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Faire finir quelqu’un, L’obliger à cesser de faire quelque chose. Meman, faites don fini la Julie, elle me pique avè de z’epingles dans les gras.

FINISSAGE, s. m., terme de canuserie. — Ce qui manque de trame pour finir une pièce. Une supposition qu’il manque 300 grammes de trame. Le canut porte une canette au magasin, d’après quoi l’on teint la quantité nécessaire. Et le canut de courir chez la dévideuse : Je vous apporte mon finissage, dépêchez-vous vite !

FINITION, s. f. — La même chose que définition (voy. ce mot).

FINOCHE, s. m. — La même chose que finassu et fait de même sur fin, mais avec le suffixe oche, non moins péjoratif. Comp. damoche.

FIOLER, v. a. — Boire. Se fioler, S’enivrer. La femme : Dans quel état tu me reviens ! — Que veux-tu, on peut pourtant pas voir de vieux t’amis sans se fioler un petit peu ! — Non de fiole, comme on le croirait au premier abord, mais de fioula, fiola, en patois lyonnais jouer du flageolet, siffler, de sibilare. Comp. siffler un verre de vin.

FION, s. m. — Un coup de fion. — Velà mon ode terminée ; il n’y manque plus qu’un coup de fion, c’est-à-dire quelques retouches pour lui donner de la tournure, du ragoût. Je ne suis pas ce qu’on appelle jolie, mais avec un coup de fion, on fait encore ses frais aux Charpennes, c’est-à-dire avec un peu de toilette.

Faire des fions, Faire des tours d’adresse, de grâce. Quand le velocipeteux a vu la Benoîte, i s’est mis à faire des fions. — Je n’entrevois rien sur la formation de ce mot expressif.

FIXE, s. m. — Revenu assuré par une place. C’est l’ambition de beaucoup de mères de famille d’avoir un gendre qui ait un fixe. La mère Filoselle, la mercière de la Grand’Rue, m’avait chargé de lui trouver un parti pour sa Mélanie. Je lui proposai mon ami Cacanet, l’architecte qui est aujourd’hui en si grand renom. — Un architèque, qu’est-ce que c’est que ça ? Ça a-t-i un fisque ? — Non, mais Cacanet a beaucoup de talent et gagnera beaucoup d’argent. — Tout ça, c’est hypothéqué sur les brouillards du Rhône ; je veux un fillâtre qu’oye un fisque ! — Alors, prenez le fils Lassonde ; il est gapian et a un fixe de douze cents francs. — Et voilà comment la Mélanie est devenue Mme  Lassonde.

FIXER, v. a. — Regarder fixement. Fixer le soleil, Fixer une dame. Peu correct, mais usité. On dit aussi fisquer. Alors, pour parler avec correction, il faut dire regarder fisquement.

FLACHE, s. m., terme de charpente. — On dit qu’une pièce de bois équarrie dans son ensemble a du flache, lorsqu’à certains endroits il manque du bois pour que l’équarissage soit à vive arête. — C’est le vieux franç. flache, employé au moyen âge dans le même sens.

FLAFLA, s. m. — Faire du flafla, Faire ses embarras. La noce à Patafiaut, i sont n’allés à Saint-Denis en voiture. — Tout ça pour faire du flafla ! — Onomatopée.

FLANC, s. m. — S’emploie pour côté. J’ai beau me virer d’un flanc et de l’autre, je vois pas revenir ma femme.

FLANDRIN. — En passant, un souvenir au Clos Flandrin. C’était un vaste tènement cultivé, qui s’étendait depuis le chemin de ronde derrière le rempart de la Croix-Rousse (cela s’appelait la rue Bellevue), au nord, jusque vers la Tour Pitrat au sud ; et, du côté de matin, depuis la rue Jean-Baptiste-Say vers la Grand’Côte, jusque par là vers le clos Champavert (où est maintenant l’École normale) à l’ouest. Au matin, le tènement formait une pointe, dont le côté s’alignait sur ce qui est aujourd’hui la rue Jean-Baptiste-Say. Il était clos là par une simple haie. Du côté du rempart, un mur de pisé à demi détruit. Une vigne était plantée dans la partie avoisinant le Mont-Sauvage (tènement de la Tour Pitrat). Du côté de la rue Jean-Baptiste-Say et de la rue Bellevue, un champ de blé. On avait ainsi la campagne en plein Lyon. La propriétaire, une vieille fille, Mlle  Flandrin, avait pour tout logement une petite cadolle dans le voisinage de la Tour Pitrat, logement partagé avec plusieurs chiens, qu’elle lâchait la nuit pour écarter les maraudeurs. Près de la cadolle une basse-cour et des chèvres, que Mlle  Flandrin menait en champ dans la partie inculte de son clos. Déjà à cette époque, la propriétaire aurait pu tirer parti de sa propriété en la dépe-