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espèce d’animaux bizarres, mais la science ne vaut jamais la nature, et il reconnaissait loyalement qu’avec cette pommade les résultats, encore bien qu’excellents, n’étaient pas aussi miraculeux qu’avec l’autre.

GRAMIN, s. f. — Chiendent. — De gramen.

GRAND. — Ma Grand’Mon Grand, Abréviation de Ma grand’mère, Mon grand-père. Mon grand est mort à huitante-cinq ans.

GRAND’CÔTE. — Recevoir un coup de pied au bas de la Grand’Côte. Les Italiens, qui sont classiques, disent nel preterito.

GRANDIR. — Oh, comme vous avez grandi, votre tête dépasse vos cheveux ! Agréable gandoise que l’on dit aux personnes chauves.

GRANGE, s. f. — Chez nous, ce n’est pas seulement le bâtiment de ferme destiné aux récoltes, c’est aussi l’habitation du fermier, et même l’ensemble de l’exploitation rurale. J’ai deux granges dans la montagne.

GRANGER, s. m. — Se dit de celui qui fait valoir un domaine, moyennant un gage, les fruits restant au propriétaire. À Nyons se dit du métayer, mais chez nous le métayago est à peu près inconnu. Breghot remarque que le mot n’existe pas dans les dictionnaires. Mais depuis lors Littré l’a recueilli et l’on s’étonne que l’Académie n’ait pas suivi son exemple.

GRANIQUE, s. m. — Granit. On fait maintenant des pavés en granique. Très reçu.

GRAPIGNAN, s. m. — Grippe-sous. Le mari : Y a le regrettier que veut nous augmenter.La femme : Faut parler au propriétaire ; i sera pt’ ête moins grapignan. — Même origine qu’agraper (voy. ce mot).

GRAPILLON, s. m. — Montée très roide. Le mercredi 9 avril 1834, la famille, se sauvant devant l’émeute, prit, pour aller à Sainte-Foy, le grapillon qui est au bout du pont de la Mulatière. — Corruption de grimpillon.

GRAPILLONNER, v.a. — Ramasser les grappillons.

GRAPPIN, s. m. — 1. Pique-feu. Dérivation du sens du français grappin.

2. Surnom du diable, mot qu’on évite de prononcer. Toi, quand tu viendras à muri, Grappin aura tôt fait de te mettre l’harpe dessus.

GRAS (LES). — Euphémisme pour les parties charnues qu’il serait messéant de nommer.

GRAS, adj. — Gras comme un cayon ! C’est un compliment courtois de dire à quelqu’un : Ça me fait plaisir de voir que vous êtes gras comme un cayon.

Gras à fendre à l’ongle. Image très bien observée.

Gras comme un cul de becfi.

Gras (parlant par respect) comme une v… de carême. Se dit de quelqu’un de très maigre. Cette métaphore, malgré son pittoresque, ne doit pas s’employer devant les dames.

Gras comme un gril. Même sens. Cependant les grils à côtelettes sont parfois très gras.

Il y a gras. Exclamation en présence de quelque chose qui révèle la richesse. Je n’ai jamais vu passer quelque joli enterrement, avec suisse en rouge, enfants de chœur, longue file de clergé, ophicléide, vieux de la Charité, une torche à la main, sans entendre autour de moi : Y a gras ! c’est-à-dire, c’est un gros riche qu’on enterre. — De même quand les entrepreneurs s’apprêtent à jeter un propriétaire dans des dépenses inutiles, disent-ils entre eux : Ne crains rien, y a gras !

GRASPILLE. — À la graspille. À la gribouillette. Dans les noces comme il faut, à la sortie de l’église, le marié jette aux gones des dragées à le graspille ; on dit encore plus volontiers À tire-cheveux.

GRATON. — Terme du jeu de boules. — Petit gravier qui retient la boule ou la détourne. Ta boule était bien jouée, seulement qu’elle a rencontré un gralon. C’est graton, petit morceau de lard rissolé, pris au figuré.

GRATONS, s. m. pl. — Petits fragments grillés et rissolés, résidus de la graisse de porc après qu’elle a été fondue. Avec des pigeons ficelés pour entrée, des gratons pour rôti, des retailles pour entremets et du lèche-etc. pour dessert, on fait un déjeuner succulent et pas trop cher. — Dérivé de cratem, gril.