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FANAL, s. m. — S’emploie aussi pour fanon. C’est un changement de suffixe, sous cette idée que la nourriture est à l’estôme ce que l’huile est au fanal.

FANTÔME, s. f. — Une grande fantôme de femme. Se dit d’une femme grande et dégingandée.

FAQUE, s. f. — Poche. Ce mot, dont ma mère usait constamment, s’est, je crois, à peu près perdu. — C’est du vieux franç. Rabelais nous apprend que le bon Panurge « en son saye avoit plus de vingt et six petites bougettes ou fasques ».

FAQUIN, s. m. — Bien mis et fier de ses vêtements. T’esses ben tant faquin avè ta vagnotte neuve, que brille comme les vieilles soutanes de M. le curé ? — C’est le français faquin, avec une dérivation de sens, vraisemblablement parce qu’on a vu dans faquin un dérivé de (fat). Le provençal de faquin a fait faquino, lévite.

FARAUD. — J’ai rencontré Desvessons sur les Tapis. Il était faraud comme le chien du bourreau quand son maître va faire ses Pâques.

FARBALAS, s. m. — Falbalas. L devant une des consonnes T, P, B, F devient R.

FARCE. — En voir la farce. — Je m’ai acheté des grollons neufs. Je m’y ai dit : bah, pour deux petits écus j’en verrai la farce !

FARCIR. — Farcir l’âne. Si vous avez à table un ami qui montre peu d’appétit, la politesse exige que vous l’encouragiez à manger en disant : Allons, allons, du courage ! il faut farcir l’âne.

FARETTES. — Faire ses fredaines, se mettre en fête. Le père Pelachon est allé à la vogue du Grand-Trou. I va faire ses farettes ! — Est-ce affarette ? Faire ses farettes, « faire ses petites affaires » ?

FARFOTEMENT, s. m. — Bruit d’une respiration gênée, bruit de râle. Fraisse signale cette phrase, dite à un médecin de Saint-Just, moins de huit jours avant qu’il écrivit son article : « Messieu le médecin, j’ai mal à mon reculement (c’estun bossu qui parle) et je sens de farfotements dans l’estomac. » — De farfoter.

FARFOTER, v. n. — Râler. Bonnes gens, il est à l’agonie ! Il farfote ! — Onomatopée.

S’emploie aussi pour exprimer une chose moins triste que le râle d’un agonisant. Il se dit aussi du bruit que fait un fricot sur le feu. C’est un petit bruit particulièrement agréable. Farfoter se distingue aussi de gargoter en ce sens qu’il n’a pas le caractère péjoratif.

FARINE JAUNE. — Farine de maïs. — De la couleur, indubitablement.

FARINETTE. — Donner à la farinette, Faire farinette. C’est, au jeu de cartes, distribuer les cartes une par une. C’est l’idée d’une chose très menue comme la farine. Il est impossible de donner plus menu que un à un.

FARINIÈRE, s. f. — 1. Pièce où l’on met la farine. Aujourd’hui il n’y a que les boulangers qui aient des farinières, mais autrefois, comme on faisait son pain, chaque maison bourgeoise avait sa farinière, au moins à la campagne qu’on habitait l’été.

2. Coffre à farine. « Une farinière bois sapin avec sa porte toute neuve, » dit un inventaire des meubles de la Manécanterie, de 1633.

FARSIFIER, v. a. — Falsifier.

FATIGUÉ, ÉE, adj. — Indisposé, ée. S’emploie aussi dans le sens de très malade. Comment va monsieur ? — Il est bien fatigué. Le médecin a dit qu’il ne passerait pas la nuit.

FATIGUER, v. a. — Fatiguer la salade, L’oucher longtemps et en appuyant, de manière que les feuilles soient un peu flapies. Les Lyonnais l’aiment mieux ainsi. Beaucoup préfèrent même la salade de la veille, qu’on appelle alors salade cuite (ne pas confondre avec la salade cuite, macédoine). Ma mère la mangeait toujours ainsi, au vieux goût lyonnais, que l’on trouve aujourd’hui singulier. Maintenant, dans les restaurants, on mange la salade si fraîche qu’on y trouve encore souvent les chenilles.

FAUSSE-LISSE, s. f., terme de canuserie. — Elle serait mieux nommée faux-peigne. C’est une lisse en soie de remisse faisant peigne, que l’on place au-devant du peigne