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biernes ! — Vieux franç. embrener, souiller, parlant par respect, de colombine de chrétien ; de bran, la colombine elle-même.

EMBOBELINER, v. a. — Tromper en amadouant. En partie, tous nos fourachaux, nos ébravages finissent par se laisser embobeliner par quelque Marie Guenillon, avec qui ils convolent. — Vieux français embobeliner, tromper, fait sur bobelin, nigaud, dont j’ignore l’origine, et que M. Godefroy me parait imprudemment rapprocher de bouvier.

EMBOBINER. — Très souvent employé pour embobeliner. — Cete fumelle l’a si bien embobiné qu’il a reconnu le mami. — C’est embobeliner corrompu sous l’influence de bobine.

EMBOCONNER, v. n. — Répandre une mauvaise odeur. Je ne sais pas ce qu’ont ces z’écommuns qu’i n’emboconnont comme ça ! — C’est les vents de Provence. — De bocon.

EMBOIRE. — Ce papier emboit. Expression défendue. Emboire se dit des peintures. La nuance semble imperceptible. Car enfin si mon papier boit de l’encre, il en boit, c’est sûr !

EMBOISER, v. a. — Tromper en amadouant, tromper en général. Ah mon pauv’ vieux, je me suis emboisé en mariant la Benoîte ! — Que veux-tu, te l’as prise parce qu’elle était agriffante. Faut jamais arregarder ça. Vois la mienne : ceux qui l’ont vue de jour n’iront pas se dépondre le cou pour la voir de nuit ! Hi, hi, hi ! — Vieux fran. boiser, tromper. « Et li signor vont lor moiller (femmes) boisant, » disait-on déjà au xiie siècle. On voit que la chanson n’a pas changé. Boiser venait probablement de bois, espèce de filet. Emboiser, prendre au filet.

EMBOQUER, v. a. — On emboque les dindes quand on leur fourre des noix entières dans le bec, que l’on fait ensuite descendre dans le gigier en appuyant sur le corgnolon. On les emboque aussi avec du gros blé. Au fig. se dit des chrétiens. Nous sons été dimanche chez la mère Brigousse. Nous nous sons emboqués !! — De bucca, bouche.

S’emploie des fois au fig. en parlant des petits mamis auxquels on donne la bichée : T’as si tellement emboqué ton mami qu’il en est coufle.

EMBOSSER, v. a. — Cabosser en général. Se dit particulièrement de faire des contusions en donnant des coups, sens que n’a pas cabosser.

Je croyais qu’à ces mots le grand m’embosserait.
(Songe de Guignol.)

De bosse, comme bien s’accorde.

EMBOSSU, s. m. — Entonnoir. Chez Mille, au retour d’un enterrement : Eh dis don, toi là-bas, Saquavin, t’as pas rien besuin d’un embossu pour te rempli ! — Sois tranquille, si y a un bondon pour entrer, y a ben une anche pour sorti ! Hi hi, hi ! — De bosse, tonneau.

EMBOTTER, v. n. - Se dit lorsque les pieds enfoncent profond dans la boue épaisse. Mélie, tu sors ? Prends tes escarpins de Mornant : ça embotte. — Peut ne pas venir de botte (se faire des bottes de boue), mais venir de bota, mare, qui aurait donné boue. Embotter, enfoncer dans la boue.

EMBRASSER. — Embrasser comme du pain chaud, Baiser comme du pain chaud. À la boutique de mon bourgeois, notre apprentisse était de si bon command que tout le monde la baisait comme du pain chaud.

EMBRINGUE, s. f. — Embarras, obstacle, difficulté de toute nature. Quelle embringue que cette Lalie ! Hier, j’avions de z’amis ; elle a pas pu seulement porter deux pots sans dégobiller. — Subst. verbal d’embringuer.

EMBRINGUER, v. a. — Embarrasser, empêtrer, entraver. S’embringuer d’une femme, S’embringuer d’hypothèques, S’embringuer de la mairie (en se laissant nommer maire). — Renferme peut-être le radical qui à formé brique.

EMBRONCHER, v. a. — Gêner, porter obstacle. Je suis embronché par mes agacins… Ces arbres embronchent la vue.J’aime pas ces grandes capotes que l’on fait maintenant aux dames, me disait M. Lenglumé, ça leur embronche tout le groin. — Vieux franc. embronchier, abaisser, tenir bas. On le trouve à Lyon au xiie siècle : « Etaviant les faces embronchies comme pleynes de grande pidie (pitié). » La dérivation est : baisser le visage, être sombre, être embarrassé par ses préoccupations, être embarrassé en général.