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canut à un maire de la banlieue qui se réclamait de sa magistrature pour faire de l’esbrouffe.

LIÉES. — Avoir les dents liées, Les avoir agacées. J’ai mangé de griottes, j’ai les dents liées. — Faut te les frotter avè de sel.Liées, qui ne peuvent pas mordre en liberté.

LIER. — Il ne sait ni lier ni délier. Se dit de quelqu’un d’incapable, qui ne sait prendre aucun parti.

LIEUE, s. f. — Lieue de pays. Nous la comptons ordinairement pour cinq kilomètres, et la lieue de poste pour quatre. Mais la lieue de pays est comme les mètres en caoutchouc ; elle s’étend indéfiniment. — Combien de lieues d’ici à Tarare ? — Quatre. Elles ne sont pas larges, mais elles sont longues. Aimable plaisanterie que l’on fait au voyageur lassé.

LIÈVRE. — Il est comme les lièvres, il perd la mémoire en courant.

LIGNEU, LIGNU, s. m. — Ligneul. À l’inverse du franç. nous ne prononçons jamais l final. Nous prononçons d’ailleurs comme les cordonniers eux-mêmes.

LIMACES. — Parmi les remèdes populaires en vogue dans mon jeune temps, il faut compter l’avalement des limaces toutes vives. C’était considéré comme infaillible pour les pulmoniques. Bossan, qui joignait à un immense talent un grand faible pour le merveilleux, avait dans sa jeunesse une santé délicate, pour laquelle il consultait souvent une femme de la rue Saint-Jean, que magnétisait un nommé Poulard. Elle lui avait ordonné d’avaler force limaces. Mais tandis que le peuple croyait simplement à une action adoucissante du remède, Bossan m’expliquait que l’efficace consistait surtout dans l’action magnétique exercée par un être descendu vivant dans l’estomac, et dont on s’assimilait la vie. Donc nous allions le matin, dans la rosée, nous promener aux Étroits avec une bonbonnière de sucre pilé dans la poche, et malheur aux énormes limaces que l’on rencontrait ! On les saupoudrait, et kiouf ! — J’avoue que, si fortement qu’on m’ait conseillé le remède, je n’ai jamais eu le courage de le tenter. Je préférais tousser.

Limace, Personne lente et molle. Arrives-tu, limace ?… C’te limace de Pétrus qu’a pas encore rendu !

LIME. — Lime douce.Y a la Babet qu’a dit comme ça que la Glaudine en faisait porter à son mari. — C’est assez connu que la Babet est une lime douce. Pour dire une mauvaise langue, facilement calomnieuse.

LIMOGES, s. m. — Sorte de coton rouge. Delaïde, achète don du limoges pour marquer mes mouchenez. — Je suppose que ce fil vient ou est censé venir de Limoges.

LIMONADIER. — Allons, limonadier de la Passion, porte-nous une bouteille ! Se dit volontiers au cabaretier chez qui l’on va boire. Le limonadier, c’est le soldat qui porta à la bouche de Jésus du fiel mêlé de vinaigre.

LIMOUSIN. — Manger comme un Limousin, Manger énormément (comp. étr… de Limousin). Limousin est pour nous synonyme de maçon.

Document de Limousin, parlant par respect. Voy. sous étr…

LINGE. — De par Callet, Linge à barbe pour linge à essuyer le rasoir n’est pas correct, il faut dire un frottoir. Quoique Littré donne linge à barbe avec cette acception, Callet a raison, car le linge à barbe, c’est proprement le linge dont on s’essuie le groin quand la barbe a été faite, et il est bon d’avoir un autre mot pour linge à essuyer le rasoir.

Reconnaître son linge, Le compter en l’examinant quand la buyandière le rapporte.

LINGE-SALE, s. m. — Garde-linge. Mecieu l’architecte, vous n’oublierez pas de me faire un linge-sale au-dessus des commodités ? — Oui, madame. — Avec une porte qu’on ouvrira en tirant la ficelle, pour que ça soye plus commode pour mettre le linge au sale ? — Oui, madame. L’expression mettre le linge au sale est singulière, car enfin on n’a pas besoin de le mettre au sale, il l’est déjà.

LINGER (SE), v. pr. — Se monter en linge. Une bôye qu’a de la pourvoyance doit se linger à fleur et à mesure qu’elle gagne quèques liards, pour ne pas se marier sans chemises.