Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demande quelle analogie on a pu voir entre un morceau de ficelle et un filou ? Possible quelque vague analogie de consonnance, tout simplement.

F…ICHANT, adj. — Ennuyeux, désagréable. L’ouvrage ne va pas, la bareille se vide, la femme se remplit, c’est f…ichant tout de même (la finale correcte est : on s’em…, et puis on se mange). On cite aussi cet exemple : C’est b…ment f…chant, dit la princesse, que son extrême timidité avait jusque-là empêchée de prendre la parole.

FIDÈLE, adj. — Probe, honnête, en parlant des domestiques. La Marie est très fidèle ; voilà vingt ans que nous l’avons. Au mot fidèle on attache l’idée de quelqu’un à qui l’on donne une sorte de mission de confiance. La fidélité n’est pas exactement la même chose que la probité.

FIEL. — N’avoir pas plus de fiel qu’un pigeon, Être incapable de méchanceté, de rancune. — De la croyance populaire que le pigeon est le seul animal qui n’ait point de fiel.

FIER, ÈRE, adj. — Se dit de quelqu’un de bien mis. Comme t’esses fier aujourd’hui ! Comme tu es bien paré ! — Dérivation de sens du franç. fier, qui semble confirmer pour faraud l’étymologie ferus.

Il n’est pas fier, il boirait avec un paysan pourvu qu’il paie. Raillerie à l’adresse des pique-assiettes.

FI ET FAIT, adj. — Fieffé. Un scélérat fi et fait. C’est la diérèse (d’ailleurs très euphonique) de e qui a amené cette singulière confusion que, pour mon compte, j’ai faite longtemps.

FIÈVRE. — Fièvre de veau, Tremblement que, dans les froids, on prend souvent après le repas, et qui est l’effet de la digestion. P’pa, je grelotte, disais-je parfois à mon père. — C’est la fièvre du veau, qui tremble quand il est soûl, qu’il me répondait.

FIFI, s. m. — Chéri, favori. Le frère lui donne toujours la croix parce que c’est son fifi (et non parce qu’il est).

FIFRE, s. m. — Lamproie. — De la forme ronde et allongée de la lamproie.

FIFRE, le plus souvent FIFRE DE MORNANT. — Surnom des habitants de Mornant, parce que, me racontait mon père, le curé, mécontent de ce que les hommes sortaient toujours lorsqu’il allait prêcher, tira un jour un fifre de sa poche et se mit à en jouer en chaire. Sur quoi les hommes de rentrer en hâte, croyant que le curé était devenu fou. Le curé fit alors fermer les portes, et commença ainsi : Grand Diu ! I modont à voutra parola, et y rintront ou brut d’in fifro !

FIFRER, v. a. — Boire, en parlant du vin. Le Barnabé, pour fifrer et se balader, y a pas son pareil. Comp. flûter, même sens. On dit aussi : Il a fifré tout son bien, Il dissipé tout son bien en plaisirs.

FIGNOLER, v. a. — Se dit d’un ouvrage que l’on polit, que l’on finit avec grand soin, et surtout d’une peinture. L’école de peinture lyonnaise, au commencement du siècle, fignolait beaucoup. — Fait sur fin.

FIGUETTE, s. f. — Flacon. — Probablement une corruption de l’ital. fiaschetta, petite bouteille. La corruption peut avoir eu lieu sous l’influence de figue, à cause de la forme (comp. poire à poudre).

FIGURE, s. f. — Visage. Ne dites pas se laver la figure, mais se laver le visage, prétendent les grammairiens. Du reste, nous ne faisons jamais la faute, nous disons toujours se laver le groin.

Une figure à coucher dehors (le visage est si laid qu’on ne laisse pas entrer celui qui le porte).

Une figure (parlant par respect) à ch… contre (très péjoratif).

Une figure comme la porte de Roanne (l’ancienne prison de Roanne, de l’autre côté de l’eau). Voy. gai.

Une figure de dies iræ. Voy. dies iræ.

Une figure de jugement dernier.

Ces trois métaphores s’emploient à propos de visages qui manquent de gaîté.

Une figure qu’on dirait qu’on s’est assis dessus. Se dit d’un visage plat, à nez épaté.

FIL. — Fil d’arcade, voy. arcade.

Fil de maille, Fil qui tient le maillon suspendu dans le tissage des façonnés.

Les fils de la vigne, du fraisier, pour Mains, vrilles, etc. Expression tout à fait appropriée.

Avoir le fil, Avoir l’esprit fin, aiguisé. Mélaphore tirée du couteau qui a le fil.