Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

GRATTE, s. f. — 1. Action de gratter. Je m’ai fait saigner les fumerons à force de gratte.

2. La gale. Dans mon jeune temps les anciens nous recommandaient de mettre toujours des gants pour danser dans les bals publics, histoire de ne pas attraper la gratte.

3. Petits profits illicites, grivelages. — Sais-tu si les gandous sont bien payés ? — Heu, heu, s’i n’aviont pas la gratte pour les rattraper ! Paraît qu’i volent tous de la marchandise ! — Subst. verbal de gratter, indubitablement.

GRATTE-C…T’as vu la nouvelle mariée ? Est-elle bien fraiche ? — Fraîche comme un gratte-c… Une jeune personne doit éviter de faire en public cette comparaison ironique.

GRATTER, v. n. — Lorsque, dans une partie au jeu de boules, on ne fait point de point on dit qu’on a gratté. Il y a là quelque chose de sous-entendu que je ne comprends pas. Gratter est un euphémisme poli pour « baiser le c… de la vieille » (voy. baiser).

Gratter le blanc des yeux avec un clou rouillé. Figure ironique. Quand t’iras voir ton regrettier, faudra n’être bien poli ; faudra lui gratter le blanc des yeux avec un clou rouillé.

Gratter la rogne, Flatter. Pardi, il fait lamper le Colas, parce que le Colas lui gratte la rogne !

GRATTIL (grati), s. m. — Chatouillement. La Fine craint le grattil. — Subst. verbal de gratiller.

GRATTILLER, v. a. — Chatouiller. — Diminutif de gratter.

GRATTUSE, s. f. — Râpe. Où don t’as mis la grattuse ? — À cause ? — Pour râcler de racines jaunes pour la jaunisse de M. Godelon. — De gratter.

GRAVÉ. — Gravé de petite vérole. « Dites marqué de petite vérole, » ajoute Molard. La même observation m’a déjà été faite. Je ne comprends pas l’erreur. Gravé de petite vérole, qui figurait dans la première édition du Dictionn. de l’Acad., en 1694, figure encore dans celle de 1884.

GRAVELIN, s. m. — Homme gravé de petite vérole. C’est un gravelin, Ce gravelin que vous avez vu. Ce mot, signalé par Bréghot en 1829-1831, avec ces exemples, me parait tombé en désuétude. — Sur la formation du mot, comp. gravelle, graveleux.

GRAVIER. — Eh ben, comment va la tousse ? — Gn’y a qu’une infusion de graviers, sucrée avè de jus de pioche, que me guérira, c’est-à-dire la tombe.

GRAVIR. — J’admire de plus en plus les maitres d’école qui corrigent l’Académie. Molard défend de dire gravir une montagne, il faut dire gravir sur une montagne, et l’Académie donne en exemple gravir un retranchement.

GREDIN, s. m. — Avare. Le père Grattier, un gredin que donnerait pas un liard à un affigé ! — C’est la signification étymologique : moyen haut allem. grit, avidité; anglais greedy, avide, gourmand.

GREFFIER, s. m. — Ne s’emploie qu’avec l’article le. Va don acheter de melette pour le greffier, c’est-à-dire pour le chat. — Jeu de mots sur griffe : greffier pour griffier.

GRÊLE, GRÊLASSON ou GROS. — Charbon plus gros que les dragées et moins gros que le pérat.

GRELET, GRELU, adj., ordinairement employé seulement au masculin. — Étriqué, chétif, misérable au physique. J’ai vu le futur, un petit grelu qu’a de la mogne comme un cog saigné. La Nanon, qu’est d’un gros sang, va vous le faire tomber en bave : ça, c’est sûr ! — De gracilem.

GRELUCHON, s. m. — N’a pas du tout chez nous la signification qu’il a en français. C’est simplement grelu, avec un suffixe méprisant qui rend le mot plus péjoratif. Un Greluchon, un pauvre hère, au physique et au moral.

GRENETTE. — Une femme commandée à la Grenette, c’est-à-dire d’un caractère parfait, parce que la rue Grenette était la rue des tourneurs, des marchands d’objets en buis, et qu’une femme tournée en buis n’a jamais mauvais caractère.

GRENOBLE. — Conduite de Grenoble. Voy. Conduite.