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COUVERCLE
COUVERTINE
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comparé à la virginité en présence de ma grand-mère, Mme Durafor, que celle-ci, piquée, lui dit : « Mousieur l’abbé, j’ai vu dans l’Évangile que Notre-Seigneur avait assisté à des noces ; je n’y ai pas vu qu’il eût assisté à une prise d’habit. »

Le Couvent de saint Benoît, on se couche deux, on se lève trois. Même sens. Un de mes oncles de Mornant avait une petite fille qui disait toujours qu’elle voulait se faire religieuse. — Oui, ma fille, répondait le bonhomme, je te mettrai au couvent de saint Benoît. — C’est ça, papa, ce doit être un joli couvent ! — Elle n’a pas manqué d’y entrer, et elle a si bien observé la règle, qu’elle a eu dix enfants.

COUVERCLE. — Il n’est si vilain pot qui ne trouve son couvercle, Il n’est si laide fille qui ne trouve à se marier.

Cf. Regnier :

Il n’est si décrépite
Qui ne trouve en payant couvercle à sa marmite.

COUVERT, s. m. — 1. Garniture de table à manger. — Mettre le couvert ; ce qui couvre la table.

2. Un cuiller et une fourchette. C’est un dérivé du sens 1.

Les vieux Lyonnais appelaient la réunion de la cuiller et de la fourchette un service et non un couvert. On dit, du reste, un service à découper et non un couvert.

3. Toit, toiture. On le trouve déjà dans ce sens dans un acte de 1518.

Adj. — Un homme bien couvert, Un homme bien floupé.

COUVERTE, s. f. — 1. Couverture. Molard n’a point failli à écrire : « Couverte, dites couverture. » Pourtant Regnier avait dit :

Un garde-robe gras servait de pavillon ;
De couverte un rideau…

Contradiction du langage ! couverte n’est point ici la chose couverte, mais la chose couvrante. Il en va du reste exactement de même avec découverte. Si les grammairiens avaient quelque logique, de même qu’ils disent la couverture du lit, ils devraient dire la découverture de l’Amérique.

2. Terme de construction, Pierre taillée ou pièce de bois placée sur une baie pour la couvrir horizontalement.

COUVERTINE, s. f., terme de construction. — Dalle plate ou bombée, servant à couronner un mur.

COUVET, s. m. — Pot de terre dans lequel on met de la braise pour servir de chauffe-pieds. Ce n’est point, comme l’a cru Littré, un dérivé de couver. C’est un dérivé de chauffer, de calefare, comme l’indique la forme provençale caufet.

Faire couvet. C’est quand une femme s’asseoit devant le feu en écartant les jambes et en troussant sa cotte, pour que le feu la réchauffe bien sous ses vêtements. On appelle aussi cela Faire la petite chapelle, expression qui me semble singu-lière, car j’ignore quel saint on y peut honorer.

COUVRE-AMOUR, s. m. — Chapeau. La comtesse : Vous cherchez votre couvre-amour, marquis, il est resté dans l’antichambre. Baptiste, allez chercher le couvre-amour de M. le marquis.Baptiste : Madame la comtesse, il n’y a que le bugne de M. le comte.La comtesse : Ah, pardon, marquis ! j’étais assise dessus ; le voilà. Ça l’a un petit peu cabossé.

COUVRE-ARÇONS, s. m. — Morceau de lustrine, verte communément, que l’on met par-dessus les arçons. Les ballouffières, les couvre-arçons, les béguis, les corsets, les flênes, etc., font toujours partie du trousseau que l’on remet à la nourrice.

COUVRE-PLAT, s. m. — 1. Vaste cône tronqué de ferblanc, très aplati, que l’on place sur les plats et les casseroles. Ce n’est pas du tout, comme le croit Molard, la même chose qu’un couvercle. Le couvre-plat servait particulièrement à couvrir le rôti, lorsqu’on le rapportait de chez le boulanger chez qui on faisait cuire les rôtis et aussi les pièces de pâtisserie façonnées par la bourgeoise rapport à l’insuffisance des potagers de ménage.

Des oreilles comme des couvre-plat. Comparaison élégante et très employée pour dire de grandes oreilles.

2. Chapeau plat à grands rebords. Se dit parce qu’il a quelque analogie de forme avec un couvre-plat, mais aussi parce que, quel que soit le personnage qu’il couvre, il y a beaucoup de chances pour qu’il couvre un plat.