Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LANCÉE. Voy. élancée.

LANCEUR, s. m. — De mon temps, c’était un gone qui, dans les brochés en grande largeur, c’est-à-dire dépassant l’amplitude des deux bras du canut, recevait la nvette d’un côté, puis la relançait. Avec le battant à double boite, il n’y a plus besoin de lanceur.

LANCIS, LANCÉ, terme de construction. — Pierre de taille mince et longue qui se pose à plat dans un dosseret ou un jambage de baie, en alternant avec les crosses sur chant (voyez crosse). — De ce que la pierre est lancée dans le mur (au sens de pénétrer).

LANÇONNIER, LARÇONNIER, s. m., terme de construction. — Petit soliveau placé transversalement dans l’épaisseur d’un mur de pisé en construction, et qui sert à maintenir les banches entre lesquelles on pise la terre. La forme larçonnier est la plus commune. — Trous de larçonnier, trous laissés dans le pisé par le larçonnier et qui sont bouchés plus tard. — Du vieux franç. lançon, branche d’arbre, par extension petite pièce de bois, de lancea.

LANGUE. — Langue de chat, Mensonge, pellicule qui croit autour des ongles.

Langue de femme, Amourette des prés, briza media. Ainsi nommée parce qu’elle remue toujours.

Avoir la langue bien pendue. Se dit de quelqu’un qui parle beaucoup et longtemps.

Une langue à faire battre la sainte Vierge avec saint Joset. Se dit d’une personne qui rapporte et envenime les choses.

Avoir la langue double. Se dit de l’homme ivre qui, par suite d’une semi-paralysie de la langue, parle avec difficulté.

Pour avoir de bons grollons, il y faut une semelle en langue de femme. Parce que c’est inusable.

LANGUETTE, s. f. — 1. Bande d’étoffe ajoutée pour élargir. Faut mettre une languette à la ceinture de mes caneçons.

2. Morceau très mince. Donne-me don une languette de fromage de cochon.

3. Terme de construction, Cloison en briques séparant deux gaines de cheminée. — Fait sur langue.

LANLAIRE. — Va te faire lanlaire. Euphémisme poli pour « Va te faire… ! » — Mot comique forgé de toutes pièces.

LANTERNE, s. f. — 1. Briller (parlant par respect) comme un étr… dans une lanterne. Voy. étr…

2. Personne lambine. La mère Galuchard à son fils qui porte une bouteille de vin dans un panier à salade et s’amuse à le branlicoter : Vances-tu, lanterne ? — Voui, m’man ! — Lanterne est ici un subst. verbal de lanterner.

3. Estomac, surtout quand il est vide. As-tu quèque chose à me mettre dans la lanterne ?

4. Organe de la Jacquard, dans lequel, avec beaucoup de bonne volonté, on peut voir quelque ressemblance avec une lanterne. C’est une plaque de fer, fixée à l’extrémité du cylindre sur quatre tiges de fer. C’est sur ces tiges que mordent les loquets qui font accomplir au cylindre un quart de révolution à chaque fois que le canut enfonce la marche. De mon temps la lanterne était toujours placée sur le devant du métier, côté de l’ouvrier. De là les expressions côté de la lanterne (devant) ; côté opposé à la lanterne (derrière). — Au fig. Je suis tombé du côté opposé à la lanterne. Le dicton ne peut plus s’appliquer aux nouvelles mécaniques en 1100 crochets qui ont deux lanternes, une devant, une derrière.

5. Terme de canuserie, Feuille de carton blanc placée sous la medée, près du remisse (ou corps) afin de permettre au canut, dans les couleurs foncées, de voir facilement les écorchures des fils.

LAPIDER, DELAPIDER, v. a. — Lapider, delapider quelqu’un, L’importuner, le persécuter pour en obtenir quelque chose. Il me lapide pour lui prêter de l’argent. Dans la forme delapider, de est intensif.

LARD. — Moitié lard moitié cayon. Répond au dicton français Moitié chair, moitié poisson. Cela paraît singulier, car lard et cayon, ça se ressemble beaucoup, mais ici le dernier mot est pris dans le sens de chair, de maigre, par opposition au lard.

On ne sait si c’est du lard ou du cayon, On ne sait trop qu’en dire.

LARDÈNE, s. f. — Mésange, parus major de Linné. — De larder, piquer. La lardène est celle qui larde les oreilles à cause de son