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CIMETIÈRE. — Un cimetière de soupes, Un gros mangeur.

CINI, s. m. — Espèce de passereau. — De cina, parce qu’il se nourrit de cinelles. Cini est une forme patoise où i répond au français ier.

CIRE. — Cire des yeux, Chassie. Cire des Oreilles, Cérumen. Pour le premier, on dit plus volontiers bagagne ou piquerne, et pour le second beurre d’oreilles. Mais les personnes qui tiennent à parler français disent cire. — T’as de la chance. T’as pas rien besoin d’acheter un cierge pour la première communion de ton gone. — Pourquoi ? — Pace que t’as ben de la cire pour n’en faire un chenu ! Compliment aimable que l’on fait à ceux qui ont les yeux bagagneux.

CIRER, v. a. — Porter malheur au jeu par voisinage. Je croyais que c’était un terme d’argot, mais je ne le trouve dans aucun dictionnaire de ce genre.

CIREUX, EUSE, adj. — Avoir les yeux cireux, Avoir les yeux bagagneux.

CIVOUX. s. m. pl. — Petits oignons. — Vieux franç. civot.

CLAIN, s. m. — Un clain de paille ou simplement un clain. Une botte de paille. — Du patois cliai, paille longue, avec le suffixe ain, d’anus. Cliai vient lui-même du celtique : kymri, cloig, paquet de paille pour couvrir en chaume.

CLAMPIN, s. m. — Jeune homme sans consistance, moutard. Vas-tu pas poser cete cigale ? Cete espèce de clampin, ça veut fumer ! Acception différente de celle du mot populaire donné par Littré.

CLAPOTER, v. n. — Faire du bruit avec les clapotons en gaffant dans l’eau. Ô me n’amante, disait un Lyonnais poétique qui venait tous les soirs du chemin de Baraban au cours Charlemagne, m’a-t-i fallu clapoter dans les gaillots pour arriver jusqu’à vous !

CLAPOTONS, s. m. pl. — Pieds de mouton. Une salade de clapotons avè de transons de fège, Salade de pieds de mouton avec des tranches de foie. Au fig. Pied de chrétien. Dimanche j’irai me laver les clapotons en Saône.Avoir de z’agacins aux clapotons. — Le mot de cliapota se disant en patois exclusivement des pieds fourchus, il peut venir du germanique klaue, pied fourchu, kloben, fendre.

CLAQUE, s. f. — Dans Champavert (voy. ce mot) on lit :

Le beau Champavert, mine blême et creuse,
La claque au mollet, le chelu z’au doigt.

Ne connaissant pas le mot, j’ai pris le parti d’écrire à Champavert lui-même (ce n’est pas le héros de la pièce. Est-ce son petit-fils ? Je n’en sais rien). Voici sa réponse : « Du temps de la maîtrise, les maîtres-gardes canuts, en grande tenue, portaient l’habit, des culottes courtes, des baraquettes, avec des boucles en argent, parfois même en or, l’épée ; et sur le mollet était ajustée une ronde-bosse en cuir qui l’emboitait et qu’on nommait la claque. »

CLAQUEPOSSE, s. m. — On pourrait inférer, de la composition du mot, que c’est un homme qui regarde de trop près les charmes des nourrices. C’est simplement un musard, qui cotillonne beaucoup plus par oisiveté que par vocation ; un paresseux, un propre à rien, vu que ce n’est pas faire grand’chose que ce qu’exprime le mot.

CLAQUERET, s. m. — Fromage blanc. — Probablement formé sur l’onomatopée clac, parce que le claqueret se bat fortement.

CLARINETTE. — C’est clarinette, Le premier des sept calembours de l’ami Ch…, mon camarade chez Bossan. Sept, comme il y a les sept sacrements, les sept sages de la Grèce, les sept merveilles du monde. Ils méritent de passer à la postérité. Les voici dans leur ordre :

  1. C’est clarinette (c’est clair et net).
  2. Vous avez rognon (vous avez raison).
  3. C’est dix francs (c’est différent).
  4. Moi saucisse (moi aussi).
  5. Un bon museau de chien (un bon musicien).
  6. Un bon Gascon (un bon garçon).
  7. À la bonne huile (à la bonne heure).

Ces sept calembours suffisent à toute une vie.

CLASSE, s. f. — Jeu des gones. À Paris, on l’appelle la marelle.