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bargeoise : Mame Chipotot, figurez-vous que ce pauvre Jean Miel est resté tout couet !La bargeoise : C’est extraordinaire, j’aurais jamais cru !… — De quietum.

COUETTE, COITE, s. f. — 1. Couverture piquée. — Français couette, aujourd’hui presque inconnu, qui signifiait matelas de plume. De matelas le sens a passé à couverture.

2. Petite queue. — De cauda.

COUFLE, COUFLETTE, adj. — Gonflé, plein, rempli. Un bon mari, après dîner : T’esses fatiguée des fiageôles ? — Non, mais je suis coufle. — Adj. verbal de conflare.

COUGNASSE, s. f. — Superlatif de cougne. Tout ce qu’il y a de mieux en fait de cougne.

COUGNASSER, v. n. — Superlatif de cougner.

COUGNE, CÔGNE, s. m. — Mendiant, spécialement mendiant plaignard. — Subst. verbal de cougner.

COUGNER, v. n. — Mendier de façon plaintive, en gémissant. — Probablem. couiner avec mouillement de la nasale : couigner, cougner.

COUINER, v. n. — Pousser le cri étouffé d’une personne qu’on étrangle. Figure-toi qu’hier, en mangeant un œuf, j’y ai trouvé le petit poulet dedans. — Et te l’as laissé ? — Il a ben couiné, mais a ben fallu qu’i passe ! — Les formes de divers dialectes montrent que couiner est une onomatopée du cri des petits porcs.

COULANT. — Coulant de serviette. À Paris, ils l’appellent rond de serviette, ce qui n’est pas plus français et n’est pas intelligible. — De couler. Compt. colan.

COULER. — Couler la lessive, Faire passer le lissieu au travers du charri.

Se la couler douce et heureuse. Sous-entendu vie.

COULEUR. — Couleur de ménage. Se dit d’une belle couleur jaune canari. Une robe couleur de ménage… Il a la figure couleur de ménage, Il a la jaunisse.

COULEUSE, s. f. — Femme qui coule la lessive.

COULOIR, s. m. — Vaisseau en tôle sur plan rond, et formant par conséquent un cylindre. La partie supérieure est tronquée en sifflet, ce qui lui fait un bec. Il est muni d’une ansière mobile en haut, et d’une poignée fixe sur le côté. On y met du menu, qu’on jette sur le foyer en tenant le couloir par l’anse et la manette. Ustensile très apprécié de nos ménagères.

COUP, s. m. — Fois. Le premier coup qu’i pleuvra, nous aurons les fraicheurs. L’acception est ancienne. « Ayant prouvé, par bons et valides arguments, que c’estoit à ce coup que tout iroit bien, » dit la Satire Ménippée. — De colaphus, coup de poing. Un coup de poing devenir une fois, la dérivation de sens est tout de même extraordinaire.

Un mauvais coup, Un coup qui tue ou estropie. La bonne Mme  X… détournait son mari de la candidature à la députation. Elle avait peur qu’à la Chambre, dans les discussions, « il n’attrapât quelque mauvais coup ».

Être là pour un coup, Être là pour une aide, un coup de main.

Donner coup. Se dit d’un mur qui cède. — Figurém. Il a donné coup, Sa santé est atteinte dans les forces vives. L’expression est singulière, car un étranger traduirait avec son dictionnaire : « cette maison a donné coup », par : « cette maison a frappé. »

Tenir coup, Résister. C’est le contraire de donner coup.

Donner un coup de pied chez quelqu’un, Y faire un saut, rien qu’aller et revenir.

Être aux cent coups, Ne savoir plus où on en est. Être atterré. Le Denis, quand il a perdu sa fène, ça lui a pas ôté son diner, mais quand il a perdu son cabot, il était aux cent coups.

Faire les cent dix-neuf coups, Faire toute espèce de folies, de bêtises, etc. I se sont fiôlés à la vogue de Messimy. I n’ont fait les cent dix-neuf coups ! Pourquoi juste cent dix-neuf ? Je n’en sais rien. Mais si vous disiez qu’ils ont fait les cent vingt coups, personne ne vous comprendrait.

Un coup de sang, Une remontée de sang.

Un coup de froid, Saisissement du froid qui cause une maladie, une indisposition. Coup d’air est français, mais coup de froid ne l’est pas. Ô grammaire ?

Battre un coup sur la caisse et un coup sur le tambour, Ménager la chèvre et le chou.