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ajusté un tuyau étroit, et qu’on place sur le trou du potager pour, en activant le tirage, allumer la charbonnaille.

4. Sorte de toupie qui ronfle en tournant.

Les rapports de 1 et 2 avec le diable me paraissent vagues. Pour le 3, on saisit très bien que l’instrument, en attisant le feu, fasse le service du diable, dont c’est la fonction particulière.

Diable boiteux, Jeu des gones.

C’est là le diable : c’est là que les chats se peignent.

Le diable marie ses filles. Se dit lorsqu’il fait des alternatives de soleil et de pluie. Il m’est impossible de saisir la relation d’idées. Il doit y en avoir une cependant.

DIES IRAE. — Ressembler à un Dies irae, Avoir une mine funèbre, dure et triste. Nos bons canuts n’ont jamais ressemblé à un Dies irae.

DIFFÉRER v. n. — 1. Disconvenir. Ne s’emploie que négativement. Je n’en diffère pas, Je n’en disconviens pas. L’idée est : « Je ne diffère pas d’avis. »

2. Refuser (toujours avec la négation). Je ne diffère pas d’y aller ne veut pas dire : « J’y vais sans différer », mais : « Je ne refuse pas d’y aller. » — Vieux franç. differer, qui, employé au neutre, avait la signification de diverger d’opinion : « Lorsque le roi d’Angleterre vey ainsi murmurer et differer son clergié. »

DIGÉRÉ. — Ce qui est digéré n’est pas perdu. Proverbe d’un usage courant sur le Plateau, mais qui nous vient de Vénissieux.

DILIGENTER (SE), v. pr. — Faire diligence.

DIMANCHE. — Dans mon jeune temps le populaire le faisait toujours féminin, comme il l’est encore dans nos patois sous la forme dimingi. Le couplet final de la Crèche se terminait ainsi :

Dans le doux espoir
De venir nous voir
Le jeudi et la dimanche !

L’emploi du féminin n’est point une incorrection. C’est au contraire la vraie forme issue du latin : Dies dominica.

DIMIER, s. m. — Au temps de Molard on était assez près de l’ancien régime pour savoir ce que c’était qu’un dimier, c’est-à-dire celui qui percevait les dimes. On voit combien à Lyon les vieux mots s’étaient conservés, car dismier, qui figure dans Cotgrave, n’est plus au Dictionn. de l’Acad. de 1694. Mais Trévoux (1743) le donne avec le signe « vieilli ». Aujourd’hui dimier, et encore moins dixmeur, qu’exige Molard, ne seraient compris de personne.

DINDE. — Un dinde, au lieu de une dinde. On a conservé le genre de coq d’Inde, seul mot admis au xviie siècle. Dinde est devenu une simple abréviation du mot. Dugas de Saint-Just, qui était Lyonnais, ne manque pas d’écrire « un dinde ». (Paris, Versailles, etc. t. II, p. 223.)

DINDON. — Être le dindon de la farce, Être dupe. Ce dicton doit avoir une origine historique, et se rapporter à une farce ou une pièce comique, où un dindon jouait un rôle.

DINER. — Un diner à ch… partout (parlant par respect). Expression élogieuse, usitée dans la meilleure compagnie, pour un très beau diner.

DINGUER. — Envoyer dinguer. Faire dinguer, Rejeter au loin. Il a voulu faire son malin, mais je l’ai envoyé dinguer dans les z’écommuns. — Onomatopée ding, parce que, en repoussant le de cujus, on l’envoie cogner de la tête contre quelque chose de dur.

DIRAIT. — Comme qui dirait, loc. adv., En apparence, censément, pour ainsi dire. Il est venu un mecieu avè une serviette sous le bras. — Alors, c’est un garçon de café. — Non, comme qui dirait un notaire.

DIRE. — Ce n’est pas pour dire. Sorte de précaution oratoire. C’est pas pour dire, mais M. Couyasson, si la porte du paradis n’est pas plus n’haute que celle de Fourvières, je crois bien qu’i pourra jamais entrer sans se baisser !

Ça ne me dit rien, Elle ne me dit rien, Ça ou elle ne m’inspire aucune envie. C’est exactement le mot de Gœthe : Hübsch ist sie wohl, doch sagt sie mir nicht zu, « Elle est vraiment jolie, mais elle ne me dit pas. » Seulement, zusagen est dérivé à « plaire ».

Il est vrai de dire est condamné par les grammairiens. Il est vrai de dire que c’est un pléonasme.