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FILANDRES, s. f. pl. — Fils des haricots verts, des pois gourmands, etc. — Il est français, mais, je crois, peu usité ailleurs que chez nous. Les demoiselles à brevet disent filaments.

FILET. — La releveuse qui t’a coupé le filet ne t’a pas rien volé ton argent. Se dit à un grand parleur.

Je m’en vas faire un filet d’eau. Euphémisme plein de délicatesse.

FILIOLES, s. f. pl. — Rejetons d’arbustes, de plantes, qu’on enlève pour les planter. — De filiola, fille en bas âge.

FILIP. — Faire filip, Fouetter l’air avec une houssine. Gare que je te fasse filip ! Prends garde que je ne te fouette ! — Onomatopée du sifflement. Comp. l’angle fillip, chiquenaude.

FILIPOT, s. m., terme de menuiserie. — Fourrure rapportée entre deux lames de parquet disjointes. — C’est le franç. flipot, dont j’ignore l’origine. Nous avons inséré un i pour la facilité du prononcer.

FILLASSE, s. f. — Fille de mauvaise vie. Fille + asse. On sait que le suffixe asse est essentiellement péjoratif.

FILLATRE, s. des 2 g. — Gendre, et très exceptionnellement bru (pour ce dernier on dit communément gendresse). — De fillastrem. qu’on trouve dans les inscriptions de la décadence pour privignus.

FILOCHE, s. f. — Bourse. — Parce que les anciennes bourses étaient en filet.

FILOCHER, v. a. — Fabriquer du filet. Le gapian était après filocher. V. filoche.

FILOCHON, s. m. — Filet en forme de poche, qui sert à prendre les poissons dans les bachus. — Fait sur filoche, probablement parce que le filochon est en forme de poche ou de bourse.

FILOGNE, s. f. — Chanvre à filer, étoupe. Dans toutes les bonnes maisons, la ménagère avait jadis en réserve une provision de filogne pour le cas où une seringue perdrait, et où l’on serait obligé de la chambrer. — De fil, avec un suffixe ogne, probablement par analogie avec cologne, à cause de la parenté des objets.

FILS. — Ne pas dire « le fils Gâtouillon » mais « Gâtouillon fils ». En place, vous avez le droit de dire « le père Gâtouillon ». — Logique des précieux !

FILTRER, v. n. — Terme savant qui s’est introduit de l’anglais par suite du grand développement de l’instruction secondaire. Te sais pas, y a Crapouillaud qu’a voulu filtrer avec mameselle Baluchon. Y a le pipa que te vous a pris le bâton du pojau ! Y a fallu qu’i se renquille vite ! — Métathèse de flirter.

FIN, INE, adj. intensif. — Le fin fond des enfers, Tout à fait au fond. À la procession ils étaient les beaux fins premiers, Tout à fait en tête. Du linge fin blanc de buye, Du linge tout frais de lessive.

Fin, adv. — Très, très bien. Il entend bien fin, Il a l’oreille très fine.

FINABLEMENT, adv. —— Finalement, d’une manière définitive. Ne croyez mie que ce soit une corruption. C’est du vieux franç. « Finablement s’accorderent lesdites parties, » dit un texte de 1361.

FINASSU, s. m. — Homme rusé, qui use de mauvaises finesses. Le père Virolet est un finassu. I sait par cœur tout son code (j’ai rencontré un canut comme cela). — Forme de finasseur.

FINI, adj. (ne s’emploie guère qu’au masc.) — Parfait, achevé. Un grimpeur fini (des Alpinistes), Un danseur fini, Un noceur fini (s’il n’y avait pas tant de noceurs finis, la célèbre « question sociale » serait résolue).

FINIR. — Il y a quelque chose d’enfantin dans le mal que s’infligent les grammairiens pour corriger ce qui est correct. Molard condamne l’expression : Il faut en finir. Et l’Académie, en 1798, donnait déjà l’exemple : Il est temps d’en finir.

Des gens qui ont fini de bien faire. Très usité pour Des pas-rien. Après cela ils n’ont pas eu de peine à finir de bien faire ; je crois bien qu’ils n’ont jamais commencé.

Les ouvriers ne sont pas finis de payer. Locut. usuelle que le sévère Molard aurait mieux fait de signaler que en finir. « Des ouvriers qui ne sont pas finis de payer » pour « qu’on n’a pas fini de payer », est une simple métonymie du 2e genre (l’effet pour la cause), mais elle m’enchante.