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j’ai les doigts gobes. — De gybbus, parce que l’engourdissement donne la sensation de l’enflure.

GOBEAU, s. m. — Gobelet, tasse. Si vous avez ramassé froid, si vous avez des maux de tête, faites-vous faire par la grosse un bon gobeau d’infusion de moldavie, et faites-vous transpirer en mettant vos jarretières et vos bretelles sur votre lit. La recette est infaillible. — De cupellum, de cupa.

GOBILLE, s. f. — Petite bille de marbre ou d’agate, dont les gones se servent pour jouer. — De globicula.

GODAN, s. m. — Piège, amorce, tromperie. M. Ficelle a voulu me faire prendre des actions d’un chemin de fer sur l’eau, mais j’ai pas donné dans le godan. — De l’étymologie on peut dire ce que mon père me répondait quand je lui disais : « P’pa, comment s’appelle ce mecieu ? — Comment, tu ne sais pas que c’est M. Pasconnais ! » — Le Hainaut a godan, appât, mais cela ne nous dit rien sur l’origine.

GODELLE, s. f. — Chez nous, blé grué avec quoi l’on fait de la soupe (je vous assure que la soupe de godelle avec du lait, c’est à s’en lécher les cinq doigts et le pouce), mais en réalité la godelle est une espèce particulière de blé, de la section dite blés Poulard. Mon père m’a plus d’une fois conté que lorsqu’on le ramena de nourrice chez mon grand-père, on était en train de manger une soupe de godelle. On voulut lui en faire manger, mais il se mit à pleurer à chaudes larmes. Heu, heu, fit-il dans ses sanglots, j’aime pôs la sopa de pioux ! Il avait été trompé par la raie noire que le grain de godelle porte sur le dos. — Un spirituel écrivain lyonnais, qui a beaucoup écrit sur l’agriculture, avait pris le nom de La Godelle. — Je suppose de gaude. Godelle : petite gaude.

GODIVIAU, s. m. — S’emploie surtout avec grand. Un grand godiviau, Un grand dadais, Un grand Benoît. — Tiens à gaudere, gaudir, sur lequel a été fait un verbe patois gaudivelô, s’amuser ; d’où gaudivella, grande fille qui s’amuse comme lesenfants, ebun masculin gaudiviau, devenu godiviau, par analogie comique avec godiveau.

GOGAILLER, v. n, — Faire la gogaille.

GOGNANDISE, s. f. — Bourde, plaisanterie, spécialement avec le caractère un peu grivois. Allons, dis donc pas de gognandises devant les demoiselles, que c’est pas joli.

Faire des gognandises, Agir un peu librement. Une chanson canuse sur l’air : Fanchon, d’en n’haut de ta banquette, dit :

Te m’as ben fait de gognandises
Aux Charpennes, dimanche soir !
Si te l’as fait, c’est par bêtise,
Et je passions le polissoir !

Fait sur gognant, comme chalandise sur chaland.

GOGNANT, ANDE, s. — Personne gauche, qui a mauvaise tenue. S’emploic surtout dans l’expression Grand gognant, grand dégingandé qui se dandine, maladroit, paresseux. « La dame Phigénie — Qu’un gognant voliet buclô, » dit Revérony dans sa chanson sur l’aérostat. — Sur l’étymologic, voy. dégôgner. Un coxinantem donne goignant, gognant.

GOGOSSEL. — Signalé par Molard dans la locution : Manger à la gogossel, Manger sans autre assaisonnement que le sel. Gogossel doit être une faute d’impression pour gorgossel, qui figure dans l’édition de l’an XII. — De croque-au-sel, par une déformation qui a obéi à de certaines règles (voy. cancorne). Les irrégularités ont leur régularité. L’expression est aujourd’hui inusitée. On dit une volaille au gros sel.

GOIFON, s. m. — Goujon. On mangeait à Lozanne de bonnes fritures des goifons de l’Azergues. Goifon est signalé par Cotgrave comme « Lionnois ». — De gobionem.

GOLET, s. m. — Trou, défilé étroit. Le golet de la bouteille. — « Mais la bise que soflave, — Per mais de cinq cents golets, » dit un noël du xviiie siècle.

Qui n’entre pas dans les golets ne risque pas d’y trouver de sarpent. C’était un des proverbes favoris de mon maître d’apprentissage. — De gula.

GOLICHINANTE, s. f. — Golet étroit et compliqué qu’il faut enfiler avec adresse. Au jeu de boules : Tâche moyen de bien prendre la golichinante pour arriver sur le petit. Se dit des moyens difficiles pour atteindre un but : Quand on veut faire de bons vers, me disait un ami, le tout, c’est de bien