil se présente comme le côté convexe du pâté de vogue.

PATER. — Se mettre au pater malgré Dieu. Locut. énergique pour Faire quelque chose contre sa vocation ou contre les circonstances. Beaucoup veulent être poètes qui se mettent au pater malgré Dieu.

Ça lui est défendu comme le pater aux ânes. Voy. âne.

PATET, ETTE, s. et adj. — Lent, lambin, minutieux. Quelle patette que cette Tonine ! Se dit aussi des choses : Un ouvrage patet. Pour moi, je n’ai jamais pu bien mordre au remondage, c’était trop patet. Les personnes qui veulent parler français disent un ouvrage patétique, mais c’est une faute. — De palittus, fait sur pati.

PATETER, v. n. — Faire œuvre de patet. Un mien ami me disait naguère : Qu’êtes-vous don tant à pateter après votre dictionnaire ?