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FABRICANT, s. m. — Le marchand qui fait fabriquer les étoffes de soie. Le canut nomme souvent mon marchand le fabricant pour lequel il travaille.

FABRIQUE, s. f. — Fabrique des étoffes de soie. La fabrique marche, Est en activité. — La fabrique ne va pas. — Acheter en fabrique, Acheter directement chez le marchand.

FACE. — J’ai un architecte en face. L’archi- tecte est en face, sans doute, mais vous n’en êtes pas propriétaire, à moins pourtant que vous ne soyez sa femme.

FAÇON, s. f. — À Saint-Laurent, on mettait la petite Catiche, âgée de cinq ans, coucher avec la servante Françon. Un jour que la mère vint pour la lever, elle trouva Catiche après s’étirer, en disant avec langueur : Je farins bin ina façon, stu demadin ! — Qué que te dios ? — Y est la Françon que dio come iquien, de veys, lo demadin.

Il faut laisser la façon aux tailleurs. — Se dit aux personnes qui font des cérémonies pour accepter quelque chose.

De façon à ce que, de manière à ce que pour « De façon que, De manière que », Si les piquantes tournures archaïques, les vieux mots savoureux sont de bon emploi, rien d’odieux comme les fautes de français. Je dois confesser que maint journaliste use des barbarismes ci-dessus au jour la journée.

FAÇURE, s. f. — Partie de l’étoffe fabriquée qui est entre le battant et la poitrine du canut (ou de la canuse). — De l’ital. facciola, même sens, avec substitution de suffixe.

FAGANAT, s. m. — Odeur plate et particulièrement nauséabonde ; par exemple, le matin, l’odeur des chambres où l’on a couché et qui n’ont pas été airées. Quand Agnus Poupard se maria, il disait qu’il aimait bien sa femme, qu’elle était bien gentille, mais qu’elle sentait le faganat. — Vieux franç. faguenas, même sens, du provenç. faguina, fouine. Fagaat, odeur de fouine.

FAIENCE. — Je tombe en faïence d’inhalation. C’est une forme pittoresque de « Je tombe en défaillance d’inanition ». Faïence, pas n’est besoin de le dire, représente faillance, de faillir.

FAILLIR. — La plupart du monde, les bacheliers, les licenciés eux-mêmes écrivent : Il a failli mourir. Ni Molard, ni Humbert, ni aucun autre n’a relevé ce qu’il ne pensait pas être une incorrection, mais la seule façon de parler classique et française est : « il a failli à mourir. » Quand nous parlons lyonnais, parlons lyonnais, mais quand nous parlons français, parlons français.

FAIM.-— Une faim canife. Canife est la traduction de canine, peu intelligible, tandis qu’une faim canife, on voit tout de suite que c’est une faim aiguisée.

Avoir faim comme le Rhône a soif, N’avoir pas faim du tout, vu que le Rhône a suffisamment de quoi boire.

J’ai une faim, que je la vois courir. Quand on voit courir sa faim devant soi, c’est que véritablement on ne saurait s’abuser sur son existence.

FAIRE. — Il ne fait pas bon faire. Voy. bon.

Faire mimi. Voy. mimi.

Il fait des choses qui ne sont pas de faire, me disait une bonne dame en se plaignant de son mari (elles se plaignent toutes de leurs maris). Voy. connaître.

Il fait bon connaître son monde, Il est utile de connaitre les gens avec qui on a affaire.