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conversation, le monsieur, appelé par ses affaires, laisse l’architecte avec sa femme, lui disant : « Vous ferez tout ce que ma femme vous dira. »

La dame était jeune, fraîche, en fort bon point, déparée seulement en ce qu’elle béguait, non sans quelque grâce même. On arrête les dispositions générales. Supplications à l’architecte de commencer les fondations. Il déclare la chose impossible. Monsieur, disait la dame avec une grâce infinie, vous… vous me ferez ce mi… mi… L’architecte se souvenant de la recommendation du mari de faire tout ce que dirait sa femme, il l’embrasse. Racle ! fait la femme, en le repoussant avec violence. L’architecte comprit, mais trop tard, qu’elle avait voulu dire « miracle ». — Il faillit n’en pas faire la maison, mais tout s’arrangea.

Mimi est forgé par répétition de syllabe, comme les mots enfantins, possible avec l’intention d’imiter le bruit du baiser sur chaque joue.

Faire mimi à la pincette, C’est un baiser qui se fait d’une manière aimable en tirant les deux joues de la personne embrassée (pour autant qu’alors on ne peut pas l’embrasser sur les joues).

Je connaissais un jeune licencié ès lettres qui faisait étalage de son latin. Toutes les fois qu’on donnait une pénitence aux jeux innocents, il se précipitait sur une dame (ou une demoiselle) pour l’embrasser, en criant : Primo mini !

MINABLE, adj. des 2 g. — Misérable, chétif. Avoir l’air minable, Avoir une apparence de misère. — De miner, comme le franç. miné, consumé.

MINÉ, s. m. — Travail qui consiste à défoncer la terre en faisant des fossés successifs. Faire un miné.

MINER, v. a. — Faire un miné à une terre. — Dérivation de sens du franç. miner.

MINISTRE, s. m. — Porc. L’injure ne vise pas les ministres politiques ; avant l’invasion du journalisme populaire, le menu peuple ignorait presque ce que c’est qu’un ministre. Elle remonte au xvie siècle et a son origine dans les querelles religieuses. C’est une injure des catholiques contre les « ministres du saint Évangile ». En Limousin la même appellation désigne les ânes.

MINON, s. m. — 1. Fourrure en général. J’ai fait garnir ma robe avec du minon pour cet hiver… Tel que vous voyez ce manteau, j’y ai fichu pour huit cents francs de minon.

2. Hermine des magistrats. C’est des gens qu’ont de grand’s manches avè de minon blanc.

3. Sorte de palatine.

4. Petit chat.

5. Terme libre. Pubes feminea.

Pour 1, 2 et 3, de hermine, devenu herminon, minon. Pour 4 et 5, forme de minet.

MIÔLE, s. f. — Moelle.

On entendrait gasser la miôle dans mes os, dit Jean-François-Benoni Petavet, compagnon taffetatier, dans sa déclaration à Mlle  Daudon Medée. — De medulla.

MIQUE, s. f. — Dans l’expression Une grande mique, une grande fille niaise et dégingandée. C’est par erreur que Fraisse écrit nique. S’emploie en opposition avec boque (voy. ce mot). — C’est, avec extension de sens, le patois mica, amoureuse, maitresse ; ina petita mica, une petite fille ; du vieux provençal mica, lui-même d’amica.

MIRACLE. — Faire un miracle, Casser quelque chose. Fais don pas porter c’te pile d’assiettes à la Lucie : te sais ben qu’alle est adroite comme l’oiseau de saint Luc ; alle va faire un miracle, pour sûr !

MIRON, s. m. ; MIRONNE, s. f. — Chat. Chatte. Les femmes, c’est comme les mironnes : elles vous font miaou, miaou ! Puis quand vous les touchez, elles vous graffinent. (De mon maître d’apprentissage.) — Onomatopée du ronronnement.

MISE, s. f. — Mèche de fouet. — De myxa, qui donne misse, passé à mise, par confusion avec le participe passé de mettre.

Mise en carte. Voy. carte.

MISER, v. a. et n. — Surenchérir. J’irai à l’incan. Y a une calèche. Je la miserai jusqu’à cinquante francs : tant pis si elle me reste ! J’ai toujours cru ce mot français, jusqu’à tant que j’aie vu qu’il n’était pas dans Littré.

MISÈRE. — Misère, Misère ! tu as tué mon père, mais maintenant je te tiens ! Phrase qui se dit lorsqu’on est en présence de quelque situation difficile.