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CRAQUANT, s. m. — Lorsque vous achetez des souliers, ne faillez point à vous y faire mettre par le cordonnier un peu de craquant, dût-il vous en coûter quelque chose de plus. Il n’y a rien qui achatisse les bôyes comme des souliers qui craquent. On voit tout de suite que vous êtes un homme distingué.

CRAQUE, s. f. — Gandin, colle, surtout dans le sens d’exagération, de gasconnade. — Subst. verbal de craquer.

CRAQUER, v. n. — Faire des craques, battre des colles. C’est le fig. de craquer, faire du bruit, d’où faire le vantard.

CRAQUEUR, EUSE, s. — Celui ou celle qui fait des craques. Une vieille chanson lyonnaise dit :

Tu me disais que tu m’aimais,
Menteuse,
Craqueuse,
Tu me disais que tu m’aimais,
C’est un’ carott’ que tu m’ tirais !

CRAQUELIN, s. m. — Sorte de gâteau sec, sans beurre, avec force blancs d’œufs. Il est en forme de couronne, avec de petites cornes de temps en temps, comme une couronne d’épines aimable. Quelques-uns le nomment gâteau à l’eau. C’est, me dit-on, l’échaudé parisien, avec cette différence que l’échaudé a la forme d’une barquette. Nourriture favorite des canaris. — Diminutif de craquelle, sorte de vieille pâtisserie lyonnaise. En 1573, Lyon fut menacé de la famine. Le 1er  mai, le Consulat ordonna qu’on irait prier M. le Gouverneur de « faire défense aux boulangers, pâtissiers et autres de la Ville, de cuyre aulcunes miches, tartres, radisses, saffranées, pastez, bugnes, chaudellets, cachemuseaulx, craquelles, et autres semblables sortes de pâtisseries où il se consomme grande quantité de farine passée, pendant trois mois prochains, sous peine de grosse amende arbitraire. » — Craquelle, de craquer, indubitablement.

Avoir ses bas en craquelins, Les avoir en façon de colonnes torses, faute de les retenir par des ficelles. Une dame qui a toujours ses bas en craquelins n’est pas donnée comme un modèle de femme soigneuse, généralement parlant.

CRAS. — Être à cras, Être à toute extrémité. Le marchand, quand il va déposer son bilan, l’homme quand il va mourir, sont à cras. En 1870, la France était à cras. O Navis, referent in mare te novi fluctus ! — Subst. verbal d’écraser.

CRASE, s. f. — Ravin, creux de terrain. Passe don pas dans la crase, y a de gabouille. — De corrosa. La forme crase a été facilitée par l’influence de rase, creux, fossé.

CRASSE, s. f. — Faire une crasse, Manquer de magnificence dans quelque circonstance. Un bonhomme, chaque samedi, donnait une pièce blanche à un pauvre. Vint un jour que le bonhomme, faute de pièce blanche, donna du billon. Le pauvre fit son compte : il y manquait un sou. Ce cochon-là m’a fait une crasse ! faisait le pauvre avec indignation. — Subst. verbal de l’inusité crasser, faire acte de crasseux au sens d’avare, les avares étant généralement malpropres.

Crasse de beurre. Voy. beurre.

CRASSE, s. m. — Chapeau. Hortensia, faut que j’aille chez le préfet : porte-moi mon panneau, ma cravate blanche et mon crasse ! — Se dit surtout d’un chapeau monté, quelquefois d’un chapeau melon, mais jamais d’un chapeau de paille. On dirait alors : « Donne-moi mon chapeau d’ânier ! »

CRÈCHE, s. f. — Nom donné à Lyon à des représentations du mystère de le Nativité au moyen de marionnettes suspendues par des fils. Ces représentations étaient destinées aux enfants.

CRÊME. — Bonnet de crême. Voy. Bonnet.

CRÊMER, v. n. — Se dit de l’eau quand il ne gêle pas assez pour que les aiguilles de glace se soudent. Ô Madame, s’écriait un amoureux de ma connaissance, vous êtes de glace pour moi ! — Non, je crême seulement, répondit la dame. Il me semble que cela laissait quelque espoir. — On dit aussi quelquefois crêper, parce que la surface de l’eau est alors rugueuse comme un crêpe.

CRÉNEAU, s. m. — Sorte de grande cage sans fond, composée de quatre cerceaux (habituellement faits avec des cercles de tonneaux), reliés entre eux par un filet à très larges mailles. Cela fait une manière de cloche sous laquelle on met les poulets