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corée (voy. corée). C’est de mauvaises maladies.

Dépondre une croûte, Manger un morceau. Comp. casser une croûte.

Il ne dépond pas de parler, Il ne décesse pas de parler. — De deponere, comme appondre de ad ponere.

DÉPONTELER, v. a. — Enlever les ponteaux qui retiennent le variement du métier (voy. ponteau).

Se dépondre le gigier, l’estôme. Ceux qui connaissent l’anatomie savent que l’estôme est appondu au brichet. Mais tout le monde ne sait pas que, comme il gasserait manquablement dansle coffre, il est retenu des deux côtés par des ponteaux. Des fois un ponteau se lâche. C’est des fois d’une forçure, plus souvent de misère. Ça arrive surtout aux enfants de quatorze à quinze ans, qui sont ch’tis. Alors ils maigrissent, n’ont plus d’appétit, prennent les lèvres pâles, et souvent finissent par délinguer. Malheureusement les majors n’y connaissent rien. Mais M. Chrétien avait de remèdes et de bons remèdes. Je crois vous rendre service en vous indiquant le remède pour le gigier dépontelé. Vous faites frire à la poêle un bon morceau de lard et vous versez la graisse toute chaude dans une bouteille de bon vin vieux. Tous les matins, vous en faites boire deux grands verres au malade, après avoir bien gassé la bouteille. Il ronfle du nez là-dessus pendant trois heures à poings fermés, et quand il se réveille, la tête lui tourne un peu. Mais ça ne fait rien. — Avec ça, bien entendu, le remède que nous portons tous avec nous (ça, c’est pour toutes les maladies). Puis vous lui frottez tous les jours le brichet avec de la graisse de chrétien (malheureusement on ne peut plus s’en procurer). Après deux mois de ce régime, c’est bien rare si votre gone ne reprend pas de couleurs. C’est signe que le ponteau lâché commence à se recaler.

Au fig. J’ai l’estomac tout dépontelé, J’ai une faim dévorante.

DÉPOTENTER (SE), v. pr. — S’épuiser en efforts, s’abîmer, s’anéantir. Je me suis dépotenté pour monter cette bareille. Ou bien : Je me suis dépotenté pour faire plaisir à la bourgeoise. — De potentem. C’est un mot de formation savante.

DEPUIS. — Depuis lors, blâmé par des écrivains suisses comme une locution incorrectement employée par Rousseau, est considéré avec raison par Littré comme correct au même titre que dès lors.

Depuis vous, depuis lui. Ellipse pour « depuis que je vous ai vu, depuis que je l’ai vu ». Depuis toi, j’ai-t-ayu une poire à deux yeux. Devine ce que c’est ! — Un gone ? — Non — Une bôye ? — Ah, finaud, on te l’avait dit !

DÉRANGER. — Déranger une jeune personne, La faire sortir de ses devoirs. Te sais pas ? Y a le Guiyaume qu’a dérangé la demoiselle aux Pouillon ! — Plaît-i ? Alors c’est saint Joset qu’a dérangé la Putiphar ? Hi, hi, hi !

Se déranger, Commencer à se mal conduire.

En visite. La maîtresse de maison : M. Oscar, voulez-vous vous rafraichir ? — Merci, Madame, ne vous dérangez pas ! — Oh, y a ben longtemps que je suis dérangée !

Être dérangé, parlant par respect, Avoir la vasivite. Cete courle, avè cete tripaille m’ont dérangé. On dit aussi Avoir le ventre dérangé, mais plus élégamment Avoir le ventre en liaque.

DERNE, s. m, — Pie-grièche. Méchant comme un derne.

DERNIER. — En dernier. Ellipse pour « en dernier lieu ». Il habitait en dernier le cul-de-sac Saint-Charles.

DERNIER, DARNIER, DARGNIÉ, s. m. — 1. Derrière, dans tous les sens. Tomber sur son dernier, Demeurer sur le darnier. On lit dans une délibération du Consulat, du 15 septembre 1509 : « … Ou (au) moyen de quoi plusieurs, ayant des dictes galleries sur la Saône, sont découverts par le derrenier de leurs maisons. »

Les bonnes religieuses de Marlhes, célèbres dans tout le diocèse, étaient trop instruites pour dire derrenier. Un jour qu’elles faisaient visiter à S. E. Mgr  le cardinal de Bonald leur couvent, qui était sens dessus dessous, à cause des réparations : Monseigneur, dit humblement la supérieure, voilà le devant du bâtiment ; nous vous montrerions bien le derrière mais il n’est pas propre. Je tiens la gosse de l’excellent abbé Beaujolin, alors grand-vicaire du cardinal. Il avait une manière de la dire inimitable.

2. Adv. « L’amoureux, qu’était caché à grabotton dargnié le chevessié du lit de la