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2 fr. 75. La bonne ne pouvant parvenir à comprendre ce que c’était que de monter le feu, s’était adressé à la maîtresse d’hôtel, qui n’avait pas compris davantage. On avait tenu conseil et décidé que cela voulait dire l’allumer et l’entretenir.

Monter un métier, Le disposer de façon à recevoir la pièce qu’on lui destine ; le munir de ses agrès, faire faire le remettage, etc.

MONTEUR. — Monteur de métier, Ouvrier qui, lorsqu’il s’agit d’un article nouveau pour un métier, vient organiser celui-ci d’après la disposition donnée par le marchand. C’est une opération des plus compliquées, que le canut sait faire, mais celui-ci préfère, le plus souvent, appeler un monteur qui le fait beaucoup plus rapidement.

MONTFALOU, s. m. — On dit que, depuis quelques années, cette expression s’est introduite pour Pacan, Paysan mal dégrossi. — L’origine est évidemment le mont Falou inventé par Victor Hugo dans sa ballade de Gastilbeza. Par métonymie, on a fait de mont Falou un habitant de ce mont que l’on suppose très sauvage et très reculé. Cette locution stupide a été évidemment rapportée de Paris par quelque bel esprit.

MONTMERLE. — T’as vu la Génie avè sa calèche à marabouts ? — Elle est comme la sainte Vierge de Montmerle, tant plus qu’on la pare, tant plus elle est laide.

MONTRE. — Quelle heure est-il ? — Dix heures. — Vas-tu bien ? — Comment ! c’est ma montre qui règle le soleil ! Il est de règle qu’on réponde par cette spirituelle gandoise.

MOQUE. — Je t’en moque !Il a voulu se faire nommer conseiller municipable, mais je t’en moque ! On dit aussi dans le même sens : Je t’en casse !

MORDURE, s. f. — Morsure. Fait sur mordre, comme pâture sur paître, bordure sur border.

MORIBONNE. — C’est le féminin que nous donnons à l’adjectif moribond. Y a la Toinette qu’est moribonne.

MORJON, s. m. — 1. Gland d’un bonnet de nuit. — Je crois que c’est morion tourné en ridicule.

2. Méchant petit gamin collant dont on ne peut se débarrasser. Veux-tu t’ensauver, petit morjon ! — Euphémisme pour un mot qui ne doit pas être prononcé.

MORNAIN, s. m. — Nom de deux cépages, le mornain blanc et le mornain noir.

MORSILLER, v. a. et n. — Mordiller. Les jeunes chiens aiment à morsiller. — Tandis que mordure est une formation récente sur mordre, morsiller est une formation ancienne sur morsum. Le vieux français avait amorsiller, même sens, que nous avons réduit à morsiller.

MORT. — La Mort qui file. C’était, me disait mon père, une enseigne (j’ai oublié où) représentant la Mort filant. Elle faisait une grimace épouvantable, d’où, lorsqu’on se tord la bouche et les yeux, on appelle cela faire la Mort qui file. L’expression est ancienne, car je l’ai retrouvée dans je ne sais plus quel bouquin du moyen âge.

Mort d’un côté, Paralytique hémiplégique. Le pauvre père Melonnier a pris une attaque, il est mort d’un côté.

MORTAVIE, s. f. — Moldavie ou Mélisse de Constantinople, qu’on emploie comme vulnéraire et réchauffant. Mais le canut donne surtout ce nom à la liqueur de ménage que l’on fabrique en faisant macérer des feuilles de moldavie dans de l’eau-de-vie.

MORTE (les canuts prononcent le plus souvent Meurte). — 1. Temps de chômage pour la fabrique. « La meurte, hélas ! a remplacé la presse. » (Ma Navette.) Dieu seul sait ce que ce mot de morte peut représenter de souffrances ! Pourtant aujourd’hui la morte est moins terrible encore que jadis, parce que la majeure partie des métiers étant au dehors de Lyon, l’ouvrier de la campagne, qui n’a pas que son métier pour seule ressource, est plus à même de supporter quelque chômage.

2. Endroit d’une rivière où l’eau ne court pas, soit que l’eau y dorme, soit qu’elle y forme un tourbillon (voy. moye).

MORTUAIRE, s. m. — Extrait mortuaire, J’ai fait venir le mortuaire de mon oncle.