Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6

2. Rogner. Dans le monde : Dodon, le bas de ton jupon est tout effrangé ; affranchis-le donc.

Affranchir les cheveux, couper les bouts.

De franc. Pour que les bords soient francs, il faut manquablement les affranchir.

AFFUSTIAUX. — Forme d’affûtiaux. J’ajoute forme archaïque, remontant au temps où l’s de fust n’était pas tombée.

AFFUTIAUX, s. f. pl. — Affiquets, brimborions. Une demoiselle demandait à un négociant lyonnais de lui faire cadeau de brillants. Est-ce que tu as besoin de ces affutiaux pour paraître belle ? répondit le négociant qui était un philosophe, il vaut mieux que je te fasse cadeau d’un parapluie. — Fait sur le vieux français fust.

AGACIN, s. m. — Cor au pied. — M. Collagne : Père Grolasson, vous savez ben que j’ai de z’agacins que me désôlent. Pourquoi-t-est-ce que vous m’avez fait de souliers si justes ? — M. Grorasson : Voyons voire ? — M. Collagne s’assied et met le pied sur un cabelot. M. Grolasson, après avoir tâté, palpé le soulier dans tous les sens, paraît réfléchir profondément. — M. Grolasson, au bout d’un moment : Je n’y comprends rien, je les ai cependant faits sur la forme de M. le maire de la Croix-Rousse !

Que donc qu’a ta femme ? Elle a l’air tout caffi. — C’est rien. Un agacin sous l’embuni.

Avoir un agacin darnier le dos, être bossu.

Du vieux franç. agace, pie : comp. allem. elsier-auge, œil de pie, et franç. œil-de-perdrix.

ÂGE. — Un homme d’un certain âge. — Marie, personne n’est venu ? — Si Mecieu, un mecieu qui n’a pas dit son nom. — Comment est-il ? — C’est un homme d’un certain âge, un gravé qui a un chapeau monté. Un certain âge va de 45 à 60 ans.

Être d’un certain âge. C’est exactement l’expression allemande : In gewissen jahren sein. Un homme déjà d’un certain âge. On dit aussi : Un homme déjà d’un âge.

AGNOLET, s. m. — Petit œil de verre placé sur le ventre de la navette et par où passe le bout de la canette. Siffler le bout, c’est, au moyen d’une forte aspiration, attirer le bout de la canette au travers de l’agnolet. « Mon zelle à siffler le bout de la canette hors de l’agnolet. » (Déclaration d’amour à une satinaire, 1795.) — Au fig. œil. As-te vu la Toinon, les jolis agnolets qu’elle te vous a ? — Corruption d’annelet.

AGONISER. — Agoniser de sottises. Accabler d’injures. Vainement j’ai cherché dans le Dictionnaire de l’argot cette locution que je croyais répandue partout. — Ex. intéressant de corruption. Agoniser ici n’a aucun sens. Il est pour agonir, qui est lui-même pour ahonir. Le populaire a changé agonir en agoniser qu’il connaissait mieux.

AGOTTIAU, s. m. — Écope. C’est le vieux français agottail, fait sur gutta. Au fig. soulier pour un grand pied. — Battre ses agottiaux, Faire ses agottiaux, nager à la brassée. — De ce que, pour faire des brassées, on réunit les doigts et l’on creuse la paume de façon à donner à la main la forme d’un agottiau.

AGOUREUR, GOUREUR, s. m. — Trompeur. Les hommes ne sont que des agoureurs, me disait mélancoliquement la Françon, de Sainte-Foy, qui avait eu le tort de laisser prendre un pain sur la fournée. — De gourer.

AGOURRINER (S’), v. pr. — Fréquenter trop volontiers ces personnes négligentes qui laissent toujours la porte ouverte. Il est un peu bas. — De gourrine.

AGRAPER. v. a. — Prendre, saisir. « Le comte agrapa la comtesse par la bourre. » (Zola.) — Du bas latin grappa, lui-même du vieux haut allemand krapfo, crochet.

AGRIFFANT, TE, adj. — Appétissant par un goût excitant, un peu acide, affriolant. S’emploie au fig. La Génie commence ben bien à être agriffante. — De griffe. Agriffant, qui saisit.

AGROBÉ, ÉE, adj. — Acuti, agrogné, qui ne sait pas se bouger. Une bonne femme me disait : Mon mari reste agrobé tout le jour sus le poêle, mais la nuit c’est un parpiyon. — De grobe.

AGROBOGNER (S’). — Forme de s’agrogner. Insertion péjorative d’une syllable, comme dans carabosser pour cabosser.

6