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spruce yonker, effeminate youth (Cotgrave), et se trouvait, au temps de Molard, au Dict. de l’Acad. avec la définition à peu près littérale qu’il en donne.

DANDOUILLARD, s. m. — Flâneur, lambin, cogne-mou. — De dandouiller, avec un suffixe accentuant le caractère péjoratif.

DANDOUILLER (SE), v. pr. — Flâner, perdre son temps. — Du rad. qui a fourni l’angl. to dandle, dodeliner; to daddle, marcher à pas chancelants.

DARE, s. f. — Faire une dare, Faire une scène. La petite apprentisse : La Bargeoise m’a-t-elle pas fait une dare parce que je prenais un agacin au ventre ! J’y ai dit : Vous êtes ben enceinte, vous ! — Moi, qu’elle m’a dit, c’est du Bargeois ! — Moi aussi, que j’y ai fait !

Être tout en dare, Être tout agité, tout ému, hors de soi. La Francine est tout en dare, son pipa veut pas la marier au Jirôme.

Être dans ses dares. Se dit de quelqu’un qui est dans un accès de nervosité. Le miron a don sentu de la valériane, qu’il est si tellement dans ses dares ? Ou bien : Faut pas parler à ma femme aujourd’hui, elle est dans ses dares.

Mener une dare, Faire grand bruit.

Le mot existe dans une foule de dialectes. Comp. le français dare-dare. Vraisemblablement d’origine celtique : kymri dar, bruit, tumulte ; gaélique dararach, grêle (de flèches, etc.) ; irland. daradh, rut ; cornique dar, tristesse, affliction (probablement mal traduit pour agitation d’esprit).

DARBON, s. m. — Taupe.

DAUDON MEDÉE (LA). — Nom d’une pièce canuse inédite, d’auteur inconnu, et qui doit dater de la Restauration. En voici l’intitulé : À Mameselle Daudon Medée (voyez medée), Montée de Tire-Cul, chez Messieu Cochonneau. Elle est signée : Jean-François-Benoni Pelavet, compagnon taffetatier, et comprend 60 vers, faiblement comiques. Voici les deux meilleurs :

La bourre que descend sur votre cotivet
Me semble d’organsin que n’a fait de déchet.

On voit du reste que la pièce est faite par quelqu’un de la partie. Chose assez rare en ce genre, elle ne renferme aucune allusion risquée.

DAUPHIN, s. m. — Morceau de cornet en fonte (vu qu’en zinc ou en ferblanc, il serait trop vite pourri), au bas des cornets de descente. — De ce qu’au xviexviie siècle l’usage était de décorer de têtes de dauphins à gueule ouverte l’extrémité de ces tuyaux. Voyez encore les dauphins de l’hôtel de ville.

DAUPHINÉ. — Pour boire une bouteille de bon vin avec un brave homme en Dauphiné, il faut porter le vin et mener l’homme (à ce que prétendent les Lyonnais).

DAUPHINOIS. — Le Dauphinoïs, fin et courtois, sent venir le vent et connaît la couleur de la bise.

DAVANT QUE. — Il faut toujours aller chez son marchand davant que d’aller chez sa canante. C’est ce que les bourgeois appellent les affaires avant tout.

DE devant un verbe (voy. connaître). — La tournure s’emploie pour beaucoup de verbes. Y a Bougrachaud qu’a quasiment cassé les reins de sa femme. — Ça, d’abord, c’est des choses qui sont pas de faire. — Ça n’est vraiment pas de pardonner. — Paraît que c’est un homme de craindre. — Oui, mais qui t’y a dit ? — C’est M. Couyonnet. — Oh, c’est un homme de croire ! etc. Ces tournures sont vives et heureuses. Comp. l’italien : cosa non da fare, uomo da temere.

De, article partitif, au lieu de du, des. Cadet, veux-tu de mélasse pour « Veux-tu de la mélasse ? » En français, pour qu’on puisse employer de, il faut qu’il soit suivi d’un adjectif : « Voilà de mauvais fromage. » Oui, mais il faut dire : « Voilà du fromage mauvais. » Est-ce assez benoni ?

Car il n’importe guère,
Que mauvais soit devant ou bien qu’il soit derrière.

De ce que pour Pendant que. De ce que je vas chez le plieur, va donc me chercher de trame au magasin.

De absolu. Ont-i fait pache ? — I sont convenus d’un prix de. C’est-à-dire ils ont fixé un prix, que j’ignore.

De explétif. Il ne fait que de m’embêter pour « que m’embêter ». Ellipse : Il ne fait (autre chose) que de m’embêter. » Passez donc de là pour « passez là ». Autre ellipse : « Passez donc de (ce côté-)là. »

DÉBAGAGER, v. n. — Trousser bagage, s’en aller prestement. Je nous sons débagagés de bonne heure pour aller à la messe.