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ENLIASSER, v. a. — Enliasser du linge, Le mettre en liasse. Comment un mot si logiquement formé n’est-il pas sur les dictionnaires ?

ENQUELIN, s. m. — Voisin, habitant de la même maison. Par extension, familier, camarade, ami. Qu’on se soûle avè de z’enquelins, disait le compagnon de chez nous, je le comprends, mais tout seul ! un salaud ! — Vieilli. À Lyon, au moyen âge, il avait la signification de locataire. — D’inquilinum.

ENQUILLER, Voy. RENQUILLER.

ENQUIQUINER, v. a. — Embrener. Va te promener, tu m’enquiquines ! Se dit aux fâcheux. Le célèbre lutteur Bouzon, dit Quiquine, n’est pour rien dans le mot. C’est simplement un euphémisme délicat pour remplacer le mot français, trop grossier, commençant par la même syllabe.

ENRAYER, v. a. — C’est le contraire d’enrayer une roue. Commencer un ouvrage, le mettre en train. Un ouvrage enrayé est à moitié fait. — De riga, raie. Littéralement, faire la première raie d’un labour.

ENREINIÈRES, s. f. pl. — Douleurs de reins. En me baissant, je me suis fait une forçure, les nerfs du croupion se sont chevauchés, ça m’a donné les enreinières. — De rein, pas besoin de le dire.

ENRONCHÉ, ÉE, adj. — Enroué, ée. Nous ons chanté Margot t’et Blaise hier, aux Charpennes, toute la sainte soirée. Je suis tout enronché. — De raucum, mais influencé peut-être par rhonchare (voy. ronchonner), car, nous devrions avoir enrouché comme dans la Suisse romande,

ENROUILLER, v. a. — Rouiller. J’ai la noix du genou qu’est enrouillée. — C’est rouiller, avec un préfixe par analogie avec les mots où en exprime le passage d’un état à un autre (embellir, embraser). S’enrouiller, c’est devenir rouillé.

ENSACHER, v. a. — Mettre dans une sache, dans un sac.

ENSAUVER (S’), v. pr. — Constamment usité pour se sauver. Y avait de gones que vouliont me battre, mais je me suis ensauvé. Le mot doit venir d’une confusion avec en pronom relatif. « Il était en péril de mort, mais il s’en sauva. » transformé en s’ensauva.

ENSEIGNE. — Prends-tu mon bras pour une enseigne ? Se dit à quelqu’un à qui l’on tend une chose, et qui ne se presse pas de la prendre.

ENTAMER (S’), v. pr. — Se faire des plaies par suite d’un séjour prolongé au lit. Les puristes proscrivent cette expression, à tort, ce m’est avis, puisque, selon eux, on dit correctement : « Les engelures m’ont entamé le doigt. »

ENTAQUER, v. a. — Voy. taque.

ENTENDOIR, s. m. — Ême, intelligence, capacité. Le suffixe oir, oire, est caractéristique des objets moyens d’action. C’est pour cela qu’un bon entendoir met le pain à la mâchoire.

ENTENDU, s. m. — Plan concerté entre deux ou plusieurs personnes. Quand j’ai t’ayu vu le Pothin et la Vincende partir chacun de son côté, j’ai bien pensé que c’était un entendu pour se retrouver quelque part. Cet emploi du participe comme substantif donne un tour vif au discours. Comp. un .

ENTER, v. a. — Enter des bas, Les raccommoder en y ajoutant des bouts. Cette expression est ingénieuse. On greffe des pieds neufs sur de vieilles jambes.

ENTERREMENT. — Il a eu un joli enterrement : Y avait le suisse en rouge et les vieux de la Charité. Mot à mot, cela voudrait dire que l’enterrement était « gentil, agréable », mais pour nous joli veut dire beau.

« Voir passer un enterrement, dites voir passer un convoi. » Sottise ! Enterrement est ici une métonymie pour Le cortège accompagnant l’enterrement, et peut se dire correctement.

ENTÊTATION, s. f. — S’emploie toujours de préférence à entêtement. Lorsque l’excellent François B., commis chez mon père, se maria, sa jeune femme, en dépit des avertissements maternels, l’envoya promener de si rude façon et avec des arguments si frappants (elle était forte comme