Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LÈVRES. — Des lèvres en rebord de pot de chambre. Image gracieuse qui n’a pas besoin d’explication.

LEVRETTE, s. f. — Mâche, valeriana olitoria. Je ne vois d’autre raison à ce nom, sinon qu’il n’y a pas de raison.

LEZ (lèss), s. m. — Lé, largeur d’une pièce d’étoffe, d’un rouleau de papier peint, etc. — Je ne peux m’expliquer l’s finale dans la prononciation que par suite de l’erreur d’orthographe lez pour , puis par la fausse prononciation, d’après la lecture, de ez, comme dans Rhodez, Ravez, Buchez, Suez, etc.

LIACHE, s. f. — Tique des chiens, ixodes ricinus. De lagasta, forme de locusta.

LIAGE, s. f., terme de canuserie. — Lorsque, à la fin d’une pièce, la chaine va quitter le rouleau de derrière, on passe la soie dans une sorte de pince en bois, qui a la largeur de l’étoffe. Les deux règles qui la composent sont serrées au moyen de poulets (voy. ce mot). Cette pince se nomme liage. Elle a pour but de maintenir la régularité dans la tension des fils de la dernière longueur.

LIAQUE, s. f. — Avoir le ventre en liaque, parlant par respect, L’avoir dérangé. — Onomatopée délicate. Beaucoup de dialectes ont exprimé la chose par des onomatopées du même genre. Comp. le normand clliche, même sens.

LIARDS. — Avoir des liards, Être riche. Rochide, est-i si riche comme on dit ? — Oh, il a de liards ! Le populaire, pour symboliser la richesse, prend toujours les monnaies les plus petites. Comp. Avoir des escalins, des espinchaux (voy. ces mots).

Les liards sont de fois plus amis de la joye que les écus, disait mon bourgeois.

À deux liards le pot, À très bon marché. Il a acheté c’te maison à deux liards le pot.

Fendre les liards en quatre, Être très économe.

LIASSE. — Une liasse d’oignons, Une glane d’oignons. Une liasse de poireaux, Une botte de poireaux. Une liasse de pattes, Une trousse de linge. Une liasse de clefs, Un trousseau de clefs.

On a peine à comprendre que des expressions si naturelles ne figurent pas dans les dictionnaires, et, de plus, qu’il faille changer de qualificatif à chacun des objets pour lesquels un qualificatif général convient si bien. Oignons ou poireaux, ils sont toujours en liasse.

LIAUDE. — Claude, nom d’homme. C’est un Liaude, C’est un sot, un nigaud. Comp. Un grand Benoît, Un Jean-Jean, Un Colas, et le vieux franç. Un Jeanin, Un mari trompé. Je crois que le sens péjoratif de certains noms propres vient de ce que ces noms étaient plus spécialement portés par certaines classes inférieures, manants, paysans, etc.

LIAUDE. — Claude, nom de femme. Le secret de la Liaude, Le secret de Polichinelle, que tout le monde sait. Sais-tu que le Benoît va marier la Fanchette ? Faut pas le dire. — C’est le secret de la Liaude ; ma fenne l’a-t-apprenu hier à la plate. Liaude est pris au sens de sotte, niaise, qui ne sait rien dissimuler.

LIBOURNE. — De quel côté que je me tourne, je ne vois que la ville de Libourne. Se dit lorsqu’on ne voit aucune issue à une situation difficile ou embarrassée. Le dicton, qui me paraît surtout appelé par la rime, doit avoir été importé, car il existe dans la Saintonge.

LICHARD, s. m., LICHOIRE, s. f. — Homme, femme qui aime à faire la noce. — Vieux franç. lecheor, glouton, parasite.

LICHECASSE, s. m, — Gourmand. — Composé de licher et casse, casserole. Mot à mot, Qui lèche Les casseroles.

LICHET, s. m. — Petite patte dont on fait une poupée au bout d’un morceau de bois et qui, enduite de graisse blanche, sert à frotter la poêle, à seule fin que matefains et omelettes n’y arrapent pas. Au besoin, cela sert de quindure. — De licher, sensiblement, parce que la patte liche la poêle,

LICOTTE, s. f. — Brin d’osier ou d’un arbuste flexible, servant à lier. — Du prov. liguar, lier.

LICOU. — Je ne connais pas l’âne qui n’a pas le licou, Je ne connais pas le maire quand il n’a pas l’écharpe. Noble parole à la Mirabeau, dite un jour par un bon