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malheur qu’il ferait naufrager une barque d’objets sacrés, encore bien que leur nature dût sembler les faire préserver par la Providence.

Se nèyer dans son crachat. Voy. crachat.

Ces diverses expressions s’emploient aussi avec le français noyer. Vieux franç. neier, de necare.

NEZ. — L’architecte : Vous avez une colonne qui a du maigre. — Oh, Mecieu l’architecte, ça se voit pas ! — Ça se voit comme le nez au milieu du visage !

Louison : I veulent me marier avè un petit raboulot, parlant par respect, qu’a le nez entre deux fesses. La Louison veut dire un petit nez entre deux grosses joues. Cette locution est très reçue.

Je suis allé voir M. Nigodet, mais j’ai trouvé nez de bois, Je n’ai trouvé personne. La métaphore est drôle, mais je ne saisis pas bien la liaison des idées, car le visiteur n’a pas trouvé le nez de Nigodet, c’est sûr, mais il n’en a pas non plus trouvé un autre en bois.

Jamais grand nez n’a désondré visage. Voy. désondrer.

Le nez aussi plat comme une andouille. Se dit d’un gros nez charnu.

À vue de nez, comme les chiens attrapent les puces, À l’ême, au juger. J’ai fait mon dessin sans mesurer, à vue de nez, comme, etc.

Faire des farces à un pauvre détrancané, ça n’a point de nez, Ça n’a point d’esprit, point de sel. Ce que tu nous racontes là n’a point de nez, Tu nous dis des sornettes.

Le nez d’un bateau, terme de batellerie, La proue.

NI. — Ni peu ni trop, Beaucoup, abondamment, fortement. Je lui ai lavé les oreilles ni peu ni trop… Nous avons bu ni peu ni trop. — L’idée primitive est ni trop ni trop peu, c’est-à-dire « à juste mesure » ; puis le sens est dérivé à « à pleine mesure ». Il a paru que, pour boire, par exemple, la juste mesure était la grande.

Ni vu ni connu, je t’embrouille, locut. proverbiale. Se dit à propos de quelqu’un qui est dupé sans en avoir le moindre soupçon, en n’y voyant que du feu. La Nanette a fait croire à se n’homme qu’elle allait à Venissieux voir sa tatan, tandis qu’elle allait à Craponne voir M. Pistolet. Ni vu ni connu, je t’embrouille !

NIFLER, v. a. — 1. Renifler. — 2. Par extension, sentir. Mameselle, faites-moi nifler vos cheveux que puent si bon ! — Vieux franç. nifler, le simple de renifler qui a seul persisté dans le langage accadémique.

NIGAUDINOS, s. m. — Comment, i vont marier ce grand nigaudinos ! I faudra que ce soye sa femme que lui apprenne l’état. — C’est nigaud, transformé en nom propre prétendu latin, par analogie avec Christaudinos (voy. ce mot), libera nos, et autres semblables.

NIGAUDS. — Les Nigauds de la Platière, qui prennent les sous pour des liards. Proverbe ironique, entendant que les prétendus nigauds comptent toujours à leur avantage. On dit de même Les Innocents de la Platière. C’est un de ces proverbes injurieux pour tel ou tel quartier, qui étaient jadis communs à Lyon. Comp. les Jardus de la Grenette, les Cornards du Bourchanin.

NIGODÈME, s. m. — Sot, nigaud. « Je li disi : Nigodaimo, — Onte est don que te va ? » (Noël de Jean Guigoud.) — S’emploie souvent avec le mot de grand. Parle don pas de ce que te sais pas, grand Nigodème ! — On a joué sur Nicodème, nom propre, où l’on a vu nigaud, plus un suffixe drôle. Comp. Nigaudinos.

NIGUEDOUILLE, NIGUEDANDOUILLE, s. m. — Grand nigaud, grand sot. — C’est nigaud avec le suffixe péjoratif ouille, et l’insertion de une ou deux syllabes entre le thème et le suffixe, pour accuser le caractère déprisant. Ajoutez que niguedandouille a de plus l’avantage de rappeler andouille.

NIOCQUE. — Voyez gnoque. C’te niocque s’est laissé prendre un pain…

NIX, NIXO, adv. — Pas du tout, nullement, néant, rien. Je comptais que Greluchard, quand il a rendu sa pièce, me rendrait les trente-cinq sous que je lui ai prêtés, mais nix… On disait que la fille aux Pouillu était vartueuse, mais nixo ! Paraît qu’elle a mis au levain. — De l’allem. Nichts.

NOBLE. — Un noble, Un porc. Souvenir de la haine du paysan contre le noble.