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FORJETER, v. n. — Se dit d’un mur qui a perdu l’aplomb. Ce mur forjette, Se jette en avant. — Vieux lyonn. forgecter, projecter en avant de l’alignement. « Des tentes sur liteaux de bois qui se leveront de nuyt contre les murs sans être forgectées (1524, ap. Charvet). » — De foras et du primitif de jeter.

FORMANSES, s. f. pl. — Formes du raisin (v. ce mot). — De formantia, de formare.

FORME, s. f. — Nom de la grappe du raisin lorsqu’elle n’a pas encore fleuri. Forme, raisin déjà formé.

FORMETTE, s. f., terme de construction. — Partie de maçonnerie mince dans la largeur d’une fenêtre, et s’élevant du sol jusqu’à la coudière. — Évidemment de forme, mais la dérivation du sens ne se voit pas sans lunettes.

FORQUETTE, s. f. — Batelet en usage pour la pêche à l’épervier. Le devant est large et plat, et forme une sorte de lerrasse où se meut librement celui qui lance l’épervier. Vraisemblablement du nom d’un appareil de pêche, tiré lui-même de furca. Une sorte de harpon, en usage sur les bateaux, se nommait furculus.

FORTUNE. — Se faire dire la bonne fortune, Se faire dire la bonne aventure. Voici la bonne fortune qui me fut dite, quand j’avais vingt-deux ans, par l’excellente mère Crozier, d’Amplepuis, qui avait passé les quatre-vingt-cinq : Allons, ménat, faites voir votre main !… Hum, hum, vous avez ben t’ayu de bonnes amies !… Enfin, vous êtes ben gentil tout de même, pas méchant, je vois ça. Maintenant, dites trois fois : Qu’aurai-je tout l’an ?

— Qu’aurai-je tout l’an ? Qu’aurai-je tout l’an ? Qu’aurai-je tout l’an ?

— Le partus du c… puyant ! (historique).

Il y avait là des demoiselles. Je fus fort humilié.

À mon ême, bonne fortune, en ce sens, est excellent français, car la fortune de quelqu’un, aux termes du dictionnaire, c’est ce qui peut lui arriver de bien ou de mal.

FORTUNÉ, ÉE, adj. — Riche, qui a de la fortune. Le français fortuné, heureux, prend le mot de fortune au sens de bonne chance, le lyonnais au sens de richesse.

FOSSÉ. — À table, dans un grand diner, le petit Tintin, qui n’a pas eu de tourte, a l’air tout déconfit. La bonne mère s’en apercevant : Eh, mon pauvre Tintin, l’on t’a pris pour un fossé, l’on l’a sauté ! — Plaisanterie règlementaire.

FOUET. — Avoir le fouet, Recevoir le fouet, Recevoir la fessée. Le Guste, qu’avait manqué à sa m’man, a reçu le fouet. Le fait est que le gone, littéralement, n’a pas reçu le fouet en cadeau, mais il comprend tout de même.

FOUETTÉE, s. f. — « Dites fessée. » Il est vrai que fouettée n’est pas dans les dictionnaires, mais il est correctement fait sur fouetter, très exactement comme fessée sur fesser, et le terme est moins bas.

FOUILLERET. — Vent fouilleret. Se dit d’un de ces vents tourbillonnants qui se glissent sous les cotillons. Avant qu’il y eût des plaques de tôle aux parapets du vieux pont Morand, le vent fouilleret y était redoutable pour les dames ; d’autant plus que nos grand’mères ne portaient jamais de pantalons, ce qui, par parenthèse, était infiniment meilleur pour la santé. — C’est vent foliaret, vent tiède qui fait pousser les feuilles, détourné de son sens sous l’influence de fouiller, foliaret étant moins clair que fouilleret.

FOUINARD, s. m. — Rusé. Ce n’est pas la signification de l’argot.

FOUINASSE, s. f. — Celui qui fouinasse. — Subst. verbal de fouinasser.

FOUINASSER, v. n. — Fureter, espionner, tâcher de saisir les secrets. — De fouine. Le dérivé naturel serait fouiner. On a inséré la syllabe ass pour accentuer le caractère péjoratif.

FOULARDIER, s. m. — Ouvrier qui tisse les foulards.

FOURACHAUX, s. m. — Écervelé, ébravagé, qui fait des folies. Le Barnabé, pas méchant, mais un fourachaux fini. Un four à chaux ne peut manquer d’être échauffé. Sur cette formation comp. brûlôt, qui a aussi le sens de jeune fou.

Les ouvriers des fours à chaux de Vaise et de Saint-Clair jouissaient d’une mauvaise réputation méritée. (P. B.)