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Coup de pied au Cheval de Bronze, Cuir, Donner des coups de pied au Cheval de Bronze, Faire des cuirs. Origine obscure. Je ne vois d’autre analogie possible, sinon que, lorsqu’on donne au réel des coups de pied au Cheval de Bronze, on se fait mal au pied, et lorsqu’on en donne au français, on fait tort à ses connaissances.

Donner (ou recevoir) un coup de pied dans le bas de la Grand’Côte. Voy. bas.

Valoir le coup, Valoir la peine. Se dit d’une chose qui, sans être bien extraordinaire, n’est pas sans quelque valeur. Avez-vous lu les poésies de Cuchonnet ? Est-ce bon ? — Heu, heu, ce n’est pas du Victor Hugo, Mais enfin ça vaut le coup. (N. B. Éviter de le dire en parlant des äames.)

Coup d’hasard. Pittoresque expression, pour Enfant né hors mariage.

Coup, terme de canuserie, Passage d’un fil de trame. Cette armure se fait en sept coups, littéralement en sept coups de battant.

Le premier coup, le second coup, le dernier coup, ou, plus simplement, le premier, le second, etc., Sonnerie successive des cloches pour inviter les fidèles à la messe du dimanche. Je connaissais un architecte qui était un dimanche matin en Beaujolais dans le château d’un client. On lui avait donné la chambre contiguë à celle de Monsieur et Madame. Je ne sais ce qu’ils tarabâtaient, mais j’entendis la voix de Madame : Allons, Monsieur, dépêchez-vous, voilà le dernier qui sonne !

COUPE. — Avoir bonne coupe, mauvaise coupe, Avoir bonne façon, mauvaise façon. — Extension du mot coupe au sens des tailleurs.

Une coupe foireuse. Se dit, au jeu de cartes, d’une coupe qui n’est pas nette et laisse mêler les cartes.

La politesse exige que lorsque quelqu’un coupe de cette façon vous lui disiez ce proverbe spirituel : Qui coupe foireux retourne merdeux.

COUPER. — Couper son eau. M. Fumeron debout contre un mur, le dos tourné à la rue. De la main gauche, il avance soigneusement le pan de sa redingote. Passe Mme  Mignotet. M. Fumeron : Bien le bonjoû, mame Mignotet ! Cusez si je coupe pas mon eau, mais on dit comme ça que ça fait beaucoup du mal.Mme  Mignotet : Faites pas attention, mecieu Fumeron. C’est assez connu par tous nos anciens qui faut jamais couper son eau. Bien le bonjoû à Mame Fumeron (elle continue son chemin). — M. Fumeron, se repentant d’avoir oublié la politesse : Mame Mignotet ! (elle se retourne). Cusez si je vous quitte pas mon chapeau ; j’ai les deux mains occupées.Mme  Mignotet : Vous faites pas de mauvais sang, mecieu Fumeron. C’est pas votre faute. C’est pas comme nous que ça se fait tout seul. Hi, hi, hi !

COUPERON, s. m. — Couperet dont la cuisinière se sert pour couper les viandes sur la planche à hacher.

COUPILLER, v. a. — Fréquentatif et diminutif de couper. J’ai remarqué qu’au palais, les avocats et les procureurs avaient tout coupillé la barre devant laquelle ils plaident.

Il n’a pas été coupé en bonne lune. Se dit d’un pauvre diable qui n’a pas de chance. — On sait que le bois coupé en mauvaise lune s’artisonne tout de suite. Mais ici, pour l’exactitude, il faudrait semé au lieu de coupé.

COUPON, s..m. — Saladier. Oncques à la maison ne dit-on autrement, toutes et quantes fois qu’il s’agissait de faire la salade : Coco, fais-moi passer le coupon (Coco, c’était moi) ; Lustucru, va à la cuisine chercher le coupon (Lustucru, c’était moi) ; Allons bon ! voilà le coupon qu’est berchu ! Un jour une dame me racontait combien sa fille était bonne nourrice : Monsieur, elle te vous a des nénets que chacun ferait un plein coupon ! — Comme bien s’accorde, de coupe.

COURATER, v. n. — Sortir constamment. Courir sans cesse de côté et d’autre. Eh ben, Mame Gringrignôte, où don qu’est le Jirôme ? — Vous savez ben qu’i ne fait que courater toute la sainte journée. On peut pas en jouir ! Se prend quelquefois dans le sens de courir le sexe. Et le Tonius ? — Oh ! c’est pas méchant, mais ça courate un peu. — C’est la force du bois. Vieux franç. courrater, faire le métier de courtier, dont nous avons dévié le sens, en y voyant à tort un fréquentatif de courir.

COURATERIE, s. f. — Action de courater.

COURATIER, ÈRE, s. — Quelqu’un qui courate, dans l’un ou l’autre sens. C’te Jeanne,