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mama, arrive tout couâme. » (La Seduction reparée.)

Derrenier, darnier est dérivé de l’ancien français derrain, qui signifiait derrière, de deretranus, fait sur retro.

DÉROCHER (SE), v. pr. — Tomber d’un lieu élevé. — Vieux franç. desrocher, de roche, pris au sens d’escarpement, de sommet. Latin du moyen âge derochare.

DÉSABONNER. — Abonnez-vous à un journal, c’est français, mais vous êtes obligé de le garder, car vous y désabonner n’est plus français. Entre nous, il faut que le Dict. de l’Acad. soit fait avec quelque légèreté pour qu’on n’y ait pas inséré ce mot, qui figure dans Littré, mais que Landais, Barré, Bescherelle ne connaissent pas plus que l’Académie ne le connaît !

DÉSACUTIR, DÉSENCUTIR, v. a. — Faire perdre l’habitude d’être acuti. La Marion a eu tôt fait de désacuti le Georget. Il est maintenant démenet comme de vif-argent.

DÉSAMASSER, v. a. — Dissiper, gaspiller. Il a désamassé tout ce que son père lui avait laissé.

DÉSASSORTIR, IE. — Rappelez-vous que, — de par les grammairiens. — de la marchandise, de la porcelaine, par exemple, peut être désassortie, mais un marchand, jamais. — C’est extraordinaire, dites-vous, j’en ai vu cependant qui n’avaient pas grand’chose en magasin. Ça ne consiste en rien.

DESCENDRE. — Descendre en bas. N’est toléré que dans cette expression : Descendre en bas de soie.

Descendre la garde, Mourir. Cela se comprend : on quitte son « poste ». Se dit quelquefois pour tomber : J’ai descendu la garde jusqu’en bas des escaliers du Change.

DESCENTE. — Descente de gosier. Sorte de maladie très grave. On l’a souvent sur le coup de quinze ans. — Comment va Flapouille ? — Oh, il est bien malade ; il a une descente de gosier : quand il croit mâcher, il avale. Dicton pour exprimer qu’on est d’un si gros appétit que les morceaux s’engouffrent dans la gargagnole avant qu’on ait le temps de les mâcher.

DÉSHABILLER. — Il ne faut pas se déshabiller avant que de se coucher. Manière de dire qu’il ne faut pas céder son bien avant de mourir.

DÉSONDRER, v. a. — Gâter, abimer, défigurer. Ta prétendue est-elle jolie ? — Elle n’est pas mal, seulement qu’elle a un œil crevé et la bouche en Mort-qui-file, ce qui la désondre un petit peu. À ceux qui ont des ronfles de longueur, nous leur disons en commun proverbe, par manière de consolation :

Jamais un grand clocher n’a désondré village,
Ni grand nez désondré visage.

De dishonorare.

DESSAMPILLER, v. a. — Mettre en sampilles, en lambeaux. La m’man : Te vas faire la polisse sur le port avec des pas-rien, puis te me reviens tout dessampillé ! Attatends ! C’est moi que je vas te dessampiller les fesses ! — C’est sampiller avec préfixe intensif de.

DESSINANDIER, s. m.— Dessinateur. Le célèbre Bony était connu sous le nom de Jean-François Bony, dessinandier de Givors, parce que son père, un bon cu-de-piau de Givors, étant venu voir son fils à l’École de dessin, avait demandé tout le long de sa route, à partir de la Mulatière : Connaissivos pôs Jean-François Bony, dessinandier de Givors ?

Un dessinateur est un qui dessine. Un dessinandier est un qui fait sa profession de dessiner. Le suffixe andier, au lieu de ier, est ici par analogie avec battandier, dinandier.

DESSORCELER, v. a. — Désensorceler. — Fait sur le vieux franç. sorceler, tandis que désensorceler est fait sur ensorceler.

DESSUS DE LIT. -— Grande couverte en étoffe, qu’on étend sur le lit quand il est fait, et qui recouvre tout. C’est le cache-guenilles du lit.

DET, s. m. — Gros det. Voy. sous cortiaud.

DÉTACHER, v. a. — Lever les taches d’un vêtement avec de l’eau à détacher. Dans mon enfance, un marchand d’eau et de savon à détacher avait ouvert en rue Mercière un étalage qui avait pour enseigne Au fort détaché. C’était le moment de la discussion des fortifications de Paris, où il était constamment question des forts détachés.