Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Fromage raffiné. Se dit des fromages du Mont-d’Or, lorsqu’ils sont avancés, bien gras, qu’ils coulent un peu et surtout qu’ils emboconnent fortement.

Fromage de geai. Voy. geai.

Fromage de Marolles. Durant mon enfance entière, chaque soir, toutes les rues de Lyon retentissaient de ce cri proféré sur une mélopée plaintive qui m’attristait : Fromage de Marolles ! D’autres criaient simplement :

\relative c'' {
  \stemUp
  \omit Staff.TimeSignature
  \omit Score.BarLine
  \time 4/4
  b2 a4 b2 a4
  \undo \omit Score.BarLine
  \bar "|."
}
\addlyrics {
  Ma -- rol’ Ma -- rol’ !
}

Mais quoi ! le fromage lui même a son destin. Vous demanderiez aujourd’hui du fromage de Marolles dans tous les restaurants de Lyon, que nul garçon ne saurait ce que c’est. Je n’en ai jamais mangé et ne sais même lequel des nombreux Marolles était le père de ce produit. Mon ami Porthos me dit que c’est un fromage carré, d’environ dix centimètres de côté ; que l’on en mange encore à la Croix-Rousse, mais moins qu’autrefois, et qu’il est moins bon.

Le fromage de Marolles est toujours en honneur dans le Nord, mais on l’appelle Maroilles (Maroiles, sans mouiller les l, conformément à le prononciation flamande). Maroilles est un village de l’arrondissement d’Avesnes, où se fabrique ce produit de forme carrée et de saveur aiguë.

FRONCER. — Nous l’employons au neutre. As-te vu la Bélonie que porte maintenant de collerettes que froncent ! Si y a pas de quoi faire suer la volaille !

FROUILLE, s. f. — Action de frouiller. La frouille revient à son maitre. Proverbe que l’on applique au joueur qui perd en dépit de ses frouilles ou de ses tentatives de frouille.

FROUILLER, v. n. — Tricher au jeu. Dans notre Midi, ceux qui tiennent les cafardières électorales frouillent toujours. Ils y fourrent des bulletins attenant.

FROUILLON, ONNE, s. — Celui ou celle qui frouille. Joue don pas avè le Philibert : c’est un frouillon. — Sur cet emploi du suffixe on, comp. barbouillon, souillon, sansouillon.

FRUIT. — Madame, prendrez-vous un fruit ? Lecteur, tu viens de commettre un solécisme : il faut dire du fruit. Mais tu diras : « Prendrez-vous une pêche ? » — Voilà ce qui s’appelle le fin du fin.

FUFU, s. m. — Étoffe sans consistance, très légère, qui ne vaut rien. C’te robe que t’as achetée là, c’est du fufu. — La racine fu, dans quantité de dialectes, exprime la vileté, le mépris qu’on a d’une chose. Comp. notre interjection phu !'

FUMANT, s. m. — Acide muriatique dilué dans environ six parties d’eau, que les épiciers vendent aux ménagères et qui fume en effet quand on le vide d’un vase dans un autre. On le nomme encore esprit de sel. On s’en sert au moyen d’une patte qu’on a mise au bout d’un bâton et qu’on trempe dans le liquide, parce que, en touchant avec les doigts, on se bûclerait. Avec cela on nettoie, parlant par respect, les cuvettes des commodités, que, c’est une merveille. Va don acheter pour deux sous de fumant pour te décochonner le groin ! Agréable plaisanterie qui, dans le grand monde, se dit à une personne dont le visage n’est pas d’une propreté absolue.

FUMELLE, s. f. — Femme, avec un sens ordinairement péjoratif. J’ai rencontré Cochonaud à la brasserie. Il était avè une fumelle. — De femella.

FUMER. — Fumer sa pipe ou simplement fumer, Être mécontent, rager en dedans. Le brave Baptiste, dont j’ai raconté l’histoire (voy. Baptiste), disait à mon oncle Cadet : Le compagnon, qu’il était parti, quand i m’a vu promener avè ma fenne le dimanche d’après à Saint-t’Ir’née, que nous n’étions pas brouillés pour ça, c’est lui que fumait !! — L’idée est-elle que celui qui est de mauvaise humeur avance les lèvres comme celui qui fume ?

Tant que la barbe en fume, Tant que dure dure, indéfiniment. I deviont monter la tour Pitrat tant que la barbe en fume, mais elle a abousé en route.

La froid va piquer, les étr… fument. Voy. froid.

FUMERONS, s. m. pl. — 1. Tisonnasses, morceaux de charbon de bois qui fument sans brûler.

2. Jambes. J’arrive de Saint-Syphorien par la voiture des frères Talon ; j’ai mes fumerons que me rentrent dans le ventre.