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FOIE, s. m. — Avoir le foie blanc se dit de celui qui a enterré plusieurs conjoints. M. Empereur, le fabricant, enterre sa quatrième femme. Sûr qu’il a le foie blanc.

FOIREUX (parlant par respect). — Un temps foireux. Se dit d’un temps humide qui menace la pluie.

FOIS. — Une fois.Quand une fois j’aurai tout mis dans la sache, Quand j’aurai tout mis dans la sache. De même en allemand. Un de mes camarades, Allemand, me disait toujours : « Fiens une fois, » pour « viens ». Il traduisait Komm einmal.

La fois, Ce jour. La fois que vous êtes venu. Au catéchisme : Qu’est-ce que la foi ? — C’est le jeudi ! — ?? — C’est la fois où l’on ne va pas à l’école.

Des fois. 1. Parfois. Vas-tu souvent au café chantant ? — Des fois avec la Josette, des fois tout seul.

2. Peut-être. Pleuvra-t-il ? — Des fois oui, des fois non.

FOLIARET. — Un petit vent foliaret, Un petit vent de printemps qui fait pousser les feuilles. — Du vieux lyonn. folia, feuille.

FONCER, v. a. — 1. Se précipiter, fondre dessus. Il fonça sur les ennemis. Ce mot peu français a cependant pénétré chez certains littérateurs. « De grâce, mon bon ami, foncez droit sur la situation… (Lagenevais, Revue des Deux-Mondes, 3e période, t. 44, p. 225). » Ce français ne me parait pas valoir le lyonnais. Foncer en ce sens a été aussi employé par Vallès dans le Réfractaire, et je le vois, sous la signature de M. Fouquier, dans le Courrier de Lyon du 14 novembre 1879.

2. Financer. Qui don que fonce pour la Ninique (Monique), qu’elle est toujours si bien floupée ? — Ça doit étre M. Bichon ou M. Dindonaud. — Des fois tous les deux. Ce sens est ancien dans le français. « Il lui convenoit foncer et bailler argent à ce maitre président, » dit le bon Eutrapel.

3. Foncer un tonneau, Y mettre un fond. C’est le sens primitif et étymologique du mot. Pour le sens 2, il se tire tout naturellement de fonds, argent. Le sens 1 est assez difficile à expliquer autrement que par une vague analogie de sons avec fondre.

FOND. — Te fie pas trop à M. Griffard, le procureur ! C’est une ficelle. — Te fais pas de bile, je le connais à fond de Chaponost ! Tout à fait à fond. — Mauvais jeu de mots, conservé depuis 1848, et qui vient de ce qu’à cette époque, un nommé Fond, de Chaponost, fut nommé représentant du peuple. Son rôle ne fut pas très brillant. Que voulez-vous ? À cette époque il n’y avait pas de grèves. Impossible de fret son chemin en politique.

FONDATIONS, terme de construction. — Fondements. Les fondations d’un bâtiment. En ce sens, il n’est pas rigoureusement français. Le fondation est l’action de faire les fondements. Mais ce dernier mot est désagréable au prononcer. Cela me rappelle une séance d’une société de charité, où l’excellent Ch…, qui fut architecte, rendait compte de l’état d’une famille pauvre qu’il visitait : Ils sont dénués de tout fondement, dit-il (surprise générale).

FONICUNES. — Des fonicunes de séné. C’est bien fait, père Ganivesse ! Si vous aviez dit, comme votre mère, de feuilles de séné vous ne vous seriez pas exposé à donner des coups de pied au Cheval de Bronze !

FORCÉE. — Faire une chose à la forcée, La faire par force. Il s’est bien marié à la forcée. Le père de la bôye avait pris sa tavelle. Excellente locution.

FORCER, v. n. — À table, revenir à un plat en se forçant. Dans un diner de confirmation, Mgr  de Bonald engageait un digne curé de campagne à prendre d’un plat : Merci, Monseigneur, fit-il respectueusement, j’ai déjà forcé deux fois sur la salade.

Au jeu de gobilles, donner un coup de poignet au lieu de jouer seulement avec les doigts.

FORCES, s. m. pl., terme de canuserie. — Sorte de ciseaux qui servent au remondage.

FORÇURE, s. f. — Effort, tension trop grande d’un muscle. Quand on s’est fait une forçure, il faut tout de suite aller chez le rhabilleur. Le père Tapard, de Bourgneuf, était très ennuyé parce qu’en battant sa femme il s’était fait une forçure.

FORJET, s. m. — Partie du toit qui dépasse l’alignement de la façade. — Subst. verbal de forjeter.