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PARTUS, s. m. — Trou. Un partus de rate. Un trou de souris. — Vioux franç. pertus.

PARTUSER, v. a. — Trouer, percer. — Fait sur partus.

PARTUSOLE, s. f. — Terme péjoratif pour désigner une femme ou une petite fille. La Viarginie est venue me demander un sou pour acheter un bon. « Veux-tu t’ensauver, b… de partusole, » que j’y ai dit !

PARVÉRER. Voy. éparvérer.

PAS. — Le Pas de la porte. Seuil. Y a t’un miron que vient tous les jours faire son grand tour sur le pas de notre porte.

Aller à pas de poule, Aller moins vite qu’un train rapide.

PAS, s. m., terme de canuserie. — Ouverture de la medée qui se produit quand le canut appuie sur la marche. Retrouver le pas, Défaire un morceau d’étoffe pour retrouver un coup de trame défectueux. Travailler à pas ouvert, à pas fermé, Donner le coup de battant la medée étant encore ouverte ou déjà fermée, suivant l’exigence des articles.

PAS, loc. interrogative. — Contraction de n’est-ce pas. — Ti viendras demain, pas ? On dit plus élégamment : Tu viendras demain, t’i pas ? — Ici, t’i pas est par analogie avec ne viendra-t-il pas ? Ce t’il pas a été transporté aux autres personnes du verbe. Ainsi l’on dira de même : Vous viendrez, t’i pas ?

Pas moins, adv. — Cependant néanmoins. Il a une grande fortune ; pas moins c’est un pioustre. Pas est pris comme l’équivalent de non, car Littré donne non moins comme l’équivalent de néanmoins. Je ne crois pas cependant qu’il ait raison, et qu’on puisse dire non moins c’est un pioustre, mieux que pas moins c’est un pioustre. IL faut donc convenir que notre locution est incorrecte ; pas moins, elle est très piquante.

(Pas plus tard qu’aujourd’hui, 13 octobre 1894, j’ai le plaisir de la rencontrer dans un grand journal de Lyon : « Nous savons que la vérité doit être respectée… Mais, pas moins, notre excellent confrère avouera, etc. »)

Pas, suivi de rien, pour renforcer la négation (voy. rien).

PASCONNAIS (Paconè). — Nom de toute personne que l’on ne connaît pas. Une jolie plaisanterie consiste, au théâtre, à dire à son voisin : Te vois ben cette dame, là-bas, aux premières, avè un chapeau couleur de ménage ? — Oui, qui est-ce ? — Te la reconnais pas ? — Non. — C’est Mme  Pasconnais. On dira encore : Est-ce que te sais l’allemand, toi ? — Si je le sais ! C’est M. Pasconnais que me l’a-t-appris. — Enfin d’autres spirituelles gandoises de même genre.

PAS-FAILLI ou PIED-FAILLI, terme de canuserie. — Défaut dans une pièce, qui provient de ce que le canut s’est trompé de marche en appuyant le pied. — Au figuré, Fausse démarche, pas de clerc. Le Paterne aurait dû demander la Dédèle à sa m’man, au lieu de son p’pa, qu’est zéro en chiffre. — C’est un pied-failli.

PASQUIN. — Individu qui fait rire en faisant des charges, des grimaces. Il est pasquin comme pas un. On dit aussi : Il a l’esprit pasquin. Le mot n’est pas péjoratif.

PASQUINER, v. n. — Faire le pasquin.

PAS-RIEN, s. m. — Vaurien, mauvais sujet, drôle. — L’expression est très péjorative. — Contraction de Ce n’est pas rien pour Ce n’est rien.

Rien signifiant proprement chose, un pas-rien est exactement un pas-grand’ chose.

PASSAGÈRE. — Une rue passagère, Une rue où il passe beaucoup de monde. Je ne trouve pas la métonymie plus extraordinaire que dans le français une rue passante.

PASSEPORC. — Manière aimable de prononcer le mot passeport. On n’y manque jamais. — Dans les temps d’anarchie les employés de l’administration se permettent toutes les frasques. Mon père me contait que sous le Directoire, l’un d’eux s’était donné le plaisir d’écrire sur le « passeporc » d’un Lyonnais gros et gras : « Chapeau à claques, — Visage id. »

PASSER, v. n. et a. — Passer quelqu’un dehors, Le mettre à la porte. C’est une métonymie. Comp. Tomber quelqu’un, le renverser, le faire tomber.

Passer dans œuvre, Être en perte dans une affaire. Si je ne peux pas vendre mon