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NŒUD, s. m. — Le nœud du cou, La nuque.

Nœud, terme de canuserie. Il y a des nœuds de forme variée : Nœud à l’oiseau ou à l’ongle (de l’ital. nodo a uccello) ; Nœud tirant ou volant (c’est celui qu’on emploie au remondage pour le rhabillage des fils cassés) ; Nœud coulant ; Nœud à bretetle.

NOIR. — Avoir le noir, Avoir l’esprit tourné aux choses tristes, le plus souvent sous une influence physique. — Être dans ses noirs. Se dit de quelqu’un qui a un accès d’humeur sombre. Faut pas lui parler de ce mariage aujourdhui, il est dans ses noirs.

Avoir le vin noir, Avoir l’ivresse triste.

Noir comme le cul de la poêle. Ne se dit pas de quelqu’un remarquable par sa blancheur.

Noir comme le c… du diable. Je le crois très noir, mais on est obligé de s’en rapporter.

NOIX. — La noix du genou, La rotule. Ce nom est très bien trouvé, car la rotule fonctionne comme, en mécanique, une noix dans sa chappe.

NOM, s. m. — Un nom à coucher dehors. Se dit d’un très vilain nom, comme par exemple, celui de ce préfet de Louis-Philippe, qui s’appelait Cochon. J’ai connu des noms pires, témoins des noms obscènes. — La même métaphore s’emploie pour figure (voy. ce mot).

Nom d’un rat ! — Juron très usité. C’est le juron favori de Guignol. Les Provençaux disent de même : Noum d’un garrit !

NON. — Non, c’est le chat. Voy. chat.

NONANTE, nom de nombre. — Quatre-vingt-dix. Il est encore très usité à Lyon. Pour désigner la Terreur, nous ne disons jamais que Nonante-trois. — Mot excellent qu’il faut conserver.

NONANTER, v. n. — Au piquet, Faire repic. Molard donne ce mot, que je n’ai jamais entendu. Je ne connais pas du reste le piquet autrement que par ce mot que le cousin Dupont répétait sans cesse à mon grand-père : Cousin, souviens-toi que le piquet n’est jamais entré dans la tête d’une bête !

NOPCE, s. f. — C’est une manière plaisante de prononcer le nom, qui est d’ailleurs la prononciation archaïque. On s’en sert quand on veut appuyer sur le mot, le mettre en vedette. Cornaveau paie son diner de garçon. Ça va-t-être une nopce !

NOURRICE. — Embonpoint de nourrice. Se dit d’un embonpoint marqué, mais qui n’est pas l’obésité.

Les nourrices auront bon temps, les enfants s’amusent. Se dit lorsqu’on voit de grandes personnes passer leur temps à des occupations enfantines.

NOURRISSAGE, s. m. — Molard a, sur ce mot, un paragraphe tout uniment excellent : « Nournissage : Prix convenu pour nourrir un enfant. Ce mot n’est pas français. On ne trouve dans l’Académie que le mot nourrice qui ne rend pas l’idée qu’on exprime par nourrissage ; ainsi il convient de le conserver ; il a d’ailleurs toutes les qualités nécessaires pour passer dans notre langue. Il a pour racine le verbe nourrir ; et puisqu’on dit payer son apprentissage, on peut bien dire payer le nourrissage. »

Le mot de nourrissage a deux autres acceptions, également légitimes : 1° L’action de nourrir : Le nourrissage au biberon ; 2° Le temps pendant lequel la mère ou la nourrice allaite l’enfant. Humbert donne l’exemple : Mme  N… s’est mieux portée pendant son nourrissage que jamais auparavant.

NOURRISSEUX, s. m. — Père nourricier. Le nourrisseux du petit est venu le voir.

NOYAUX. — Avoir des noyaux, Avoir de l’argent. L’argent se compare volontiers à des choses sans valeur. Comp. Avoir des pignolles.

Ne pas avoir une chose pour des noyaux de prune. Se dit de quelque chose qui coûte gros.

Un canapé rembourré avec des noyaux de pêche. Se dit d’un canapé un peu dur.

NOYER. Voy. nèyer.

NU. — Le nu du mur, terme de construction, Parement extérieur d’un mur. Le pavillon sera en saillie d’un mètre sur le nu du mur du bâtiment… La devanture se placera sur le nu du mur. Le mot de nu qualifie ici le parement dépouillé de tout revêtement.